C. LES IMPACTS DES CHANGEMENTS CLIMATIQUES SUR L'AGRICULTURE

La mission interministérielle de l'effet de serre (MIES), dans son rapport sur les Impacts potentiels du changement climatique en France au XXI ème siècle , (39 ( * )) a estimé que les impacts sur l'agriculture française remettraient d'abord en cause la sur-adaptation de l'agriculture française aux conditions climatiques actuelles (M. Guy VASSEUR et M. Jean-Noël TERRIBLE, APCA, ).

Des effets directs et indirects de l'augmentation de la concentration atmosphérique de CO 2 interviendraient, les premiers augmentant l'activité photosynthétique des tissus chlorophylliens et donc la production et raccourcissant les cycles de végétation . En revanche, les besoins en froid des cultures ne seraient pas satisfaits (or, les arbres fruitiers, tout comme les pommes de terre par exemple, ont de tels besoins).

Quant à la vigne , une diminution des quantités récoltées est probable et les prairies verraient leur biodiversité diminuer en fonction du changement floristique.

Parallèlement, les mauvaises herbes de même que les ravageurs de culture ou encore les maladies cryptogamiques risquent de se développer.

La fertilité azotée diminuerait, les sols retenant davantage l'azote tandis que l'augmentation des précipitations entraînerait de plus grands risques d'érosion des sols.

Face à ces divers changements, la MIES considère que l'agriculture dispose d'une palette de moyens d'adaptation , notamment à travers la modification des dates des semis, du rythme et des quantités des apports d'engrais, mais elle note qu'il sera sans doute nécessaire de créer de nouvelles variétés prenant en compte des hivers plus chauds.

Quant aux besoins en eau , il s'agira peut-être moins de les apprécier en quantité brute qu'en efficacité face à des objectifs précis de production.

Le rapport de la MIES rappelle que l'agriculture française est actuellement très adaptée mais à l'intérieur d'une gamme restreinte de conditions climatiques dans chaque région. Dès lors, la répétition d'événements climatiques extrêmes pourrait remettre en cause cette adaptation.

À partir des simulations effectuées, les changements climatiques devraient permettre à l'Europe une augmentation globale de ses rendements comme des superficies adaptées aux principales grandes cultures . Par rapport à aujourd'hui, l'augmentation moyenne annuelle de production de blé pourrait être d'une dizaine de millions de tonnes entre 2010 et 2040 et de 25 Mt entre 2040 et 2100 .

Parallèlement à la mention de ces effets positifs, quoique reposant sur une certaine fragilisation des conditions de production, la M.I.E.S. a rappelé que l'agriculture apparaît aussi comme un agent d'émission de gaz à effet de serre à travers le méthane dégagé par les animaux. De plus, les productions végétales dégagent des protoxydes d'azote provenant de la dégradation des engrais azotés dans le sol. Mais, elle a estimé que ces effets négatifs sont contrebalancés par le stockage du carbone dans les racines et la partie aérienne des plantes.

Au total, la MIES craint que les adaptations à effectuer pour combiner tous les facteurs permettant de conduire une exploitation agricole dans le nouveau contexte de moindre émission de gaz à effet de serre (choix des productions végétales, des productions animales, de l'alimentation animale, de la composition même des aliments pour animaux) deviennent trop complexes à intégrer pour l'agriculteur .

* (39) Contribution de Richard DELECOLLE, Unité de Bioclimatologie, INRA, Avignon, Pierre-Alain JAYET, LESPA, INRA, Grignon et Jean-François SOUSSANA, Unité d'Agronomie, INRA, Clermont-Ferrand.

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