EXAMEN EN COMMISSION

La commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées a examiné le présent rapport au cours de sa réunion du mercredi 27 mai 1998.

M. Daniel Goulet, rapporteur, a indiqué que la convention d'Ottawa nécessitait des mesures d'application nationales, notamment en matière de sanctions pénales, et que tel était l'objet de la proposition de loi adoptée le 24 avril dernier par l'Assemblée nationale. Il a précisé que les deux propositions de loi d'origine sénatoriale allaient dans le même sens.

Il a alors présenté les principales dispositions du texte adopté par l'Assemblée nationale, à savoir :

- l'inscription dans la loi française du principe de l'interdiction de l'emploi, de la fabrication, du stockage et du transfert des mines antipersonnel;

- la destruction des stocks d'ici la fin de l'an 2000, à l'exception d'une quantité maximale de 5 000 mines destinée à la formation des démineurs et à la mise au point de matériels de détection, de déminage et de destruction ;

- l'édiction de sanctions pénales ;

- la mise en place d'un régime de déclaration ;

- les conditions de déroulement des missions d'établissement des faits prévues par la convention.

Considérant que ce texte devait se borner à permettre l'application en droit français de la convention d'Ottawa, M. Daniel Goulet, rapporteur, en a proposé l'adoption, sous réserve de quelques amendements de clarification et de précision inspirés du souci de traduire aussi fidèlement que possible la lettre et l'esprit de la convention.

Mme Marie-Claude Beaudeau, entendue en application de l'article 18-3 du Règlement du Sénat, a ensuite présenté la proposition de loi n° 403 (1997-1998) qu'elle a déposée avec les membres du groupe communiste, républicain et citoyen.

Elle a estimé que les mines antipersonnel constituaient un fléau à caractère planétaire qui violait doublement les conventions de Genève en frappant sans distinction civils et militaires et en provoquant des maux superflus. Elle a rappelé les positions prises par la France à l'égard des mines antipersonnel et s'est félicitée de l'adoption de la convention d'Ottawa qui représente une norme humanitaire proclamant l'illégalité totale de ces armes.

Elle a jugé la proposition de loi adoptée par l'Assemblée nationale plus complète que le projet de loi déposé en avril 1997 par le précédent Gouvernement, qui n'interdisait pas l'utilisation et le stockage des mines antipersonnel.

Elle a précisé que sa proposition tendait à une interdiction plus large encore en visant les composants des mines antipersonnel ainsi que les mines à usage mixte, antivéhicules et antipersonnel, afin d'éviter un contournement de la convention d'Ottawa. Elle a souhaité l'adoption de sanctions pénales de nature criminelle à l'encontre des infractions à la loi, y compris lorsqu'elles sont commises par un citoyen français hors du territoire national. Elle a souligné l'importance de la commission nationale pour l'élimination des mines antipersonnel prévue par sa proposition de loi.

La commission a alors procédé à l'examen des articles de la proposition de loi n° 410 (1997-1998), adoptée par l'Assemblée nationale.

Avant l'article premier, la commission a inséré un article additionnel tendant à placer en tête du texte l'article relatif à la définition des mines antipersonnel, qui figurait à l'article 3, et à renvoyer aux définitions contenues dans la convention d'Ottawa elle-même.

A l'article premier, elle a adopté un amendement tendant à ajouter la conservation des mines antipersonnel dans la liste des activités interdites par cet article, ainsi que le prévoit la convention d'Ottawa, puis l'article premier ainsi amendé.

A l'article 2, relatif aux exceptions au principe d'interdiction posé à l'article précédent, elle a adopté un amendement tendant à regrouper en un seul article les dispositions figurant aux articles 2 et 11, de manière à viser à la fois la nature et les limites de ces exceptions. Elle a adopté l'article 2 ainsi amendé.

Puis la commission a supprimé l'article 3, par coordination avec l'insertion d'un article additionnel avant l'article premier.

A l'article 4, elle a adopté un amendement prévoyant des sanctions pénales en cas d'entrave aux procédures internationales d'établissement des faits, puis l'article 4 ainsi amendé.

Elle a adopté l'article 5 assorti d'un amendement rédactionnel, puis l'article 6 assorti de deux amendements rédactionnels.

Elle a adopté l'article 7 sans modification, puis l'article 8 assorti d'un amendement de précision.

Elle a adopté sans modification les articles 9 et 10 relatifs à la commission nationale pour l'élimination des mines antipersonnel.

Puis la commission, par coordination avec l'amendement adopté à l'article 2, a supprimé l'article 11.

Elle a adopté l'article 11 bis assorti d'un amendement rédactionnel, puis l'article 11 ter assorti d'un amendement de précision. Elle a adopté l'article 11 quater sans modification, puis l'article 11 quinquiès assorti d'une rectification.

La commission a enfin adopté les articles 12 et 13 sans modification.

A l'issue de l'examen des articles, M. Jean Arthuis a fait part de ses réserves quant à la présence de parlementaires au sein de la commission instituée par la proposition de loi. Il a estimé que le Parlement devait privilégier ses propres pouvoirs de contrôle à son implication dans de tels organismes.

Mme Danielle Bidard-Reydet s'est pour sa part interrogée sur la possibilité, pour les pays pauvres, de conduire des opérations de déminage, et a souhaité une assistance financière internationale pour les y aider.

M. Daniel Goulet, rapporteur, a précisé que depuis 1994, la France avait consacré 120 millions de francs à l'assistance internationale au déminage, soit à titre bilatéral, soit dans le cadre de programmes multilatéraux.

La commission a alors adopté l'ensemble de la proposition de loi ainsi modifiée.

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