CHAPITRE III

LA POLITIQUE INDUSTRIELLE

Le tableau ci-dessous indique le montant des crédits de politique industrielle pour 1999 :



Les crédits de politique industrielle s'élèvent à 5.051,8 millions de francs en dépenses ordinaires et crédits de paiement dans le projet de budget pour 1999, ce qui traduit une baisse de 1,9 % par rapport à 1998 .

Quatre axes peuvent être dégagés :

Face à la concurrence des pays à bas niveau de rémunération ou à celle des entreprises des grands pays industrialisés, l'innovation constitue l'arme la plus adéquate aux mains des entreprises françaises afin de créer de nouveaux produits et de nouveaux services susceptibles d'assurer leur pérennité. Le soutien à la recherche et à l'innovation constitue ainsi l'un des axes majeurs du projet de budget de l'industrie pour 1999 (2.906,6 MF).

Par ailleurs, l'année 1999 verra la mise en oeuvre d'un soutien prioritaire aux PMI qui jouent un rôle primordial en terme de création d'emplois, d'intégration sociale et d'aménagement du territoire (642,1 MF).

Le secrétariat d'Etat à l'industrie poursuivra également son soutien aux efforts des entreprises en matière de normalisation et de qualité, notamment pour les aider à participer à l'élaboration des normes européennes (352 MF).

Enfin, le gouvernement consacrera une part très importante de ses crédits de politique industrielle au soutien aux entreprises et secteurs en difficulté, et notamment à la construction navale (1.187,8 MF).

I. PLACE DE L'INDUSTRIE DANS L'ÉCONOMIE NATIONALE

A. FORCES ET FAIBLESSES DE L'INDUSTRIE FRANÇAISE

L'industrie est l'un des poumons de l'économie. C'est en grande partie grâce aux richesses qu'elle crée et à la valeur ajoutée qu'elle produit que le secteur tertiaire est capable de se développer. Il ressort ainsi des analyses menées dans les pays industrialisés  que l'évolution de la production industrielle et le taux de chômage sont liés : les pays ayant connu une forte croissance de la production industrielle présentent des taux de chômage plus faibles. Il apparaît aussi que l'activité et l'emploi industriel tirent l'emploi total.

En incluant le BTP, l'industrie représente aujourd'hui 27 % du PIB national. Cependant, son emprise sur l'ensemble de l'économie est supérieure à 50 % du PIB si l'on inclut les consommations intermédiaires et les revenus distribués.

Par ailleurs, l'industrie assure 63 % de l'effort de recherche et développement national et représente 75 % des échanges commerciaux de la France avec l'étranger.

Elle emploie aujourd'hui 3,8 millions de personnes et en fait vivre autant par le biais des services rendus aux entreprises industrielles. En outre, 500.000 emplois ont été créés depuis 1990 dans le secteur des services aux entreprises, le plus souvent par externalisation d'un certain nombre de fonctions (conception, design, ingénierie, logistique, R&D...).

Toutefois, l'industrie française présente des faiblesses. Ainsi, la production industrielle française a progressé moins rapidement en France depuis quinze ans que chez nos principaux voisins. En outre, si la France conserve son rang de 4 ème puissance industrielle mondiale, il faut noter que l'écart avec l'Italie et la Chine s'est réduit ces dernières années.

Parmi les faiblesses de l'industrie, il convient de relever :

La faiblesse du nombre de grands groupes

La France ne compte ainsi qu'une dizaine d'entreprises parmi les 100 plus grands groupes industriels et affiche de ce point de vue un retard par rapport à l'Allemagne, le Royaume-Uni, le Japon et les Etats-Unis. Les groupes français présentent en outre une surface financière moindre que les entreprises étrangères, ce qui se traduit par l'absence d'entreprises françaises parmi les 100 premières capitalisations boursières.

Un tissu industriel déséquilibré

Le tissu industriel français est caractérisé par une sur-représentation des petites PMI. En revanche, les entreprises médianes sont peu nombreuses ce qui est problématique au regard du rôle d'impulsion qu'elles peuvent avoir dans le tissu industriel et de relais entre les grands groupes et les PMI. Elles jouent en outre un rôle important en matière d'innovation et d'exportation.

Les PMI présentent de manifestes potentialités de développement mais souffrent de certaines faiblesses structurelles (faiblesse des fonds propres, difficultés d'accès au crédit) auxquelles les gouvernements successifs tentent de répondre depuis plusieurs années, par le biais notamment de mesures fiscales incitatives (taux d'imposition réduit pour les entreprises qui augmentent leurs fonds propres, avantages fiscaux consentis aux contribuables qui investissent dans le capital de sociétés non cotées, fonds communs de placement dans l'innovation...).

Des investissements insuffisamment dynamiques

Les investissements des entreprises ont diminué de 34 % entre 1990 et 1994. La reprise récente n'a que partiellement comblé ce recul. Sur longue période, l'investissement industriel a progressé plus fortement au Japon et aux Etats-Unis, et, dans une moindre mesure en Allemagne. Un tel déficit d'investissement en France pèse sur la compétitivité des entreprises.

La faiblesse de la recherche et développement

La France ne consacre qu'1,5 % de son PIB à la R&D, contre 1,8 % aux Etats-Unis et 1,6 % en Allemagne.

En outre, malgré des efforts importants, la recherche publique reste insuffisamment orientée vers la recherche en entreprise à l'inverse des États-Unis ou du Japon.

Une internationalisation insuffisante

En matière commerciale, de positionnement stratégique sur les différents marchés, notamment sur les marchés émergents, en matière de partenariats industriels, les entreprises françaises accusent un certain retard par rapport à leurs concurrentes, malgré le rattrapage opéré ces dix dernières années.

Toutefois, si le recul du poids de l'industrie dans le PIB s'explique par des gains de productivité plus élevés que dans les autres secteurs, le recul de l'emploi industriel et surtout de la production industrielle n'est pas une fatalité . Il revient à la politique industrielle d'encourager l'essor de l'industrie par une action sur l'environnement des entreprises et en incitant ces dernières à innover pour développer de nouveaux gisements de valeur ajoutée.

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