III. PRINCIPALES OBSERVATIONS

A. OBSERVATIONS BUDGÉTAIRES

A titre liminaire, il convient de s'élever contre la disparition du fascicule budgétaire " industrie " qui témoigne symboliquement du peu d'importance que le gouvernement accorde à l'action industrielle et à l'avenir industriel de notre pays.

Les crédits consacrés à l'industrie qui ont pu être mis en évidence dans le " bleu " désormais unique du ministère de l'économie, des finances et de l'industrie, appellent les observations suivantes :

1. Un calibrage plus rigoureux des besoins de crédits

Sur l'exécution du budget 1998, votre rapporteur renvoie à son rapport qui fournira une analyse détaillée. Il rappelle toutefois que le montant des crédits réellement disponibles pour l'industrie en cours d'année excède généralement très largement celui qui est voté par le Parlement en loi de finances initiale , compte tenu, d'une part, d'un transfert important de crédits au profit du CEA en provenance du ministère de la défense (7 099 millions de francs en 1998), d'autre part, du montant important des reports de crédits sur des chapitres dont les taux de consommation sont erratiques (et surtout imprévisibles), et, enfin, des crédits généralement importants ouverts en loi de finances rectificative au profit, le plus souvent, de la construction navale.

Votre rapporteur s'élève par principe contre des reports de crédits excessifs ou l'ouverture de crédits très importants en loi de finances rectificative, surtout lorsque ces pratiques deviennent la norme.

S'agissant des reports de charges, la Cour des comptes observe dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998, qu'ils " portent souvent sur les mêmes chapitres que les années précédentes, ce qui rend indispensable leur remise à niveau dans les prochaines lois de finances " .

Pour le budget de l'industrie, les reports de crédits , qui se sont élevés à 1 644 millions de francs en 1998, portent principalement sur les chapitres 64-93 " équipement naval ", 64-96 " restructurations industrielles " et 62-01 " reconversion ". S'il est vrai que la consommation des crédits de ces chapitres est très difficile à anticiper, le seul fait que les reports se perpétuent d'année en année prouve qu'ils sont probablement trop dotés.

Le gouvernement en a tenu compte cette année puisque les crédits du chapitre 64-96 (qui incluent désormais les crédits de reconversion) sont contractés de 27 % dans le budget pour 2000, ce dont votre rapporteur se félicite. Il en est de même pour les crédits du Fonds de soutien aux hydrocarbures qui sont diminués de 46 % afin de tenir compte des importants reports qui avaient traditionnellement lieu d'une année sur l'autre sur le compte d'affectation spéciale n° 902-12 budgétisé l'année dernière.

S'agissant des ouvertures de crédits en cours d'année, la loi de finances rectificative pour 1998 a ouvert 2 493,2 millions de francs de crédits nouveaux au profit du budget de l'industrie, dont 2 476 millions de francssont venus alimenter le chapitre 64-93 " équipement naval - interventions " pour financer des aides à de nouvelles commandes passées aux Chantiers de l'Atlantique et des aides complémentaires pour couvrir une dérive sur le coût de contrats des Chantiers du Havre.

Quelle que soit la justification de ces crédits, la pratique de l'ouverture d'enveloppes importantes de crédits en loi de finances rectificative est une entorse à l'annualité budgétaire dès lors qu'elle a pour objet, non pas de compléter une enveloppe de crédits trop étroite pour l'année en cours, mais d'anticiper des besoins sur l'exercice suivant.

Ainsi, comme l'observe la Cour des comptes dans son rapport sur l'exécution des lois de finances pour 1998, " les crédits ouverts aussi tardivement par la loi de finances rectificative ne pouvaient, pour une grande partie, être consommés au cours de l'exercice, et ont engendré d'importants reports " . La Cour ajoute : " La loi de finances rectificative pour 1998 paraît avoir été utilisée non seulement pour ajuster les crédits de l'exercice en cours, mais aussi pour ouvrir, par report, des crédits qui n'ont pu être prévus à temps dans la loi de finances initiale de 1999 " .

On peut se féliciter à cet égard que le gouvernement ait décidé d'accroître sensiblement cette année les dotations du chapitre 64-93 afin de mieux les faire correspondre avec les besoins réels de l'industrie navale.

Toutefois, selon les informations recueillies par votre rapporteur, la loi de finances rectificative pour 1999 devrait ouvrir de nouveaux crédits au profit de ce chapitre, malgré les très larges reports d'une année sur l'autre, afin d'anticiper sur l'année 2001 qui verra la fin des aides publiques à la commande, en application d'un règlement communautaire du 7 mai 1998.

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