B. LE RÉSULTAT DE L'INSUFFISANCE DE CRÉATIONS D'EMPLOIS

L'aggravation du chômage depuis 20 ans est due au retard considérable des créations d'emplois par rapport à la croissance de la population active. Les "fiches de diagnostic" destinées aux partenaires sociaux participants à la préparation de la Conférence nationale sur l'emploi, les salaires et le temps de travail du 10 octobre 1997, ont parfaitement décrit ce phénomène :

"Entre 1973 et 1996, la population active est passée de 22.210.000 à 26.250.000, est s'est donc accrue de plus de 4 millions (+ 180.000 par an). La plus grande partie de ce supplément potentiel d'actifs (2.550.000, soit 62 %) est allée gonfler le chômage en raison du dynamisme insuffisant de l'emploi. Un peu plus de 700.000 -soit 17 % de l'ensemble se retrouvent en dehors de l'activité, par exemple dans le cadre de dispositifs de formation ou de cessation anticipée d'activité. Le reste -près de 900.000, 21 %- correspond à la progression de l'emploi. Cette progression recouvre deux mouvements en sens opposé : la hausse du nombre de salariés (environ +2,2 millions), et le recul des emplois non salariés (-1,3 million)".

Pour 1997, l'INSEE estimait en juillet dernier la croissance de l'emploi à + 0.5 %.

C. UNE DIFFUSION GÉNÉRALE DU CHÔMAGE

Le chômage ne reste plus concentré sur les travailleurs non qualifiés, fragilisés par les restructurations industrielles.

Entre 1990 et 1997, comme le souligne le rapport économique, social et financier associé au projet de loi de finances pour 1998, "la hausse du nombre des demandeurs d'emploi en fin de mois s'explique ainsi, pour 88 %, par des nouveaux chômeurs qualifiés (employés qualifiés, ouvriers qualifiés, techniciens et agents de maîtrise et cadres dans une moindre mesure), les non qualifiés ne contribuant à cette augmentation que pour 12 %. En parallèle, le poids des diplômés (titulaires de CAP, BEP, BEPC, niveau baccalauréat et baccalauréat + 2, voire grande école ou 2ème cycle) dans le chômage total est passé de 14 % en 1990 à plus de 27 % aujourd'hui."

Cette évolution est confirmée par les derniers chiffres du chômage : de septembre 1996 à septembre 1997, seul a progressé de façon identifiée le chômage des employés qualifiés, agents de maîtrise, techniciens et cadres.

D. DES CATEGORIES PARTICULIÈREMENT FRAGILES

1. Le poids du chômage des jeunes

En septembre 1997, 650.300 jeunes de moins de 25 ans étaient recensés comme demandeurs d'emplois. Ce chiffre est en recul, de 7,3 % depuis un an, notamment sous l'effet du succès des contrats de formation en alternance.

Toutefois, la part des jeunes ayant un emploi reste faible : 21,5 % pour les 15-24 ans, contre 38,3 % en moyenne dans l'Union européenne.

Ce phénomène est dû à un taux de chômage plus important des jeunes français, mais aussi à une scolarité plus longue que dans les autres pays européens.

2. La situation précaire des plus de 50 ans

En septembre 1997, ce sont 393.600 personnes de 50 ans et plus qui étaient recensées comme demandeurs d'emploi, ce chiffre ayant progressé de près de 9 % en un an.

Cette situation est évidemment préoccupante, les difficultés de retrouver un emploi augmentant manifestement après 50 ans, alors que les dispositifs de préretraites ne s'adressent qu'aux personnes de plus de 55 ans.

3. L'aggravation de la situation des chômeurs de longue durée

En septembre 1997, on recensait 1.145.600 demandeurs d'emploi inscrits depuis plus d'un an, ce chiffre ayant progressé de 8,2 % en un an.

Le nombre de chômeurs de très longue durée est resté important. En septembre 1997, on recensait ainsi :

651.400 demandeurs d'emploi d'ancienneté comprise entre 1 et 2 ans

242.100 demandeurs d'emploi d'ancienneté comprise entre 2 et 3 ans

252.100 demandeurs d'emploi d'ancienneté supérieure à 3 ans.

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