2. Le recul du chômage est un phénomène général en Europe

Le recul du chômage est observable partout en Europe. Il est encore plus considérable aux Etats-Unis.

En avril 1998, l'Allemagne a connu 25.000 demandeurs d'emplois en moins ; les Etats-Unis, quant à eux, ont créé le même mois 262.000 nouveaux emplois nets, ce qui a ramené leur taux de chômage à 4,3 % (- 0,4 %), soit son niveau le plus bas depuis vingt-huit ans. La France s'inscrit dans cette tendance générale, la baisse du chômage y est même plus vigoureuse que chez d'autres pays européens ; toutefois le taux de chômage français demeure parmi les plus élevés des pays industrialisés développés.

Les prévisions quant à l'évolution du chômage sont encourageantes, elles restent toutefois suspendues à des événements largement exogènes comme l'évolution de la conjoncture en Asie, aux Etats-Unis, voire en Grande-Bretagne.

Un premier signe a été émis par l'évolution de l'économie italienne, fortement dépendante des exportations vers l'Asie. Le produit intérieur brut italien a reculé de 0,1 % au premier trimestre 1998 par rapport au premier trimestre 1997. Au cours de ce même premier trimestre, les exportations ont reculé de 1,6 % par rapport aux trois derniers mois de l'an dernier. A ce rythme, les prévisions de croissance pourraient être ramenées de 2,5 à 2 % pour 1998. Des répercussions sur l'ensemble des économies européennes sont à attendre.

Croissance et taux de chômage dans les principaux pays industrialisés

 

PIB

Taux de chômage

 

1996

1997

1998

1999

1996

1997

1998

1999

Union Européenne

1,7

2,6

2,8

2,8

11,4

11,1

10,6

10,2

Etats-Unis

2,8

3,8

2,9

2,2

5,4

4,9

5,0

5,0

Japon

3,9

0,9

-0,0

1,3

3,3

3,4

3,6

3,6

Allemagne

1,4

2,2

2,5

2,8

10,4

11,5

11,4

11,2

France

1,5

2,4

2,9

3,0

12,4

12,5

11,9

11,3

Italie

0,7

1,5

2,3

2,7

12,1

12,3

12,0

11,6

Royaume Uni

2,2

3,3

2,3

2,1

7,5

5,6

4,9

4,8

Canada

1,2

3,8

3,2

2,8

9,7

9,2

8,5

8,2

Espagne

2,3

3,4

3,4

3,7

22,2

20,8

19,7

18,5

Pays-Bas

3,3

3,3

3,8

3,1

7,6

6,6

5,6

5,1

Belgique

1,5

2,7

2,6

2,8

12,7

12,5

12,3

12,1

Suède

1,3

1,9

3,0

2,8

8,0

8,1

7,0

6,5

Autriche

1,6

2,5

2,8

2,7

7,0

7,1

7,1

6,9

Danemark

3,4

3,0

2,7

2,7

8,7

7,8

7,3

6,9

Finlande

3,6

5,9

3,5

3,4

16,3

14,5

12,6

11,1

Grèce

2,6

3,3

3,5

3,3

10,3

10,3

9,7

9,4

Portugal

3,3

3,5

3,7

3,2

7,3

6,7

6,6

6,5

Irlande

7,7

8,3

8,2

6,8

11,5

10,2

9,3

8,7

Luxembourg

3,5

4,8

4,1

3,5

3,3

3,7

3,9

4,2

Source : FMI, world economic outlook avril 1998

En l'état actuel, le Fonds monétaire international prévoit une accélération de la croissance française qui se porterait au-delà de la moyenne européenne.

L'économie française rattraperait quelque peu son déficit de croissance observé depuis plusieurs années. La demande intérieure prendrait le relais des exportations qui pourraient subir les effets de la crise asiatique.

Le contexte économique international appelle à la prudence. Le FMI considère d'ailleurs que des taux de croissance proches de 3 % en 1998 et 1999 ne devraient pas permettre de ramener le taux de chômage au-dessous de 11,3 %. Ce niveau de chômage resterait significativement supérieur à celui de l'Union européenne (10,2 %) sans parler des Etats-Unis (5 %). Il illustre la forte composante structurelle du chômage français telle qu'elle a été mise en évidence par l'OCDE.

Composantes structurelle et conjoncturelle du taux de chômage 1( * )
En pourcentage de la population active totale



Source Secrétariat de l'OCDE 2( * )

L'évolution du taux de chômage français doit être appréciée au regard de l'évolution de la croissance mais également de celle du fonctionnement du marché du travail.

Le tableau ci-après, réalisé par l'OCDE, retrace l'évolution de la composante structurelle du chômage des pays industrialisés entre 1990 et 1997. Selon ces estimations, le taux de chômage structurel français serait passé au cours de cette période de 9,3 à 10,2 %. Cela signifie que, dans le meilleur des cas, le taux de chômage actuel, proche de 12 %, ne pourra, sous l'emprise du retour de la croissance, descendre en-dessous de 10,2 % sans provoquer des tensions inflationnistes.

Tout l'enjeu des politiques de l'emploi réside dans leur capacité à abaisser le taux de chômage structurel dans le total du chômage français à travers des réformes du fonctionnement du marché du travail, un effort de formation, des aides à la création et au développement d'entreprises, un environnement favorable aux secteurs de pointe...

Depuis la récession de 1993, la croissance de la productivité du travail s'est infléchie, permettant un certain enrichissement de la croissance en emplois, surtout dû au temps partiel, mais aussi à l'impact des politiques d'allégement du coût du travail.

Les rigidités structurelles demeurent donc importantes mais elles tendent à être compensées par l'effet des politiques de l'emploi.

Le chômage structurel dans les pays de l'OCDE, 1990-97
En pourcentage de la population active totale

Au cours des années 90, le taux de chômage structurel

 
 

1990

1997

a augmenté :

Finlande

7,0

12,8

 

Suède

3,2

6,7

 

Allemagne

6,9

9,6

 

Islande

1,5

4,0

 

Suisse

1,3

3,0

 

Grèce

8,2

9,8

 

Italie

9,7

10,6

 

France

9,3

10,2

 

Belgique

11,0

11,6

 

Autriche

4,9

5,4

 
 
 
 

est resté relativement stable :

Japon

2,5

2,8

 

Norvège

4,2

4,5

 

Espagne

19,8

19,9

 

Portugal

5,9

5,8

 

Etats-Unis

5,8

5,6

 

Canada

9,0

8,5

 
 
 
 

a diminué :

Danemark

9,2

8,6

 

Australie

8,3

7,5

 

Nouvelle-Zélande

7,3

6,0

 

Royaume-Uni

8,5

7,2

 

Pays-Bas

7,0

5,5

 

Irlande

14,6

11,0

 
 
 
 
 

Taux de chômage structurel dans les pays de l'OCDE

6,8

7,1

 

Taux de chômage actuel dans les pays de l'OCDE

6,0

7,5

Source : Secrétariat de l'OCDE

Le retournement de tendance dans l'évolution du chômage tend à accréditer cette idée.

Reparti à la hausse au deuxième trimestre 1997, le chômage s'est stabilisé au cours du troisième trimestre et a reculé nettement en fin d'année : un plafond a été atteint au cours de l'été 1997. L'indicateur du taux de chômage au sens du BIT reflète ce basculement de la conjoncture, après avoir atteint un maximum de 12,6 % fin juin 1997, il est revenu à 12,2 % fin décembre et 12,1 % fin janvier 1998. Ce retournement de tendance a donc mis un terme à une hausse engagée à l'été 1995.

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