B. LE CHIFFRE D'AFFAIRES DES CHAÎNES DE TÉLÉVISION EN 1994

Le chiffre d'affaires global de la télévision française en 1994 (derniers chiffres connus) a été de 27,2 milliards de francs, soit une progression de 7 % par rapport à 1993.

L'ensemble des chaînes de télévision a connu une progression de leur activité économique. Le chiffre d'affaires des chaînes thématiques a particulièrement progressé, avec une hausse de 40 %, contre 7 % pour les chaînes hertziennes en clair et 3 % pour la télévision hertzienne à péage.

La part des chaînes hertziennes en clair dans ce chiffre d'affaires reste stable pour atteindre 68,8% en 1994. En revanche, la télévision hertzienne à péage a vu sa part décroître d'un point, de 29,5 % à 28,5 %, alors que celle des chaînes thématiques passe de 2 à 7 %, ce qui représente une progression annuelle de 35 %. Ce résultat s'explique essentiellement par la croissance du nombre d'abonnés au câble et le développement de Canal satellite.

1. La télévision est financée à parts égales par les ménages et les entreprises

Les ménages et les entreprises financent la télévision presque à parts égales (respectivement 15 813 millions de francs et 14 450 millions de francs en 1993), les premiers par la redevance et l'abonnement, les secondes par l'achat d'espaces publicitaires, pour un montant global qui s'est élevé en 1993 à 30 milliards de francs.

Les budgets ont fortement augmenté, la section dépense ayant été multipliée par 3,1 en francs constants depuis 1980, soit un accroissement moyen de + 9,1 % par an en francs constants. Cette augmentation est surtout due à l'apparition des chaînes commerciales et à la privatisation de TF1.

Sur les huit dernières années, deux périodes sont à distinguer :

- de 1985 à 1990, les budgets publicitaires confiés à la télévision ont enregistré une forte croissance, les abonnements à Canal + également ; dans le même temps, les ressources de la redevance stagnaient en francs courants par suite de modifications de la tarification. Mais, prises dans leur ensemble, les dépenses des entreprises et des ménages ont connu cinq années de forte expansion (+ 14,6 % par an en francs constants) ;

- depuis 1990, ces dépenses se développent à un rythme beaucoup moins rapide. Cette évolution résulte de mouvements contradictoires. Par suite de la crise générale de l'économie française, les entreprises limitent le développement de leurs achats d'espaces à la télévision ; en revanche, les pouvoirs publics relèvent le tarif de la redevance. Globalement les dépenses se développent durant ces trois dernières années à un rythme trois fois moins élevé (+5,1 % par an).

2. Un ralentissement de la croissance du chiffre d'affaires des chaînes de télévision

a) Evolution générale

Le chiffre d'affaires est essentiellement l'addition de trois éléments, la redevance, les abonnements et les recettes commerciales, avec, au premier rang, la publicité.

Les chaînes hertziennes assurent l'essentiel du chiffre d'affaires des chaînes télévisées, comme l'indique le graphique ci-après.

Répartition du chiffre d'affaires en 1993

Chaînes Chaînes thématiques câblées 3% 5%

Chaînes généralistes

92%

Source : BIPE, CNC, SJTIC, Document Sénat

Pour les chaînes publiques, le chiffre d'affaires n'est pas un bon indicateur de ressources, puisque les subventions d'État n'y sont pas intégrées. Le meilleur indicateur des ressources des chaînes publiques serait le chiffre d'affaires augmenté des subventions d'exploitation.

Celui-ci a augmenté de + 38,8 % (en francs constants) en quatre ans, mais a légèrement baissé en 1993 (- 0,4%). Grâce aux subventions d'exploitation et à la publicité, les ressources des chaînes publiques ont progressé plus nettement : + 44,8 % sur quatre ans (+ 2,3 % en 1993). Les abonnements ont continué à croître en 1993 à un taux élevé : + 6,7 %. Depuis 1989, leur développement s'est à peine ralenti et en quatre années la progression totale a été de 35,4 %. La progression des recettes publicitaires (y compris parrainage) a été modérée en 1993, + 3,7% (en francs constants), soit un rythme voisin de celui des années précédentes.

