II. UN CONTEXTE SOCIAL EN MUTATION

Les auditions publiques auxquelles a procédé votre Commission ainsi que les informations statistiques fournies à votre rapporteur ont mis en avant l'évolution récente de la délinquance juvénile, qui se caractériserait non seulement par une augmentation, mais également par un changement de nature. Au-delà de ce constat d'ensemble, il est également possible, quoique de manière moins nette, de s'interroger sur la réponse judiciaire apportée à la délinquance juvénile.

A. UNE DÉLINQUANCE EN ÉVOLUTION

1. L'évolution quantitative : le sentiment d'une augmentation de la délinquance juvénile

Les statistiques fournies à votre rapporteur mettent en avant une tendance de long terme à une augmentation du nombre de mineurs mis en cause par les services de police et de gendarmerie en métropole : 126 149 en 1995 contre 72 742 en 1973.

Force est néanmoins de constater le caractère quelque peu irrégulier de cette évolution qui, comme le retrace le tableau ci-après, résulte d'alternances d'années diverses, marquées tantôt par des augmentations, tantôt par des diminutions.

Évolution du nombre de mineurs mis en cause
par la police et la gendarmerie

Année

Nombre de

mineurs mis en

cause pour crime

ou délit

Évolution

( %)

Pourcentage des

mineurs dans le

total des personnes

mises en cause

1986

90 501

11,2

1987

93 470

+ 3,3

12

1988

92 143

-1,4

12

1989

94 302

+ 2,3

12,3

1990

98 284

+ 4,2

13

1991

101 631

+3,4

13,2

1992

98 864

-2,7

13,9

1993

92 212

-6,7

13,5

1994

109 338

+ 18,5

14,1

1995

126 149

+ 15,4

15,9

Le sentiment d'une augmentation de la délinquance juvénile peut néanmoins résulter d'une double évolution :

- sur une courte période, les années 1994 et 1995 ont été caractérisées par un fort accroissement du nombre de mineurs mis en cause (+36,8 % en deux ans) ;

- sur plus long terme, et à l'exception de l'année 1993, la part des mineurs dans le total des personnes mises en cause pour crime ou délit ne cesse de croître (+ 4,7 points en dix ans).

Les auditions publiques auxquelles a procédé votre Commission ont permis de mettre en avant plusieurs explications à cette évolution parmi lesquelles ont tout particulièrement été évoquées la carence éducative des parents et l'insuffisance manifeste de moyens dont disposent les institutions. Toutefois, au-delà de ce constat quantitatif, il convient également de se pencher sur l'évolution qualitative de la délinquance juvénile au cours des dernières années.

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