3. Quel avenir pour Framatome ?

FRAMATOME, premier constructeur mondial de réacteurs nucléaires, s'est préparée depuis quinze ans à l'absence durable de commande de centrales nucléaires en France en diversifiant ses activités dans les domaines de la connectique, de la maintenance des réacteurs et des équipements industriels. Ainsi, les activités de service d'ingénierie, de maintenance et de vente du combustible représentent désormais 80 % des activités nucléaires du groupe.

En 1997, le chiffre d'affaires consolidé s'est élevé à 18,3 milliards de francs pour un résultat net de 990 millions de francs et un effectif de près de 20 000 personnes. La répartition du chiffre d'affaires montre une croissance continue du secteur de la connectique :



Il faut noter par ailleurs, que l'acquisition récente de l'américain BERG devrait porter la part de la connectique à 50 % du chiffre d'affaires du groupe.

FRAMATOME participe au projet EPR avec Siemens, EDF et les électriciens allemands. Les études liées à l'avant-projet détaillé réalisées jusqu'à présent ont entraîné une dépense de 750 millions de francs dont 16 % a été prise en charge par FRAMATOME su ses fonds propres.

La principale menace qui pèse sur l'avenir de FRAMATOME est la faiblesse du marché sur son métier de base : la construction des réacteurs nucléaires. Il est indispensable de pouvoir maintenir le savoir-faire de l'entreprise et notamment son bureau d'études. Face à ces difficultés, l'exportation de centrales nucléaires est vitale.

Mais au niveau international, l'atonie des marchés engendre une concurrence très vive sur les rares projets existants. Le marché le plus crédible, et en même temps le plus ouvert aux constructeurs étrangers, est le marché chinois sur lequel FRAMATOME est pour l'instant bien placé, fort de la réussite de la centrale de Daya Bay.

De plus, FRAMATOME a récemment été ébranlé par plusieurs événements :

Tout d'abord, l'alliance de SIEMENS et du groupe britannique BNFL avait déjà en 1997 fragilisé la possibilité d'un rapprochement avec le groupe allemand qui a déclaré en juillet 1998 que sa coopération avec l'opérateur français ne passerait pas par une prise de participation au capital.

De plus, l'avenir de la coopération franco-allemande dans le réacteur EPR est hypothéqué par la décision du nouveau chancelier de ne pas remplacer les centrales en fin de vie. Les dirigeants de FRAMATOME espèrent qu'une partie des quatre fournisseurs privés d'électricité en Allemagne seront associés au projet EPR et éventuellement d'autres partenaires étrangers. Un schéma de financement international serait à l'étude.

Enfin, l'activité nucléaire (Energy Systems) de l'américain WESTINGHOUSE convoitée par FRAMATOME pour accéder au marché américain de la maintenance a été cédée au groupe britannique BNFL.

En dépit de ces menaces, il convient de noter que le gouvernement n'a toujours pas remédié à la précarité de l'actionnariat de FRAMATOME, en dépit des déclarations passées. Le groupe est en effet doté depuis 1990 d'un actionnariat éclaté : 44 % du capital est détenu par Alcatel, 36 % par le CEA-Industrie, 11 % par EDF, 4 % par la CDR et 5 % par les salariés (Framepargne). L'Etat possède donc indirectement 51 % du capital (via EDF et CEA-I).

Le ministre de l'économie, des finances et de l'industrie a récemment annoncé qu'il se pencherait sur le sort de FRAMATOME au cours de l'année 1999. Il a cependant précisé que le groupe resterait public.

Au total, depuis qu'il a été distancé par BNFL sur les activités nucléaires de WESTINGHOUSE, FRAMATOME semble dépourvu de stratégie. Votre rapporteur estime qu'il convient sans tarder que FRAMATOME développe ses actions et ses partenariats internationaux pour ne pas se laisser distancer.

FRAMATOME pourrait notamment se développer dans les pays de l'Est où les besoins sont importants, non seulement en termes d'investissements nouveaux, mais aussi pour améliorer le niveau de sûreté des centrales existantes. FRAMATOME a ainsi contribué récemment à mettre aux normes de sécurité occidentales la centrale de Mochove en Slovaquie. Il reste à espérer que cette réhabilitation lui ouvrira d'autres chantiers.

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