Les logiques économiques différentes expliquent les difficultés que l'on rencontre dans l'interprétation des indicateurs économiques et financiers habituels.

Le chiffre d'affaires des chaînes est à la fois un indicateur de leur activité et de leurs ressources. En 1993, sa croissance a été faible (+ 3,3 % en francs constants) par rapport à la croissance plus favorable des trois années précédentes (+ 5,9 % en moyenne, tableaux 3 et 4).

Plus généralement, l'évolution de ces quatre années traduit un net ralentissement de la croissance du chiffre d'affaires des chaînes hertziennes par rapport à celle des années antérieures. Comme les dépenses des ménages et des entreprises, le chiffre d'affaires avait crû de 14,7% par an de 1985 à 1990. En revanche, l'excédent brut d'exploitation global de toutes les chaînes hertziennes a été multiplié par trois entre 1989 et 1993 et le résultat net comptable est devenu largement positif.

Les déficits comptables globaux des années 1989-1991 s'expliquent par ceux de La Cinq, de M6 et des chaînes publiques, alors que, pour sa part, TF1 présentait un solde positif de moyenne ampleur et que Canal + dégageait chaque année entre 700 et 1 000 millions de francs de bénéfice. La situation des chaînes publiques s'est redressée en 1992 et 1993 et, parallèlement, M6 est devenue bénéficiaire.

b) L'évolution récente par chaîne

(1). Les chaînes publiques

Avec 9 850,8 millions de francs de budget en 1996, FRANCE TÉLÉVISION est le premier groupe public européen de télévision. Le chiffre d'affaires de TF1 atteint 67,1 % de celui du groupe public, et celui de Canal+, 78,65 % ; le chiffre d'affaires consolidé de la chaîne cryptée atteint toutefois 97,1 % du budget de FRANCE TÉLÉVISION.

(2). Les chaînes privées

(a). TF1


• Pour un chiffre d'affaires de 6,610 milliards de francs ; la société TF1 a réalisé en 1994 un résultat d'exploitation de 1 089,1 millions de francs en progression de 23 %. Cette croissance résulte d'une augmentation du chiffre d'affaires net (2 ( * )) (+ 8 %) plus importante que celle des charges (+ 7 %). Les recettes de publicité et de parrainage qui représentent 76 % des produits d'exploitation, ont progressé de 8 %.

L'amélioration de l'activité d'exploitation a généré un résultat net de 576,4 millions de francs en hausse de 41 % (408 millions de francs en 1993) malgré la diminution du résultat financier (- 179 %) et, dans une moindre mesure, du résultat exceptionnel qui reste négatif (- 26 %).

Le coût de la grille est évalué à 4 161 millions de francs en 1994 contre 3 924 millions de francs en 1993, soit une légère augmentation de 6 %.


• Le groupe TF1 a réalisé un chiffre d'affaires de 8 424 millions de francs en progression de 9 %, dont 1 264 millions de francs soit 15 %, pour les activités de diversification.

Le résultat d'exploitation du groupe TF1 (786,2 millions de francs) a diminué de 0,8 % alors que le résultat net en part du groupe (541,5 millions de francs) progresse de 18,1 %.


• Le résultat net de TF1 au premier semestre 1995 est de 401 millions de francs, en hausse de 9,3 % par rapport au premier semestre de 1994. Le chiffre d'affaires semestriel de la chaîne a atteint 4 604 millions de francs, en hausse de 7,6 %, dont 3 807 millions de francs pour les recettes publicitaires.

