2. Quel sentier de croissance après le choc ?

Le diagnostic conjoncturel sur le ralentissement de la croissance intervenu au début de l'année oppose deux visions : celle d'un ralentissement transitoire suivi d'un retour rapide à un dynamisme économique soutenu ; celle d'un choc accusé suivi d'une reprise plus tardive et d'un retour à des taux de croissance moins élevés qu'avant le retournement du cycle.

Dans ce débat, la situation de l'économie américaine est emblématique et illustre quelques enjeux essentiels.

Il importe en particulier de vérifier si la croissance potentielle a bien été élevée par l'essor des nouvelles technologies de l'information et de la communication (NTIC). A supposer que ce diagnostic soit erroné, la reprise pourrait certes se profiler, mais avec beaucoup de retard et sans déboucher sur des rythmes de croissance semblables à ceux observés dans le passé récent.

En effet, il est alors à redouter que le taux d'emploi américain n'apparaisse insoutenable, déclenchant soit un surcroît d'inflation sur lequel viendrait buter la croissance américaine avec des effets à en redouter en Europe et en France, soit un retour à un chômage d'équilibre plus élevé avec toutes les conséquences défavorables d'un tel phénomène sur la demande intérieure américaine et, partant, pour l'Europe et la France.

Dans ce scénario plus sombre, le ralentissement enclenché en début d'année ne serait pas celui d'une simple correction transitoire d'investissements provisoirement sur-capacitaires. Il représenterait l'annonce d'un retour à un régime de croissance plus soutenable, mettant fin à une période d'exubérance relative. Sont invoqués à l'appui de cette vision :

• à titre principal, les incertitudes sur l'augmentation du taux de croissance potentielle par les NTIC ;

• mais aussi, le caractère seulement transitoire des facteurs de dynamisme économique qu'ont représentés le relâchement des politiques monétaires excessivement accommodantes, et la chute du prix du pétrole entre le début de 1998 et l'été 1999.

C'est afin de tenir compte de cette incertitude qu'on a retenu en projection une hypothèse de croissance potentielle aux Etats-Unis (+ 3,5 %) qui, si elle est fondée sur une accélération des gains de productivité aux Etats-Unis par rapport à leur tendance de très long terme, ne retient pas d'élévation du rythme de ces gains au-delà du niveau atteint en moyenne entre 1995 et 1999 (+ 2,5 %).

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