B. UNE EXPLORATION CENTRÉE SUR LE RETOUR AU PLEIN EMPLOI

1. Un objectif retardé

Le scénario présenté est un scénario de retour au plein emploi, défini par un taux de chômage à 5 %. L'économie française est marquée par un taux de chômage élevé (environ 9 % en 2001), symptôme de ressources productives inutilisées. La perspective de moyen terme est celle du retour vers le plein emploi à l'horizon 2010.

Afin d'enregistrer un recul du chômage, la croissance française doit être supérieure à son potentiel de long terme. Cette croissance potentielle est de l'ordre de 2,4 % par an - même si ce chiffre est entouré des incertitudes relatives au rythme futur de la productivité du travail - et ralentirait à l'horizon 2006 à 2 % en conséquence d'une moindre croissance de la population active.

Depuis l'année 1997, la France a effectivement eu une croissance supérieure à son potentiel. En moyenne, la croissance a été supérieure à 3 %. Depuis le début de l'année 2001, les économies mondiales connaissent un ralentissement net auquel la France n'échappe pas. Le retour vers une trajectoire de croissance plus élevée devrait demander quelques trimestres. Ceci fonde un scénario où le ralentissement se prolongerait jusqu'au deuxième semestre de l'année 2002, puis laisserait place à une reprise. En moyenne annuelle, la croissance des années 2001 et 2002 serait de 2 %, à opposer aux 3 % observés antérieurement.

Par rapport à des scénarios antérieurs de retour au plein emploi, la croissance plus faible des années 2001 et 2002 induit un retard important . Ainsi, au lieu d'un retour au plein emploi à l'horizon 2005-2006 15 ( * ) , celui-ci se situe vers les années 2008-2010.

2. Un résultat soumis à des conditions exigeantes

Ce résultat n'est acquis qu'à la condition d'une croissance effective supérieure à la croissance potentielle.

Comme l'OFCE l'a déjà exploré dans des travaux antérieurs, une croissance supérieure à la croissance potentielle suppose deux types de conditions :

- D'une part, une demande et une offre soutenues sont nécessaires . Cela est vrai pour la demande des ménages, ce qui suppose que leur revenu disponible brut soit en expansion. Cela est aussi vrai pour les entreprises, à travers leur investissement qui est non seulement une composante de la demande mais qui, de plus, permet d'augmenter les capacités de production afin de pouvoir satisfaire la demande.

- D'autre part, une évolution structurelle dans la formation des prix et des salaires est nécessaire . Le taux de chômage n'accélérant pas l'inflation (NAIRU) doit se réduire afin de permettre une baisse du chômage sans que des tensions inflationnistes ne se déclenchent, ne compromettent le processus de croissance et, in fine , la réduction du chômage.

S'agissant des finances publiques, la projection tient compte d'un objectif de redressement justifié par le souci de maîtriser l'évolution de la dette publique et de respecter les engagements pris par la France dans le cadre du pacte de stabilité et de croissance. La politique budgétaire a donc été calée sur la programmation pluriannuelle des finances publiques présentée en janvier 2001 à la Commission européenne. Il faut souligner qu'à l'évidence, ce programme n'intégrait pas l'impact du ralentissement constaté depuis le début de l'année 2001 sur les déficits des administrations publiques et les réactions de politique économique qui pourraient en découler.

L'hypothèse d'une application rigoureuse du programme de stabilité se traduit par une stabilité de l'évolution des dépenses publiques par rapport à leur rythme de croissance de longue période. Celles-ci croîtraient de 1,5 % en moyenne sur la période 2001-2006. L'hypothèse retenue traduit cependant un relâchement dans la maîtrise des dépenses publiques par rapport aux années récentes 16 ( * ) .

La projection met en évidence la poursuite de l'inflexion des tendances de l'économie française. La croissance affichée en projection (+ 2,6 % par an en moyenne sur le moyen terme) est en effet nettement plus élevée qu'au cours de la période 1990-1998 (1,4 % par an), qui était marquée par des conditions monétaires (taux d'intérêt et taux de change) particulièrement pénalisantes et caractérisées par un fort ralentissement de l'activité. Elle est aussi plus rapide au cours d'une période plus longue allant de 1980 à 1998, où elle fut de 1,9 %.

L'économie française rattrape ainsi son retard, avec une croissance supérieure à son taux de croissance potentielle (2,4 % par an en 2001). Cependant, cet écart entre croissance effective et potentielle se réduit progressivement, le phénomène de rattrapage s'atténuant.

L'accélération de l'activité allège la contrainte sur les finances publiques. Alors que les dépenses restent maîtrisées, la croissance apporte des recettes fiscales qui viennent réduire le déficit.

* 15 Voir à ce sujet « Le retour au plein emploi ? », Revue de l'OFCE, n°79, octobre 2001.

* 16 On rappelle que les dépenses publiques ont augmenté, respectivement, de 3 et 2,8 % en 1998 et 1999.

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