b) Des effets pervers
Le
système de la cantine entraîne également des effets
pervers, en renforçant les inégalités, en suscitant des
rapports de force et en favorisant le développement du racket.
Tous les intervenants auditionnés par la commission d'enquête ont
souligné que l'argent était roi en prison, alors même que
sa détention et,
a fortiori,
sa circulation sont interdites.
Conformément à l'ancien système de la
" pistole ", celui qui dispose d'un pécule important pourra
donc améliorer sensiblement ses conditions de détention, alors
que l'indigent devra se contenter du minimum mis à sa disposition par
l'administration pénitentiaire. Le professeur Jean-Jacques
Dupeyroux a comparé cette situation à celle de la Bastille,
où les détenus issus de la noblesse pouvaient conserver leurs
domestiques et se faire servir.
Si elle crée des inégalités, la cantine favorise aussi le
développement de rapports de force, puisque le détenu
" riche " va établir sa domination sur les moins
argentés qui dépendront de lui pour bénéficier
d'une cigarette, d'un timbre ou encore de la télévision.
La solidarité entre les détenus étant ce qu'elle est, tout
se paie. Celui qui n'a pas d'argent devra donc s'acquitter de sa dette en
" rendant service ". Il pourra faire le ménage, mais aussi
parfois être contraint de satisfaire d'autres demandes moins avouables de
son ou de ses codétenus...
Mme Chantal Crétaz, présidente de l'Association nationale des
visiteurs de prison, a ainsi rappelé que "
la pauvreté
crée en détention un climat de danger majeur pour
l'intégrité des personnes car elle soumet les détenus les
plus pauvres aux trafics et aux pressions de toutes sortes.
".
Par ailleurs, les produits proposés par la cantine suscitent des
convoitises et favorisent le développement du racket.