ANNEXE 1

ÉTUDE D'IMPACT
____

Objet : Accueil des gens du voyage

I. IMPACT JURIDIQUE ET ADMINISTRATIF

I.1. IMPACT JURIDIQUE


Point précis de la législation ou de la réglementation applicable, portée des modifications apportées à l'état du droit adéquation aux objectifs poursuivis

L'article 28 de la loi du 31 mai 1990 issu d'un amendement parlementaire, repose sur la bonne volonté et l'incitation.

Or le bilan de 9 ans d'application est mitigé faute de précision, de sanction, et de financement appropriés.

Par ailleurs, le présent projet de loi a vocation non seulement à répondre au passage et séjour, mais aussi à apporter une réponse globale à l'accueil des gens du voyage en leur donnant la possibilité de s'installer de façon plus pérenne, dans le respect des règles, lorsqu'ils le souhaitent.

Exposé des différentes solutions possibles - des motifs de la solution retenue et, notamment, nécessité des solutions proposées

Sur la base du constat de la diversité des besoins des gens du voyage (rassemblements occasionnels, séjour de plus ou moins courte durée, sédentarisation...), le projet de loi organise les conditions de la production de réponses adaptées.

Ainsi le schéma départemental a vocation sur la base d'une analyse des besoins à prévoir la localisation des aires, leur affectation, leur capacité ainsi que les interventions sociales nécessaires.

Il détermine également les terrains qui peuvent être utilisés pour l'accueil de rassemblements occasionnels.

Enfin le projet de loi prévoit l'aménagement de terrains de type " terrains familiaux ", répondant au souhait de sédentarisation d'une partie des gens du voyage.

Applicabilité aux DOM-TOM et conditions de cette application

Les gens du voyage ne se sont installés dans aucun DOM ou TOM.

Eléments d'appréciation des dispositions proposées sur la sécurité juridique

Ce texte vient abroger l'article 28 de la loi du 31 mai 1990.

Il s'agit de modifier et de compléter le cadre législatif relatif à l'accueil des gens du voyage pour en garantir une application effective.

I.2 IMPACT ADMINISTRATIF

Capacité des autorités publiques, en termes humains, matériels et budgétaires, à mettre en oeuvre les nouvelles normes

L'application de ces dispositions nécessite une mobilisation importante de différents services de l'Etat, ainsi que de ceux des collectivités locales concernées en moyens tant humains que budgétaires.

1) Le projet de loi prévoit l'obligation d'élaborer des schémas départementaux dans un délai de 18 mois.

Jusqu'à présent en application de l'article 28 de la loi du 31 mai 1990 :

- 32 départements disposent d'un schéma approuvé conjointement par le préfet et le président du conseil général, et 15 d'un schéma approuvé par le préfet seul ;

- les autres départements, soit ont réalisé les études préalables et sont en phase d'élaboration du schéma, soit n'ont ni schéma ni études préalables (ce sont pour certains des petits départements dans lesquels le problème du stationnement ne se pose pas avec trop d'acuité).

Il ressort de ce constat que le délai de 18 mois, donné pour l'élaboration des schémas ou la révision des schémas existants dans les nouvelles conditions liées à la loi, apparaît adapté aux réalités locales.

2) Le projet prévoit d'autre part l'obligation de réalisation des aires dans un délai de 2 ans suivant l'approbation du schéma.

Le projet de loi conjugue un ensemble de mesures incitatives et coercitives de nature à lever les difficultés rencontrées dans l'application de l'article 28 de la loi du 31 mai 1990.

Des moyens budgétaires importants sont à prévoir tant en investissement qu'en fonctionnement.

Les services de l'Etat seront fortement sollicités pour aider les communes qui le souhaitent au montage de projets d'aires d'accueil, ainsi qu'au suivi de la gestion.

3) Enfin, en cas de carence des collectivités locales, le projet de loi organise au terme du délai de 2 ans après l'approbation du schéma un pouvoir de substitution de l'Etat. Dans ce cas, les DDE devront être maître d'ouvrage et maître d'oeuvre pour la réalisation de terrains d'accueil.

Impact des nouvelles normes au regard des objectifs de simplification administrative (formalités incombant aux entreprises et autres catégories d'usagers)

Néant.

Nombre d'autorités intervenant dans la procédure - formalités administratives nouvelles - justification de celles-ci - délai moyen de prise de décision

Ce texte est de la compétence de l'Etat et des collectivités locales (département et communes).

Une commission départementale associant les services de l'Etat, les collectivités locales concernées et les associations représentatives des gens du voyage ou personnes qualifiées, sera créée.

En cas de dérogation au principe général de déconcentration des missions et moyens et décisions individuelles - motifs de cette dérogation

Néant.

II. IMPACT SOCIAL, ECONOMIQUE ET BUDGETAIRE

Impact sur la société au regard des principes démocratiques et républicains, de l'intérêt général et des intérêts particuliers en cause avec principaux éléments d'impact économique et budgétaire

Ce projet de loi a pour objectif de définir un équilibre satisfaisant entre les droits et devoirs tant des gens du voyage que des collectivités publiques.

