7. Le constat de la commission d'enquête au Royaume-Uni : l'élevage anglais à la dérive

Lors de son déplacement au Royaume-Uni, au moment le plus critique de l'épizootie de fièvre aphteuse, la commission d'enquête n'a pu que constater le faible poids politique de l'agriculture et la situation très préoccupante dans laquelle se trouvent aujourd'hui les éleveurs britanniques.

La commission a constaté que la fièvre aphteuse semblait préoccuper davantage le gouvernement, en raison de ses retombées économiques et touristiques qu'en raison de la détresse des agriculteurs. Aucune indemnisation des éleveurs n'était encore prévue par le gouvernement au moment de son déplacement, et seuls des dons privés à destination d'une caisse nationale de solidarité avaient permis de venir en aide aux agriculteurs touchés par la crise.

On rappellera que la population agricole au Royaume-Uni représente moins de 2 % de la population active et les 240.000 exploitations qui subsistent aujourd'hui dans le Royaume sont en baisse régulière, tout comme l'est la surface moyenne de ces exploitations.

En outre, l'agriculture ne contribue qu'à 0,9 % du produit intérieur brut britannique et le revenu agricole moyen a connu une baisse de l'ordre de 70 % depuis 1995 ; de nombreuses exploitations au Pays de Galles sont même déficitaires en dépit du soutien des aides communautaires.

La commission a également constaté que le poids politique des agriculteurs était extrêmement faible au Royaume-Uni : six ministres de l'agriculture se sont succédé en six ans et la question se pose même de savoir si le ministère de l'Agriculture doit être maintenu. Dans le même temps, l'industrie agro-alimentaire britannique, qui représente le plus important secteur manufacturié du Royaume-Uni, doit compter avec la grande distribution qui exerce de fortes pressions à la baisse sur les prix des denrées alimentaires.

L'audition par la commission d'enquête de représentants du ministère de l'Agriculture britannique, le Dr Mandy Bailey, responsable de la division sur l'action contre l'ESB et son collaborateur M. Mark Filley, a été édifiante : ces fonctionnaires du MAFF n'ont pas été en mesure de fournir à la commission le nombre exact de vétérinaires-inspecteurs attachés au ministère de l'Agriculture, ni le montant du budget des services vétérinaires britanniques.

Plus généralement, la commission d'enquête n'a pas pu obtenir de précisions satisfaisantes sur la mise en place du système d'identification des animaux, le CTS (Cattle Tracing System) qui ne se réaliserait que très lentement, notamment pour les ovins.

La commission a pu constater que la gestion difficile de l'épizootie de fièvre aphteuse illustrait les graves carences du système d'épidémio-surveillance britannique. Le professeur Roy Anderson, l'un des épidémiologistes les plus réputés du Royaume-Uni, a aussi estimé que l'épizootie avait échappé aux contrôles des autorités britanniques et que son développement résultait notamment d'une réduction de moitié du nombre de vétérinaires du service public, en charge de la surveillance de ces maladies animales. Il a ajouté : « Si nous ne mettons pas suffisamment de ressources publiques dans la surveillance, nous devons être prêts à en subir les conséquences. Et les conséquences de cette crise vont être considérables. ».

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