EXPOSÉ GÉNÉRAL

I. LE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE DE LA CORSE : UN RATTRAPAGE RÉEL MAIS FRAGILE

Le droit existant prévoit que le plan d'aménagement et de développement durable de Corse (PADDUC) fixe les objectifs du développement économique, social, culturel et touristique de l'île (article L. 4424-9 du code général des collectivités territoriales). Il a donc paru opportun à votre rapporteur de commencer l'examen du projet de loi en resituant celui-ci dans le contexte économique corse.

Loin des clichés, la Corse affiche ces dernières années des performances économiques que peuvent lui envier la plupart des régions de France continentale. Portée par une démographie dynamique et animée par les deux moteurs du tourisme et de la construction, l'économie insulaire a amorcé son rattrapage. Toutefois, elle présente des points faibles persistants et a développé une « bulle » immobilière, à l'origine de tensions sur le marché du logement et lourde de risques pour l'avenir.

A. UNE CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE MARQUÉE

1. Une démographie plus dynamique que celle du continent

La Corse, après s'être dépeuplée pendant toute la première moitié du XXème siècle, accroît sa population depuis les années 1960, pour retrouver son plus haut niveau historique de 1901.

Évolution de la population de la Corse

De 1975 à 1999, la croissance démographique de l'île s'est effectuée à un rythme équivalent à celui de l'ensemble de la France métropolitaine. Puis, ces dernières années, la croissance démographique s'est accélérée en Corse selon un rythme annuel moyen proche de 1,8 %, nettement supérieur à celui de la France métropolitaine (0,7 %).

Non seulement la Corse ne se dépeuple plus, mais elle gagne des habitants à un rythme équivalent à celui des principales régions littorales de la Méditerranée et de l'Atlantique. La prolongation théorique de la tendance actuelle aboutirait à une population de l'île de 400 000 habitants en 2030.

2. D'importants apports extérieurs à l'île

Le dynamisme démographique de la population corse est dû presqu'entièrement au solde migratoire, le solde naturel étant proche de zéro. La Corse attire de nouveaux habitants, bien plus qu'elle n'accroît sa population par un excès des naissances sur les décès.

Le solde migratoire positif de la Corse résulte de la combinaison de deux tendances de sens inverse, selon les âges :

- une composante migratoire négative pour la population jeune (18-25 ans), les jeunes adultes ayant, comme dans d'autres régions françaises, tendance à compléter leur formation et/ou trouver un premier emploi dans quelques régions peu nombreuses, comme l'Île-de-France et Rhône-Alpes ;

- une composante migratoire positive pour la population d'âge adulte, venant soit du continent, soit de l'étranger. Selon l'INSEE, entre 1990 et 1999, plus de 7 000 personnes sont venues d'un pays étranger pour s'installer en Corse.

Au total, c'est un flux de l'ordre de 3 000 personnes qui vient grossir chaque année la population de l'île. Parmi lesquelles des actifs venant en Corse occuper un emploi, mais aussi de nombreuses personnes venant s'y installer à l'âge de la retraite.

Ceci explique que cet apport extérieur ne suffit pas à contrebalancer le vieillissement naturel de la population. La pyramide des âges de l'île se trouve décalée par rapport à la moyenne nationale, avec une base étroite et des effectifs des moins de 20 ans inférieurs à ceux des plus de 60 ans.

Répartition par âges de la population corse

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