3. Les pistes pour remédier à la volatilité

Du fait de ces prévisions, des solutions afin de lutter contre, ou à tout le moins d'atténuer, cette volatilité doivent impérativement être dégagées pour relever le défi de nourrir la planète entière au 21 ème siècle et d'adapter le modèle agricole à une économie mondialisée et aux aléas climatiques.

Soucieuse de l'enjeu de sécurité alimentaire auquel doit répondre l'agriculture au niveau mondial, la FAO a ainsi lancé en décembre 2007 une initiative contre la flambée des prix alimentaires.

Source : Rapport FAO - La situation des marchés des produits agricoles 2009.

Plusieurs pistes sont généralement avancées pour lutter contre la volatilité excessive des prix agricoles.

a) Sur les marchés financiers

Il apparaît aujourd'hui nécessaire de mettre en place une régulation financière des marchés dérivés de produits agricoles.

Un encadrement des marchés dérivés est ainsi fréquemment envisagé . Le manque de transparence et le manque d'informations sur les marchés dérivés de produits agricoles font en effet courir des risques aux investisseurs qui ne savent pas ce qu'il y a en réalité derrière ces contrats complexes. Les principes de régulation des marchés dérivés en général sont connus ou en cours d'élaboration. Une fois arrêtés, ils pourraient être déclinés pour les marchés financiers de produits agricoles et complétés pour tenir compte des spécificités de ces marchés.

Sur ce point, les propositions avancées par le Centre d'analyse stratégique paraissent intéressantes :

- en premier lieu, les opérateurs sur les marchés gré à gré pourraient utilement être obligés à s'enregistrer auprès des autorités de marché, qui respecteront la confidentialité des données ;

- en second lieu, il conviendrait d'obliger l'ensemble des acteurs à déclarer leurs activités sur ces marchés dans leur bilan , en modifiant les règles de constitution des bilans d'entreprises ;

- enfin, les marchés de gré à gré suffisamment standardisés pourraient transiter par une chambre de compensation afin de limiter le risque de contrepartie et pour les autres, les vendeurs pourraient s'engager à décrire plus précisément ce que contiennent ces contrats.

b) Sur les marchés physiques

L'hyper-volatilité des prix n'est pas seulement la conséquence d'une spéculation financière excessive, elle dépend aussi pour partie des tendances et anticipations sur les marchés physiques.

Des débats existent ainsi sur la question de l'utilisation des stocks pour atténuer l'instabilité des marchés.

Les stocks peuvent en effet jouer le rôle de stabilisateurs des prix au niveau national : une augmentation des stocks rend la demande plus élastique et atténue l'augmentation du prix.

A l'inverse quand les stocks sont bas, comme aujourd'hui, la demande étant principalement liée à des besoins incompressibles en denrées de base et donc inélastique, les chocs d'offre ou de demande ont une incidence significative sur les prix.

Aujourd'hui, la politique de stockage est apparue comme trop coûteuse en raison de la nécessaire prise en compte de la détérioration de la marchandise détenue ou encore des charges d'intérêts.

Selon le Centre d'analyse stratégique, « les expériences passées nous enseignent que le stockage pour stabiliser les prix n'est efficace que s'il est utilisé dans un marché « protégé ». Dans le cas contraire, ce stock sert à stabiliser le prix mondial, et devient donc, par là même, très coûteux ».

Les excès des politiques de régulation par stockage mises en oeuvre par la PAC à la fin des années 1980 expliquent les réticences de certains à réfléchir à nouveau à cette piste.

Néanmoins, un stockage appliqué aux pays de consommation - afin de faire baisser les prix des produits alimentaires - et non aux pays de production - pour garantir les revenus des producteurs, comme c'était jadis le cas de la PAC - pourrait permettre d'avoir un effet « amortisseur » en cas de crise alimentaire.

Le Conseil économique, social et environnemental, dans son avis sur « La future PAC après 2013 » 11 ( * ) va un peu plus loin, et recommande à la fois une meilleure évaluation des stocks et une reconstitution d'urgence des stocks stratégiques dits « tampons », au-delà des stocks de sécurité alimentaire.


* 11 « La future PAC 2013 », Avis du Conseil économique, social et environnemental, présenté par M. Régis Hochart, rapporteur au nom de la section de l'agriculture, de la pêche et de l'alimentation (séance des 24 et 25 mai 2011).

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