2. Grands chantiers : le passage à vide obligé

Votre rapporteur a aussi fait le tour de deux grands chantiers, correspondant à des opérations, dont la définition comme la mise en oeuvre lui ont apparues laborieuses.

La restauration du Grand Palais, fermé depuis 1994 par suite de la chute d'un boulon, n'est toujours pas entrée dans sa phase opérationnelle.

L'enveloppe prévue pour la première phase de l'opération s'élève à 400 millions de francs ; l'enveloppe de crédits nécessaires à la réalisation de la deuxième phase des travaux de consolidation et de restauration du bâtiment - partie nord - a été arrêtée à 384 millions de francs.

L'opération a été financée progressivement à hauteur de 33 millions de francs en 1994, de 150 millions de francs en 1998 et de 217 millions de francs en 1999 (montants exprimés en autorisations de programme). Une ouverture de 30 millions de francs d'autorisations de programme est prévue dans le projet de loi de finances pour 2000 au titre de la deuxième phase de cette opération.

La maîtrise d'ouvrage de cette opération a été transférée par une la convention de mandat en date du 28 juin dernier du Service national des travaux à l'Etablissement public de maîtrise d'ouvrage des travaux culturels. L'opération est prévue pour durer trois ans, la phase d'études détaillées se déroulant à l'automne 1999 pour un démarrage des travaux annoncé pour le début du mois de janvier 2000.

Votre rapporteur peut à ce stade faire deux observations sur la conduite de la rénovation du Grand Palais :

•  Il s'agit d'une opération lourde pour laquelle on peut facilement avoir à faire face à des dérapages dans le calendrier des travaux ou dans le budget ; on note déjà, qu'il a fallu désigner un médiateur issu du Conseil d'État pour aplanir les difficultés auxquelles avait donné lieu la sous-estimation de l'importance des travaux par l'étude ayant servi de base au cahier des charges de la maîtrise d'oeuvre ;

•  Aux deux phases, correspondant à la stricte restauration du bâtiment, s'ajoutera le coût des travaux d'aménagement du Grand Palais, en fonction du contenu de l'usage qui sera fait du bâtiment tel qu'il sera décidé par le Ministre. Le ministère indique qu'il " poursuit sa réflexion sur le remembrement de l'espace entre le Palais de la découverte et les Galeries nationales du Grand Palais ", tout en précisant qu'en " tout état de cause, le Grand Palais restauré aura vocation à accueillir à nouveau les salons d'artiste ". Compte tenu de l'implication du ministère de l'Éducation nationale qui gère le Palais de la découverte, et du fait que, notamment, les galeries organisatrices de la FIAC semblent se trouver plus à l'aise à la Porte de Versailles, on ne peut que constater que l'avenir du Grand Palais reste encore largement indéterminé.

Le Palais de Tokyo
, inauguré pour l'exposition de 1937 par Léon Blum a abrité le musée national d'art moderne jusqu'en 1976. Longtemps sans affectation autre que provisoire - on y a montré les réserves du Louvre ainsi que la préfiguration d'Orsay -, le Palais de Tokyo aurait dû accueillir le Musée et l'Ecole du cinéma. Leur transfert à Bercy dans l'immeuble construit par Frank Gehry pour l'American Center, a de nouveau privé le bâtiment d'affectation, après que l'on ait dépensé plus de 30 millions de francs d'études en pure perte.

Il est proposé par le présent projet de budget d'affecter une partie des locaux disponibles à un centre de la jeune création française , dont votre rapporteur a constaté à l'occasion d'autres travaux, qu'il était ardemment souhaité par les professionnels artistes et galeries.

Il est précisé qu'il est prévu pour son installation 17 millions de francs d'autorisations de programme, " outre des autorisations de programmes disponibles sur des reliquats d'opérations précédentes pour le même édifice ", auxquels s'ajoutent des crédits de fonctionnements de 2 millions de francs pour une ouverture prévue au second semestre de l'an 2000.

Une fois encore, il semble qu'on ait utilisé les autorisations parlementaires pour d'autres fins que celles pour lesquelles elles avaient été demandées. Il serait, à cet égard, particulièrement instructif de connaître le coût du transfert de la Maison du cinéma à Bercy.

En tout état de cause, votre rapporteur tient à souligner qu'il ne s'agit là que d'une affectation provisoire, ce que souligne assez le fait que le centre d'art contemporain n'occupera que 3000 mètres carrés sur 18 000 mètres carrés, ce qui laisse 15 000 mètres carrés sans affectation.

Le sort de ces deux bâtiments est étroitement lié à la solution d'ensemble qui sera donné au problème général d'affectation des lieux ou des collections, qu'il s'agisse de l'actuel Musée des arts africains et Océaniens, dont les collections vont être transférées au futur Musée des arts et des civilisations souhaité par le Président de la république, ou des collections du Musée national d'art moderne, qui ne pourront pas indéfiniment comprendre l'art du XX e siècle et l'art vraiment contemporain.

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