(2) Une crise dont l'ampleur demeure encore incertaine

Le secteur de la viande bovine, à l'image d'autres secteurs, a commencé à connaître des excédents structurels dans les années 1970. Ceux-ci ont entraîné une augmentation continue des dépenses budgétaires. Le pic de la production a été atteint au début des années 1990, lorsque les dépenses ont dépassé la barre des 4 milliards d'euros, soit 14 % de l'ensemble des dépenses Feoga-garantie.

La réforme de 1992 a permis une diminution des dépenses par une baisse de la production.

Les crises de l'ESB vont cependant renverser cette tendance et provoquer de très fortes hausses des dépenses, qui vont atteindre des niveaux historiques.

La première crise majeure s'est produite en 1996 , à la suite de l'annonce par le ministre de la santé britannique d'une possible transmission à l'homme, et de ses retombées médiatiques.

La consommation de viande bovine a ainsi enregistré une baisse de 7,4 % en 1996 par rapport au niveau de 1995 : cette diminution de la consommation, ainsi que des mesures exceptionnelles liées à la lutte contre l'ESB, ont provoqué une hausse très importante des dépenses. La part du secteur de la viande bovine dans les dépenses totales a atteint 18 % en 1996, soit 7,5 milliards d'euros en valeur absolue.

Le secteur de la viande bovine a, toutefois, enregistré un redressement à partir de 1997, du fait d'une certaine reprise de la consommation. Il convient, cependant, de noter que la baisse de la consommation de viande, et en particulier de la viande rouge, est une tendance de long terme dans les pays développés.

C'est dans ce contexte que survient, à partir de la fin de l'année 2000, une crise sans précédent.

En effet, on constate, depuis octobre 2000, une très forte diminution de la consommation de viande bovine : la consommation, au cours du dernier trimestre 2000, a diminué par rapport à la même période de l'année précédente dans neuf Etats membres, avec des baisses allant de 20 % en France à 50 % en Allemagne.

De plus, à la différence de la crise de 1996, la diminution de la consommation semble devenir un phénomène durable. En effet, au cours du premier trimestre 2001, celle-ci se serait aggravée, avec des baisses de 50 % en Allemagne, 40 % en Espagne, en Italie et en Grèce, 30 % au Portugal, en Autriche et au Luxembourg, 25 % en France et 20 % en Belgique (chiffres de la Commission européenne).

Par ailleurs, les exportations de viande bovine de l'Union européenne vers les pays tiers (autour de 1 million de tonnes) ont été considérablement restreintes par ces pays.

Cette chute sans précédent de la consommation a provoqué un effondrement des prix (et une perte de revenu pour les éleveurs) ainsi qu'une augmentation des stocks. Les conséquences de ces deux phénomènes ne peuvent, pour l'instant, que faire l'objet de prévisions.

En ce qui concerne les stocks, la Commission européenne a envisagé, dans un document de réflexion présenté au Conseil des ministres de l'agriculture du 29 janvier dernier, deux scenarii (contenant les chiffres de la production, de la consommation, des exportations, des importations et des stocks) calculés sur l'année 2001 et les exercices budgétaires suivants (2002-2003).

Le premier scénario part de l'hypothèse d'une baisse de la consommation de 10 % au cours de l'année 2001, et le second scénario d'une baisse de la consommation de 12 %. Selon la Commission, les stocks accumulés seront de plus de 1,7 million de tonnes dans le premier scénario et de près de 2,3 millions de tonnes pour le second, sachant que la capacité de stockage maximum de la viande bovine dans l'Union est limitée à un million de tonnes.

Les cours du marché de la viande se rapprochent, eux, dangereusement du « filet de sécurité », c'est-à-dire du seuil au-dessous duquel les achats publics d'intervention se déclenchent automatiquement.

Dans le scénario optimiste où la baisse de la consommation serait limitée à 10 %, la Commission européenne a calculé que les achats publics d'intervention dépasseraient le million de tonnes, pour un coût budgétaire de l'ordre de 3 milliards d'euros.

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