IV. LES CONTRASTES DU CLIMAT

Les contrastes climatiques ont pu être observés dans le temps et dans l'espace.

Ce n'est que vers la fin du XIX ème siècle que fut émise l'hypothèse de périodes de glaciation successives , mais c'est entre 1930 et 1940 qu'un mathématicien, Milutin MILANKOVITCH, supposa que la variation de l'inclinaison de la Terre par rapport au plan de son orbite pouvait jouer un grand rôle dans la survenue des périodes glaciaires.

Cette hypothèse fut vérifiée ultérieurement grâce à l'étude des niveaux de la mer du passé, notamment à l'aide des variations des lieux d'implantation des mangroves (7 ( * )) dont les restes se conservent très longtemps dans la vase et en procédant à la datation des coquilles.

Une très importante partie de ces travaux fut réalisée au Centre des faibles radioactivités de Gif-sur-Yvette (C.F.R.) en utilisant la méthode de datation du carbone 14.

Ces travaux ont permis de montrer que vers - 18.000 ans , le niveau de la mer était à environ 120 mètres au-dessous de son seuil actuel. Puis, le niveau est monté régulièrement, à la vitesse d'un mètre par siècle environ, jusqu'au niveau actuel atteint vers - 7.000 ans. Ce phénomène est expliqué par la fonte des glaces.

Il est probable que vers - 18.000 ans , la France n'était qu'un désert au nord d'une ligne à la latitude d'Orléans ; la Manche n'existait pas .

En revanche, d'autres datations effectuées à partir de carottes de corail prélevées dans l'atoll de Mururoa, ont montré que vers - 125.000 ans , le niveau de la mer était très voisin du niveau actuel .

Au total, il a été établi que la mer a subi cinq oscillations majeures depuis 150.000 ans, liées à de grandes variations climatiques et ces phénomènes ont pu être vérifiés partout dans le monde.

Parallèlement, l'analyse de carottes glaciaires prélevées dans l'Antarctique , à Vostok, a permis d'effectuer des datations allant jusqu'à -420.000 ans, notamment grâce aux travaux de Claude LORIUS et du Laboratoire de Glaciologie et de Géophysique de l'Environnement du CNRS situé à Grenoble en coopération avec des chercheurs soviétiques.

Des résultats obtenus à la suite du forage dans les sédiments marins ont permis de reconstituer l'histoire thermique des océans jusqu'à - 200 millions d'années ( Deep sea drilling project mené à bien dans le Pacifique au cours des années 1970).

Il a été observé qu' au début de l'ère tertiaire, la température au fond de la mer était de 18° à 20° C , ce qui illustre l'ampleur des contrastes climatiques.

Par ailleurs, le programme international CLIMAP réalisé de 1971 à 1976, a permis de dresser la carte climatologique de l'été - 18.000 avec une précision de l'ordre de #177; 1,5° C.

Cela fut possible en classant en quatre groupes de population (tropical, subtropical, subpolaire et polaire) la quinzaine de foraminifères (8 ( * )) vivant près de la surface des eaux du large ; ceux-ci s'établissant dans un habitat défini notamment par sa température.

CLIMAP a établi qu'à cette époque, en hiver, la banquise s'étendait de New-York à Brest.

D'autres résultats essentiels ont été obtenus en étudiant les moraines (9 ( * )) pour retracer l'extension des glaciers continentaux .

Ils ont montré que, vers - 18.000 ans, les glaciers s'étendaient jusqu'au sud de Chicago et de New-York pour l'Amérique du Nord et jusqu'à Bristol, Leipzig et Varsovie pour l'Europe du Nord et que, vers -8.000 ans, Paris devait connaître un climat équivalent à celui actuel de la Laponie.

A cette époque, il est probable que les régions de la Loire, de la Bourgogne, du nord des Alpes et du nord des Carpates étaient recouvertes de toundras.

Une autre méthode, fondée sur l'analyse des pollens fossiles -la palynologie- a également donné des résultats très riches.

A partir des grains de pollens laissés par les plantes dans les sols fossiles, les diverses espèces de plantes, présentes à telle ou telle époque, sont identifiées.

L'intérêt de cette méthode est liée au fait que les pollens peuvent se conserver dans les sols pendant plusieurs dizaines de millions d'années. Grâce aux pollens, les températures de dizaines de millions de printemps et d'étés peuvent être déduites avec une précision de 2° à 3° C ; de même l'importance de l'humidité peut être appréciée au moyen de cette technique.

L'ensemble de ces éléments a montré que de très importantes variations climatiques ont existé dans le passé et que le climat actuel n'a pas a priori de raison d'être plus immuable que chacun des climats qui l'a précédé .

* (7) Etendues vaseuses de sable sur lesquelles pousse une végétation abondante prospérant sur des eaux saumâtres.

* (8) Petites coquilles calcaires qui se déposent au fond des océans après la mort de l'organisme animal qu'elles abritent. L'analyse de la composition isotopique de l'oxygène contenu dans le carbonate de leur coquille permet de déterminer la composition isotopique de l'eau dans laquelle ils vivaient et, de là, la quantité de glace constituant les calottes polaires.

* (9) Débris de roches entraînés par les glaciers.

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