Analyse globale des effets micro et macro économique des mesures proposées

Conséquences budgétaires pour l'Etat, les collectivités locales, les établissements publics, les entreprises publiques, les comptes sociaux : mise en perspective pluriannuelle

1) Pour l'Etat

Les conséquences budgétaires portent sur la création des terrains d'accueil et leur gestion.

a) En investissement : pour qu'existent, à terme, les 30 000 places nécessaires au total (5 000 existantes + 25 000 à aménager) le coût maximum pour l'Etat sera de 435 MF/an de subvention, sur 4 ans.

Les 100 000 voyageurs correspondant environ à 30 000 familles, 30 000 places d'accueil sont donc nécessaires.

10 000 places existent actuellement, dont :

- 5 000 sont des places d'accueil aménagées correspondant aux objectifs du projet de loi,

- et 5 000 sont des places très sommairement équipées qu'il faudra transformer en vraies places d'accueil ou laisser à disposition, en l'état, pour des passages de courte durée (sans qu'elles puissent alors compter comme aires aménagées).

En fonction de ces données on estime donc à 25 000 le nombre de places à créer ou à réhabiliter, pour obtenir les 30 000 places nécessaires.

Le coût de réalisation d'une place est de l'ordre de 100 000 F. Avec une subvention à 70 % de l'Etat, le coût maximum total à prévoir pour l'Etat est de :

(100 000 F x 70 %) x 25 000 places = 1 750 MF en 4 ans soit 435 MF/an à parité ministère du Logement et ministère Emploi solidarité.

b) En fonctionnement : il s'agit d'une aide aux gestionnaires des terrains d'accueil en fonction de la capacité d'accueil de l'aire. Il est prévu une aide, comparable à l'ALT, d'un montant de 10 000 F par place/an, soit à terme pour 30 000 places (5 000 existantes + 25 000 supplémentaires prévues) un coût de :

10 000 F x 30 000 places = 300 MF/an

5 000 places répondent actuellement aux critères et seront concernées dès l'application de la loi (soit 50 MF/an).

Le financement de ces sommes n'est cependant à la charge de l'Etat que pour moitié (soit 150 MF/an à terme, et 25 MF dès l'application de la loi. L'autre moitié est financée par la CNAF (48 %) et la MSA (2 %) : cf. infra 3).

2) Pour les collectivités locales

Outre les dépenses induites par l'accueil de populations sur le budget général de la commune (obligation scolaire, action sanitaire et sociale...), la réalisation des aires d'accueil des gens du voyage se traduira pour les collectivités locales par des dépenses d'investissements et de fonctionnement, et par une DGF accrue :

a) En investissement : le coût pour les communes de plus de 5 000 habitants sera augmenté dans la mesure où le nombre d'aires réalisées s'accroîtra, sous l'effet des moyens nouveaux (forte incitation financière pendant une période limitée, voire substitution de l'Etat pour le compte de la commune) pour rendre effective l'obligation de la loi. Ce coût se présentera quand l'obligation de l'article 28 de la loi du 31 mai 1990 n'a pas été respectée.

En revanche la participation des communes concernées diminue puisqu'elle passe de 65 % à 30 % (corollaire de l'augmentation de la subvention de l'Etat) : ce pourcentage sera lui-même diminué par les éventuelles aides autres que celles de l'Etat.

b) En fonctionnement : actuellement moins d'un terrains sur deux est géré, mais sans aide ad hoc des pouvoirs publics.

Après la loi, la gestion des aires sera la règle. En contrepartie deux aides financières seront apportées aux communes :

- l'aide à la gestion, comparable à l'ALT, financée par l'Etat, la CNAF et la MSA (elle représentera environ la moitié des dépenses) ;

- une participation du département, dans des conditions fixées par convention avec les gestionnaires des aires : elle ne pourra excéder le quart des frais de fonctionnement.

De plus, un droit d'usage sera versé par les gens du voyage fréquentant les aires.

c) Interviennent aussi les conséquences du nouveau mode de calcul de la DGF : la population communale est bonifiée forfaitairement d'un habitant par place de caravane.

3) Pour les comptes sociaux

L'aide à la gestion des aires d'accueil, comparable à l'ALT, est financée à 48 % par la CNAF (branche famille), 2 % par la MSA (et 50 % par l'Etat) ; la CNAF et la MSA auront donc, à terme, à prendre en charge le financement de 150 MF/an (cf. supra 1-b pour le calcul de ces montants).

Bilan coût-avantages le cas échéant

Les mesures d'injonction, vis-à-vis des gens du voyage, auxquelles pourront avoir recours les maires, dès lors qu'ils auront réalisé une aire d'accueil, devraient leur éviter des frais coûteux d'expulsion.

Ces coût budgétaires doivent être mis en perspective avec les possibilités données aux gens du voyage de retrouver leur place dans la société, et de mieux s'insérer.

Dispositif de suivi et d'évaluation de la mise en oeuvre

Le projet de loi prévoit un calendrier très précis de mise en oeuvre qu'il appartiendra aux pouvoirs publics de contrôler.

Les thèmes associés à ce dossier

Page mise à jour le

Partager cette page