ARTICLE 41 bis (nouveau)

Modification des missions du fonds de gestion de l'espace rural

Commentaire : créé par l'article 38 de la loi d'orientation pour l'aménagement et le développement du territoire du 4 février 1995, le fonds de gestion de l'espace rurale (FGER) connaît une existence chaotique, tant d'un point de vue juridique que budgétaire. Le présent article redonne ainsi au FGER sa vocation originelle, cette vocation ayant connu des évolutions multiples depuis 1995.

I - LES DYSFONCTIONNEMENTS BUDGÉTAIRES DU FGER


Le FGER est un fonds qui ne dispose pas de la personnalité morale. Il est géré par le ministère de l'Agriculture et ses crédits figurent au chapitre 44-83 du budget de ce ministère. Ces crédits sont presque intégralement déconcentrés. Ils sont alors distribués par le préfet dans le cadre d'orientations pluriannuelles départementales définies après consultation d'une commission départementale de gestion de l'espace (CODEGE).

Doté de 500 millions de francs en 1995 et de 388 millions de francs en 1996, le FGER faillit disparaître en 1997. Devant l'émotion des parlementaires à l'annonce de cette décision, le fonds fut finalement doté de 100 millions de francs à l'Assemblée nationale et de 50 supplémentaires lors de la discussion au Sénat. Mais le chapitre 44-83 du budget du ministère de l'Agriculture devait en cours d'année faire l'objet d'une spectaculaire annulation de crédit portant sur 145 millions de francs, soit 96,6% de la dotation du FGER.

En 1998, le fonds dispose de 140 millions de francs et le Secrétaire d'Etat chargé du budget a annoncé, au cours de la discussion budgétaire à l'Assemblée nationale, son intention de ne pas amputer les crédits du FGER.

Si elles sont symboliquement choquantes, les décisions prises en 1997 de ne pas doter le fonds, puis d'en annuler les crédits, sont compréhensibles budgétairement compte tenu, d'une part, du montant de crédits reportés disponibles et, d'autre part, du niveau de consommation des crédits.

Année

LFI

Annulations crédits

Crédits ouverts

Crédits consommés

1995

500

164

335

51

1996

388

170

502

199

1997

150

145

308

n.d.

1998

140

nd

nd

nd

Ainsi, en 1997, malgré l'annulation de 145 des 150 millions de francs inscrits dans la loi de finances, les crédits ouverts s'élevaient à 308 millions de francs, soit 54% de plus que le montant des crédits consommés en 1996.

Dans son rapport spécial consacré aux crédits de l'aménagement du territoire dans la loi de finances pour 1998, notre collègue Roger Besse attribue les dysfonctionnements du FGER " à des lourdeurs de procédure retardant la déconcentration des crédits, ainsi qu'à la lenteur du processus de décision au sein des départements ".

II - UNE DÉFINITION VERSATILE

L'article L112-16 du code rural, qui détermine les missions du FGER, a fait l'objet de quatre votes au Parlement depuis 1995 :

L'article 38 de la loi d'orientation de 1995, devenue l'article L.112-16 du code rural, prévoyait à l'origine que " le fonds de gestion de l'espace rural contribue au financement de tout projet d'intérêt collectif concourant à l'entretien ou à la réhabilitation de l'espace rural . Il doit être en priorité affecté aux agriculteurs ou à leurs groupements ".

Cette rédaction prend en compte le fait que la gestion de l'espace rural incombe également à des acteurs extérieurs au monde agricole.

L'année suivante, un amendement, adopté par l'Assemblée nationale pendant la discussion sur le projet de loi de finances pour 1997, modifiait le texte de l'article L112-16 et proposait la rédaction suivante : " Le fonds de gestion de l'espace rural contribue au financement de tout projet d'intérêt collectif concourant à l'entretien ou à la réhabilitation de l'espace rural et dont les agriculteurs ou leurs groupements sont parties prenantes ".

Le renforcement de la vocation " agricole " du fonds avait deux ambitions aux yeux de ses promoteurs :

- affirmer que les agriculteurs n'étaient pas une composante accessoire du FGER mais en étaient totalement partie prenante ;

- confirmer que l'agriculture était non seulement un acteur économique mais également un gestionnaire de l'espace.

Au cours de la discussion de la loi de finances pour 1998, à l'initiative de M. Augustin Bonrepaux, les députés sont revenus à la première rédaction de l'article L112-16 mais leur amendement, devenu l'article 75 de la loi de finances, a été censuré par le Conseil constitutionnel en raison de son caractère étranger au domaine des lois de finances.

Le présent projet de loi portant diverses dispositions d'ordre économique et financier a fourni aux députés l'occasion de présenter à nouveau le même amendement, qui a été adopté en première lecture par l'Assemblée nationale contre l'avis du Gouvernement.

La situation est la suivante : en deux ans, le principe d'un FGER " rural " été défendu par l'Assemblée nationale de l'actuelle législature et le précédent gouvernement, et celui d'un FGER " agricole " a été soutenu par l'Assemblée de la précédente législature et le gouvernement actuel.

La rédaction aujourd'hui proposée semble la plus adaptée à la gestion de l'espace rural. Toutefois, votre rapporteur s'interroge sur la nécessité de modifier une nouvelle loi le code rural à quelques mois de la discussion du projet de loi d'orientation agricole.

Décision de la commission : votre commission vous propose d'adopter cet article sans modification.

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