2. Les conséquences sur le fonctionnement des conseils régionaux

Les conséquences de l'absence de majorité stable se sont tout d'abord manifestées lors de l'élection des présidents de conseils régionaux.

En 1986, seulement quatorze présidents sur vingt-deux -en métropole- avaient pu être élus dès le premier tour en bénéficiant de la majorité absolue des suffrages exprimés.

Les difficultés ont encore été plus sensibles en 1992 puisque vingt conseils régionaux n'ont pu élire leur président qu'à la majorité relative, c'est-à-dire au troisième tour de scrutin.

L'existence de majorités instables , voire volatiles , produit des effets négatifs au-delà de la désignation de l'exécutif régional.

Elle rend en effet plus difficiles la continuité et l'efficacité de l'action régionale. Elle compromet le bon fonctionnement et la gestion des régions.

Si cette situation précaire peut toucher toutes les délibérations du conseil régional, elle est évidemment encore plus sensible pour l'adoption du budget, moment fort de la vie démocratique et expression des orientations essentielles de la politique de la région.

Or, force est de constater que certaines régions ont eu le plus grand mal à dégager une majorité pour l'adoption de leur budget, et même, pour deux d'entre elles, ont certaines années échoué dans cette entreprise. Tel fut le cas de la Haute-Normandie en 1995 comme en 1996 et de l'Ile-de-France en 1997.

En outre, la recherche d'une majorité conduit à des débats longs et difficiles sur des modifications de portée mineure mais dont l'accumulation peut mettre en cause la cohérence du budget régional.

3. La procédure, peu satisfaisante dans son principe, de règlement du budget par le représentant de l'Etat

Le code général des collectivités territoriales a codifié, dans sa première partie ( article L. 1612-2 ) les dispositions issues de la loi du 2 mars 1982 qui permettent le règlement du budget régional par le représentant de l'Etat, faute d'adoption avant le 31 mars ou le 15 avril l'année du renouvellement des conseils régionaux.

Cette procédure associe la chambre régionale des comptes qui, saisie par le représentant de l'Etat, dispose d'un mois pour formuler des propositions de règlement du budget par un avis rendu public. Le représentant de l'Etat ne peut s'écarter des propositions de la chambre régionale des comptes que par une décision explicitement motivée.

Une telle solution -si elle permet de débloquer la situation née de l'absence de majorité- ne peut évidemment être considérée comme satisfaisante au regard de la mise en oeuvre de la décentralisation.

Elle peut même aboutir, dans certains cas, à des résultats paradoxaux lorsque le représentant de l'Etat est à la fois chargé de régler le budget régional et de négocier au nom de l'Etat avec la région dans le cadre de politiques publiques prévoyant des financements régionaux.

Enfin, il s'agit d'une procédure assez longue , la chambre régionale des comptes disposant d'un mois pour formuler des propositions à compter de la saisine du représentant de l'Etat. Selon les précisions données à votre rapporteur, les budgets concernés ne peuvent ainsi le plus souvent être réglés qu'en juillet.

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