II. LE PROGRAMME SPATIAL INDIEN ET LES PERSPECTIVES DE LA COOPÉRATION SPATIALE FRANCO-INDIENNE

Puissance spatiale à part entière, l'Inde a développé ses propres lanceurs et exploite principalement des satellites de télécommunications et d'observation.

Réaffirmée comme un élément majeur du partenariat stratégique franco-indien, la coopération spatiale bilatérale, engagée sur une base équilibrée, porte sur des domaines d'intérêt commun aux deux pays, en particulier l'étude du climat et de l'environnement.

A. LE PROGRAMME SPATIAL INDIEN

Le programme spatial indien a été développé sous l'égide de l'agence spatiale indienne, l'ISRO, créée en 1969, elle-même placée sous la tutelle du Département de l'Espace, institué en 1972 et placé sous l'autorité directe du Premier ministre.

Les premiers jalons de l'autonomie indienne en matière spatiale sont franchis en 1975, avec la réalisation d'un premier satellite voué à l'expérimentation scientifique, qui sera mis en orbite par un lanceur soviétique, puis en 1980 avec le premier tir réussi du lanceur national SLV3 ( Satellite Launch Vehicle ). A la même période, l'Inde réalise ses premiers satellites d'observation et de télécommunications.

L'Inde est considérée aujourd'hui comme une puissance spatiale à part entière. Elle maîtrise l'ensemble des capacités permettant de concevoir, de réaliser et d'exploiter des lanceurs et des engins spatiaux. Elle appartient ainsi à un petit cercle de pays qui compte les Etats-Unis, la Russie, la Chine, le Japon et les pays membres de l'Agence spatiale européenne.

L'Inde a développé deux types de lanceurs : les uns pour le placement de satellites en orbite polaire, les autres pour le placement en orbite géostationnaire. Elle rencontre plus de réussite sur les premiers que sur les seconds. Lors d'un tir effectué le jour de Noël 2010, l'un de ses lanceurs géostationnaires GSLV ( Geosynchronous Satellite Launch Vehicle ) a explosé en vol. Sur sept tirs effectués depuis 2001 sur ce type de lanceurs, on enregistre trois échecs.

En matière de satellites , l'Inde a privilégié deux domaines.

Les télécommunications sont une priorité. L'Inde dispose de 11 satellites en orbite géostationnaire, pour partie placés par des lanceurs étrangers, plusieurs satellites ayant été perdus lors des échecs évoqués ci-dessus. Grâce à ce réseau satellitaire, l'Inde pallie l'absence d'infrastructures de communication terrestres et dispose d'une certaine avance dans le développement de la télémédecine ou du télé-enseignement.

Le second domaine est celui de l' observation de la Terre , avec 9 satellites en orbite polaire pour des missions de collecte de données intéressant l'hydrologie, la géologie ou la planification des infrastructures. Le lanceur en orbite polaire indien, dit PSLV ( Polar Satellite Launch Vehicle ), possède une bonne fiabilité et opère également pour le lancement de satellites étrangers.

Par ailleurs, l'Inde s'est lancée dans l' exploration lunaire , avec le lancement en octobre 2008 de la sonde spatiale Chandrayaan-1. L'ISRO estime être en mesure de lancer Chandrayaan-2 à l'horizon mi 2013. Ce projet, conduit en coopération avec la Russie, se compose d'un orbiteur, d'un atterrisseur (fourni par la Russie) et d'un robot qui se posera sur le sol lunaire et en réalisera la cartographie chimique, minéralogique et photo-géologique. Chandrayaan-2 recherchera aussi la présence d'eau dans le sol et le sous-sol de la lune.

Le budget spatial indien est passé de 780 millions d'euros pour l'exercice 2010-2011 à plus de 1 milliard d'euros (soit une progression de 36 %) pour l'exercice 2011-2012. Ce budget doit notamment financer le développement du lanceur lourd GSLV-Mk-III, dont le premier vol est prévu en 2013, la sonde lunaire Chandrayaan-2 et plusieurs programmes de satellites de télécommunications et d'observation. L'Inde ambitionne également de réaliser un vol habité à l'horizon 2016.

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