D. QUEL IMPACT ?

Cette explosion de l'usage des réseaux sociaux, si elle peut poser des questions de principe et entrer en conflit avec d'autres activités récréatives, sportives ou pédagogiques privilégiées par les parents, entraine surtout de très sérieuses questions sur ses conséquences pour les publics les plus jeunes.

Au-delà de l'intuition qui peut saisir chaque parent devant son enfant passant des journées sur internet, il n'existe pas à ce jour, comme le note l'auteur de la proposition de loi, également rapporteur, d'étude systématique et incontestable sur l'influence des réseaux sociaux sur la santé ou le bien-être des jeunes, mais une pluralité de données raisonnablement convergentes. La seule étude longitudinale disponible mentionnée par l'auteur de la proposition de loi a été réalisée en Suède en 2021. Les chercheurs ont suivi 3 501 adolescents de 14 et 15 ans, et ont conclu des troubles mentaux plus importants chez les plus gros utilisateurs, sans pour autant déterminer si l'usage des réseaux était une cause ou un symptôme. L'article 4 de la proposition de loi formule d'ailleurs une demande de rapport au Gouvernement sur cette thématique.

On peut cependant relever dans le « faisceau d'indices » qui permettent de s'avancer sur la toxicité des réseaux sociaux pour les plus jeunes, plusieurs éléments, qui ne concernent d'ailleurs pas tous les enfants :

Ø la dépendance, générée de manière très consciente par les algorithmes des réseaux qui ont pour seul objet de « capter l'attention ». Ce constat a motivé en partie la création de la commission d'enquête du Sénat sur TikTok, connu pour son principe de fonctionnement très addictif, à tel point que la version internationale diffère de la version chinoise, nettement moins perturbante de ce point de vue ;

Ø les risques de cyber harcèlement, qui peuvent devenir harcèlement tout court. L'exposition des jeunes et l'importance de la vie numérique les rendent vulnérables, publiquement exposés, aux attaques blessantes qui restaient jusqu'à présent confinées au cadre scolaire, où elles peuvent parfois être régulées par le corps enseignant et administratif ;

Ø la possibilité de faire de « mauvaises rencontres » de prédateurs sexuels, qui savent tirer parti des réseaux sociaux pour attirer leurs victimes ;

Ø le risque pour l'estime et l'image de soi, auquel seraient plus particulièrement soumises les jeunes filles, parfois peu conscientes que les influenceuses qu'elles suivent utilisent divers filtres pour embellir leur image ;

Ø le manque d'activité physique, qui est une crainte largement associée à l'usage d'internet en général ;

Ø l'exposition à des fausses informations, des propos complotistes ou des contenus insuffisamment contextualisés, notamment avec l'internet qui a émergé avec la crise pandémique.

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