3. S'attaquer directement au risque de liquidité, en facilitant le financement à moyen et long termes des banques

Il faut par ailleurs garder à l'esprit que l'objectif est d'éviter une crise de liquidité , c'est-à-dire une situation dans laquelle les banques ne parviendraient plus à se financer.

Si une sous-capitalisation des banques peut favoriser une telle crise, celle-ci pourrait survenir pour d'autres raisons , comme des doutes sur la valeur de leurs actifs, ou même de manière purement auto-réalisatrice. Concrètement, si une banque commence à avoir des difficultés de financement (par exemple en raison de pertes réelles ou supposées), il est possible que ce phénomène s'aggrave spontanément de manière incontrôlable (de la même manière que l'augmentation des taux d'intérêt supportés par l'Irlande et le Portugal a fini par rendre ces Etats insolvables).

• Dans le cas du financement à court terme des banques - qui se fait normalement sur le marché interbancaire -, la BCE a d'ores et déjà mis en place un dispositif spécifique, à l'occasion de la crise de 2008-2009.

La BCE s'est ainsi engagée à fournir aux banques des prêts à court terme illimités en échange des collatéraux correspondants.

• Le problème concerne donc essentiellement leur financement à moyen et long termes .

Certains économistes 57 ( * ) considèrent que la contagion ne pourra pas être stoppée tant que les investisseurs n'auront pas l'assurance que leurs créances seront honorées quoi qu'il arrive, donc tant que la zone euro ne disposera pas d'un prêteur en dernier ressort, tant pour les Etats que pour les banques. On peut cependant considérer que si la BCE s'engageait à jouer ce rôle prêteur en dernier ressort pour l'ensemble de la zone euro, sa crédibilité dans sa mission de lutte contre l'inflation serait amoindrie, puisque son engagement en faveur de la stabilité financière pourrait avoir comme conséquence d'augmenter la masse monétaire.

L'économiste Patrick Artus 58 ( * ) suggère quant à lui d'étendre aux crédits à moyen terme aux entreprises le champ des actifs susceptibles de garantir les covered bonds émis par les banques (des obligations ne pouvant actuellement être garanties que par des créances hypothécaires ou des crédits aux collectivités locales), et de demander aux banques de constituer des réserves de liquidité contingentes, par exemple des lignes garanties d'emprunt à long terme auprès d'investisseurs institutionnels qu'elles pourraient tirer en cas de besoin.


* 57 Cf. en particulier Paul De Grauwe, « The European Central Bank as a lender of last resort », VoxEU.org, 18 août 2011.

* 58 « Une hausse supplémentaire des fonds propres des banques européennes, suggérée par Christine Lagarde, n'est pas la solution au risque de crise bancaire », Special Report n° 106, Natixis, 31 août 2011.

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