Le coût de la grille augmente de 2,5 %. Les activités de diversification ont poursuivi une forte croissance (+ 26,3 %, à 797 millions de francs, contre 631 millions de francs en 1994) et les activités de négoce de droits audiovisuels ont doublé.

(b). M6

En 1994, le chiffre d'affaires net de la société M6 s'établit à 1,688 milliard de francs, soit une progression de 14 % par rapport à 1993 (1,477 milliard de francs).

Les recettes publicitaires ont également progressé, avec un montant net total de 1 604 millions de francs (+ 15,5 % par rapport à 1993). En revanche, les ressources tirées du parrainage diminuent pour l'exercice 1994 et s'élèvent à 60 millions de francs (- 18,5 %). Les charges d'exploitation ont été contenues en 1994, puisqu'elles connaissent une augmentation de 16 % à rapprocher des 22 % enregistrés en 1993 par rapport à l'exercice précédent.

Le coût de la grille s'établit en 1994 à 704,7 millions de francs (contre 671 millions de francs pour 1993), soit une progression de 5 % par rapport à l'exercice précédent, ce qui est en-deçà de l'évolution du chiffre d'affaires. Alors qu'en 1992 la fiction (cinématographique et télévisuelle) formait 61 % du coût de la grille, elle n'en représente plus que 55 %.

Le résultat d'exploitation est en constante progression depuis 1992. Pour l'exercice 1994, il se situe à 351,8 millions de francs contre 195,8 millions de francs en 1993 soit une hausse de 79,6 %.

Le résultat financier s'améliore fortement du fait de l'accroissement du dividende versé par les filiales : celui-ci passe de 36,9 millions de francs à 100 millions de francs.

Enfin, le résultat net s'élève à 191 millions de francs, après prise en compte de l'incidence de la clause de retour à meilleure fortune (qui a joué pour la dernière fois en 1994).

C'est donc le troisième exercice bénéficiaire de la chaîne, qui avait enregistré un bénéfice net de 106 millions de francs en 1992 et de 55 millions de francs en 1993 (169 millions de francs avant versement exceptionnel aux actionnaires au titre de ladite clause).

Au niveau du groupe (M6 et filiales spécialisées détenues à près de 100 %), le résultat net consolidé est de 231 millions de francs en 1994. Cette bonne performance a permis de compenser toutes les pertes antérieures et de reconstituer les fonds propres.

Le bénéfice net de M6 au premier semestre 1995 est de 211 millions de francs et le chiffre d'affaires consolidé de la chaîne est en augmentation de 12 %, à 1 033 millions de francs contre 922 millions de francs au premier semestre 1994.

(c) Canal +

La société Canal + a réalisé en 1994 un chiffre d'affaires de 7 748,6 millions de francs, en progression de 3,3 % par rapport à 1993 (7 499,5 millions de francs). Il est constitué à 93 % de recettes d'abonnements (7 188,1 millions de francs), les ressources tirées de la publicité et du parrainage (394,4 millions de francs) représentant 5 % du chiffre d'affaires total et les autres produits les 2 % restants.

Le groupe Canal + a réalisé en 1994 un chiffre d'affaires consolidé de 9 566,7 millions de francs, en croissance de 10 3 % par rapport à l'exercice précédent grâce à la progression du portefeuille d'abonnées + et à Canalsatellite en France et à la contribution des filiales de production cinématographique et audiovisuelle.

Pour les neuf premiers mois de l'année, le groupe a réalisé un chiffre d'affaires consolidé (3 ( * )) de 7,4 milliards de francs, en hausse de 8,1% par rapport à la même période de 1994. Ce bon résultat s'explique essentielle ment par une forte croissance du chiffre d'affaires des abonnements (+ 9%) au 30 septembre 1995, on comptait 100 000 abonnés de plus, contre 6000 pour la même période en 1994 et 87 000 en 1993.

* 2 Après déduction des frais de régie qui s'élèvent à 492 millions de francs

* 3 Hors filiales étrangères et chaînes thématiques.

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