D. AUDITION DE M. FRANÇOIS DE PAILLERETS, PRÉSIDENT DE LA CONFÉRENCE NATIONALE DE LA SANTÉ

Réunie le mercredi 14 octobre 1998 , sous la présidence de M. Louis Souvet, vice-président, la commission a procédé à l'audition de François de Paillerets, président de la conférence nationale de la santé, accompagné par MM. Louis Serfaty et Jacques Vleminckx, membres du bureau, sur le projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 1999 .

M. François de Paillerets a d'abord indiqué que les travaux de la Conférence nationale de santé, en 1998, s'étaient inscrits dans la continuité des années précédentes. Il a ainsi observé que les trois thèmes étudiés cette année figuraient parmi les dix thèmes retenus dès la première conférence nationale de santé.

M. Jacques Vleminckx a évoqué le premier de ces trois thèmes, la réduction des inégalités inter et infra-régionales d'accès aux soins de santé. A cet égard, la Conférence nationale de santé a formulé quatre propositions : passer d'un dispositif centré sur l'offre de soins à une démarche partant des besoins en prestations sanitaires et créer une enveloppe financière spécifique complémentaire aux autres enveloppes relatives aux soins, promouvoir le niveau régional, adapter le fonctionnement des établissements de santé et les pratiques des professionnels de santé, notamment en établissant une régulation géographique de leur installation et favoriser les plus démunis. A cet égard, M. Jacques Vleminckx a souhaité l'adoption d'une nouvelle loi sur l'allocation autonomie des personnes âgées, ainsi que celle d'une loi sur la couverture maladie universelle.

M. François de Paillerets a ensuite évoqué le second thème étudié, la prévention et le traitement du diabète. Il a indiqué que les propositions formulées par la Conférence nationale de santé pour cette maladie étaient exemplaires de ce qui pourrait être fait pour améliorer la prise en charge d'autres maladies chroniques. La Conférence nationale de santé propose d'abord un dépistage simple, ciblé et rentable du diabète. 100.000 glycémies par an pourraient être ainsi réalisées en fonction de considérations liées à l'âge et aux antécédents familiaux : ce chiffre doit être confronté aux 25 millions de glycémies effectuées chaque année en France et qui n'ont pas toujours d'utilité réelle. La Conférence nationale de santé propose également une meilleure prise en charge du diabète, trop de diabétiques légers étant soignés à l'hôpital et, inversement, trop de diabétiques lourds étant traités exclusivement en ville. Enfin, elle souhaite une meilleure éducation du patient, le traitement du diabète nécessitant une adhésion du malade.

M. François de Paillerets a enfin brièvement évoqué le troisième thème d'études de la Conférence nationale de santé, la réduction des accidents iatrogéniques. Il a estimé que le tiers de ces accidents était évitable et il a rappelé que mieux prescrire, c'était souvent moins prescrire. M. Louis Serfaty a estimé que les questions liées à la iatrogénie pouvaient être entendues de manière très large, englobant par exemple celles de l'indemnisation de l'aléa thérapeutique.

Après avoir indiqué que la prochaine Conférence nationale de santé se tiendrait au printemps prochain afin que ses recommandations puissent être prises en compte dès la préparation du projet de loi de financement de la sécurité sociale, M. François de Paillerets a fait part d'observations personnelles sur les travaux de la Conférence. Il a reconnu que, si la Conférence n'était pas du tout en mesure, aujourd'hui, de proposer au Parlement un taux de progression de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (ONDAM), peut-être pourrait-elle bientôt fournir des éléments pour définir le panier de biens et services médicaux remboursables. Il a observé que, d'ores et déjà, plusieurs propositions formulées par la Conférence nationale de santé avaient été mises en oeuvre. Il a ainsi cité la mise en place de 20 heures d'éducation à la santé à l'école et celle du réseau en cancérologie et il a constaté qu'aucune dérogation à l'interdiction de la publicité en faveur de l'alcool n'avait été accordée lors de la coupe du monde de football. Au-delà, il a affirmé que les travaux de la Conférence nationale de santé contribuaient à l'émergence d'une culture de santé publique dans notre pays.

M. Charles Descours, rapporteur pour les équilibres financiers généraux et l'assurance maladie, a souligné le rôle très positif de la Conférence nationale de santé, mais il a regretté l'insuffisante articulation de ses travaux avec ceux du Parlement. Evoquant les propositions formulées par la conférence, il a rappelé que toutes ne relevaient pas du domaine législatif. Après s'être déclaré favorable à l'adoption d'une loi sur la couverture maladie universelle et observé que le Gouvernement n'avait toujours pas déposé ce projet de loi très attendu, il a demandé aux représentants de la Conférence nationale de santé s'ils souhaitaient instituer une cinquième branche de la sécurité sociale pour couvrir le risque de la dépendance. Il a observé l'absence de consensus sur la nécessité d'une loi sur l'aléa thérapeutique et surtout sur la question de son financement. Il a enfin demandé à M. François de Paillerets si, parallèlement à des actions de santé publique prioritaires, la Conférence nationale de santé était en mesure d'énumérer des dépenses peu efficaces ou inutiles afin que le Parlement soit mieux en mesure de définir une politique de santé publique et de la financer.

M. Jean-Louis Lorrain a évoqué la question du dépistage du cancer et il a demandé à M. François de Paillerets comment s'articuleraient les prochains travaux de la Conférence nationale de santé avec ceux des " Etats généraux de la santé " organisés par le Gouvernement.

Mme Marie-Madeleine Dieulangard a abordé la proposition formulée par M. Jean-Marie Spaeth, président de la Caisse nationale d'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS), d'adopter des lois d'orientation sanitaire et elle a regretté que les observatoires régionaux de la santé manquent de moyens et voient leurs travaux insuffisamment reconnus.

M. Guy Fischer a souligné l'importance des difficultés d'accès aux soins actuellement ressenties par les plus démunis et leurs conséquences sur le fonctionnement des établissements de santé.

M. Francis Giraud , après avoir évoqué la question du dépistage du diabète, a déclaré que si les programmes de vaccination avaient eu une influence très positive sur l'état de santé des Français, il convenait d'apprécier scrupuleusement le rapport bénéfices/risques de toutes les vaccinations nouvelles.

Mme Gisèle Printz a enfin regretté que les travaux de la Conférence nationale de santé n'aient pas abordé la question des dépistages bucco-dentaire et ophtalmologique.

Répondant aux orateurs, M. François de Paillerets a affirmé que les représentants de la Conférence nationale de santé étaient à la disposition du Parlement pour organiser une meilleure coordination de leurs travaux respectifs. Il a indiqué qu'en raison de la tenue des Etats généraux de la santé, les Conférences régionales de santé ne seraient pas réunies cette année. Il a regretté que la Conférence nationale de santé ne soit pas encore en mesure d'énumérer des dépenses qui pourraient être évitées mais il a souhaité qu'elle puisse le faire dans un proche avenir. Il a reconnu que la question de la prestation autonomie n'était pas évoquée suffisamment dans le détail dans le rapport de la Conférence, mais il a indiqué que le thème central de ses travaux, l'an prochain, serait consacré au vieillissement de la population. Il s'est déclaré favorable à des lois d'orientation sanitaire, mais il a estimé qu'il conviendrait de prendre garde au risque de séparation encore accru entre le curatif et le préventif dans notre système de santé. Il a estimé indispensable de soutenir les observatoires régionaux de la santé et de leur donner les moyens suffisants et il a rappelé que la Conférence nationale de santé souhaitait qu'ils constituent le pivot de l'organisation des banques de données en santé publique proposée dans ses rapports.

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