2. Une grande continuité qui a donné des résultats à la hauteur de nos ambitions

La politique énergétique engagée au lendemain du premier choc pétrolier, en 1973-1974, à la suite de la guerre du Kippour, a été, malgré quelques infléchissements, poursuivie avec une continuité à laquelle elle doit ses résultats.

a) Malgré quelques infléchissements à terme coûteux...

En 1981, la politique énergétique fut modifiée sur deux points.

Le programme nucléaire en cours prévoyait le lancement de neufs tranches, chiffre que le Gouvernement ramena à quatre pour finalement le porter à six pour les années 1982 et 1983 ;

Dans le domaine du charbon , le Gouvernement voulut renverser la tendance à la réduction de la cadence d'extraction opérée lors des deux décennies précédentes et porter de 20 à 30 millions de tonnes la production nationale à l'horizon 1990. Cette rupture avec la politique de réduction graduelle de la production menée depuis 1960 conduisit à l'embauche, entre 1981 et 1984, de 10 000 mineurs . Les conséquences financières de cette décision pèsent très lourd dans le bilan des Charbonnages de France :

L'entreprise doit rémunérer aujourd'hui 12 000 mineurs, issus pour l'essentiel des recrutements de la période 1981-1984. Son endettement actuel (32,5 milliards de francs) va malheureusement augmenter jusqu'en 2005, terme de l'exploitation.

À cette date, en tenant compte des retraites à verser aux mineurs, l' endettement final sera d'environ cent milliards de francs , aucun mode de financement n'étant aujourd'hui prévu pour couvrir cette dette.

Cependant, les choix essentiels (développer la production domestique d'énergie, principalement grâce au programme électronucléaire, promouvoir les économies d'énergie et diversifier les approvisionnements extérieurs) n'ont pas fait l'objet d'une véritable remise en cause depuis 1973 et ont produit des résultats probants

b) Une continuité qui a donné des résultats probants

Sur la période le bilan énergétique de la France a connu une évolution remarquable :

une amélioration de l'ordre de 20 % de notre efficacité énergétique,

une production domestique d'énergie multipliée par 2,5 surtout grâce au nucléaire,

un taux d'indépendance extérieur de près de 50 % (contre 22,5 % en 1973), une électricité qui est aujourd'hui d'origine nationale à plus de 90 %,

un bilan énergétique nettement plus diversifié avec une énergie dominante, le pétrole, ramenée de 70 % à environ 40 % de la consommation,

des approvisionnements extérieurs plus diversifiés tant sur le plan géographique (avec, pour le pétrole, une part du Moyen Orient ramenée des trois-quarts à moins de la moitié), que par type d'énergie primaire (avec une forte décrue des importations pétrolière (83 MT/an au lieu de 135 MT/an) et une augmentation très importante des importations gazières qui ont quadruplé depuis 1973.

Le tableau ci-après illustre cette amélioration de notre bilan énergétique :


Extraits du bilan énergétique provisoire de 1997 établi

par la Direction Générale de l'Énergie et des Matières Premières, en avril 1998

Structure de la consommation d'énergie primaire (corrigée du climat)

en %

1973

1980

1990

1994

1995

1996

1997

TCAM 96-98

TCAM 73-97

- Charbon

- Pétrole

- Gaz

- Électricité primaire 48( * )

- Énergie renouvelables

15,2

69,2

7,3

7,3

1,1

15,8

56,6

10,8

15,2

1,6

8,9

42,5

12,3

34,4

2,0

6,3

41,4

12,9

37,6

1,8

6,4

41,2

13,2

37,4

1,8

6,6

40,5

13,6

37,5

1,8

5,8

41,0

13,6

37,8

1,8

-12,0

+1,1

+0,1

+0,9

-

-3,9

-2,2

+2,6

+7,1

-

Total

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

 
 

TCAM (taux de croissance annuel moyen) en %.

Production d'énergie primaire

En Mtep

1973

1980

1990

1994

1995

1996

1997

TCAM 96-97

TCAM 73-97

- Charbon

- Pétrole

- Gaz naturel

- Électricité

hydraulique

nucléaire

- Énergie renouvelables

17,3

2,2

6,3

10,7

3,3

2,0

13,1

2,4

6,3

15,7

13,6

3,2

7,7

3,5

2,5

13,0

69,6

4,2

5,4

3,4

2,9

18,1

79,9

4,2

5,1

3,1

2,8

17,0

83,8

4,2

5,0

2,7

2,4

15,7

88,2

4,2

4,2

2,3

2,1

15,1

87,8

4,2

-16,5

-14,4

-12,1

-4,2

-0,5

+0,0

-5,7

+0,2

-4,4

+1,4

+15

+3,1

Total production

41,7

54,3

100,5

114,0

116,0

118,3

115,7

-2,2

+4,3

Taux d'indépendance

énergétique

22,5%

27,4%

47,8%

51,2%

51,0%

50,0%

49,6%

-0,4pt

-

TCAM (taux de croissance annuel moyen) en %.

Bien qu'elle ne porte que sur des quantités faibles, la production d'énergies fossiles subit une chute sévère, de -12 % pour le gaz à -17 % pour le charbon, reflétant le caractère inéluctable de l'épuisement des réserves nationales .

La production d'électricité primaire (hydraulique et nucléaire) brute a été de 463 TWh, dont 15 % pour l'hydraulique et 85 % pour le nucléaire. L'électricité primaire a ainsi représenté 89 % de la production nationale totale et la seule électricité nucléaire 76 % . La contribution des énergies fossiles se dégrade sensiblement en 1997, avec des baisses qui dépassent 12 %.

Si les résultats sont satisfaisants, ils ne doivent en aucun cas autoriser un relâchement de la politique énergétique française. En effet, tant dans le domaine de la sobriété énergétique (que le faible coût de l'énergie a conduit à négliger), que dans celui de l'indépendance énergétique (notre taux d'indépendance vient de passer symboliquement en dessous du niveau de 50 % qui avait été atteint en 1993), on peut constater que notre conduite doit être dictée par le sens de l'effort et non celui du confort .

La politique énergétique est aujourd'hui confrontée de nouveaux défis : défi environnemental , tout d'abord, puisqu'elle devra tenir compte des engagements internationaux pris à Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre ; défi européen ensuite, car il faudra tirer les conséquences de l'ouverture du marché européen de l'énergie à la concurrence ; défi nucléaire , enfin, à l'heure où le problème du renouvellement du parc est posé et que de nombreux pays se détournent de ce secteur.

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