D. L'APPARITION DE NOUVEAUX DÉFIS

1. L'extension des maladies virales

Depuis le début du vingtième siècle, la dengue sévit sur un mode épidémique à la saison des pluies (de mai à septembre). Son incidence est croissante depuis plusieurs années. Le nombre de nouveaux cas a ainsi quintuplé entre 1994 (45.000) et 1998 (235.000). Cette maladie, dont la zone d'implantation était traditionnellement le sud du pays et les campagnes, s'étend désormais vers le nord et les villes. Ce constat alarmant a conduit à la création, en 1998, d'un comité national de pilotage de la lutte contre la dengue, visant notamment à favoriser le dépistage sérologique dans les principaux centres urbains.

Avec une incidence de plusieurs centaines de malades par an, l' encéphalite japonaise est surtout diagnostiquée dans le nord. Elle atteint les campagnes et les banlieues des grandes villes, comme Hanoi. Les moins de 15 ans sont les plus touchés par cette maladie, dont la mortalité s'élève à 20 % environ. Il a donc été décidé d'intégrer un vaccin de fabrication locale dans le programme national de vaccination.

S'agissant du Sida , le nombre de séropositifs serait de 250.000 personnes selon les experts internationaux. Au Viêt-nam, l'épidémie n'a donc pas atteint le niveau constaté dans certains pays voisins, comme la Thaïlande ou l'Indonésie. Toutefois, si la plupart des séropositifs sont aujourd'hui des toxicomanes (soit 65 % des cas de séropositivité recensés), la contamination par voie sexuelle semble se développer désormais rapidement. Le dépistage étant, en outre, d'un accès difficile, et les traitements les plus efficaces (trithérapie) trop coûteux, il est donc à craindre que le nombre de séropositifs augmente de manière plus significative au cours des prochaines années. La prévention, menée par le Comité de prévention et de lutte contre le Sida et les Jeunesses communistes, consiste en campagnes d'information, et en formation des professionnels de santé. L'aide internationale, principalement coordonnée par l'ONU, qui a installé l'une de ses antennes spécialisées à Hanoi depuis quatre ans, conseille les autorités vietnamiennes sur la conduite à tenir en ce domaine.

2. L'émergence paradoxale des « pathologies de l'abondance »

Paradoxe dans ce pays où 37 % des habitants vivent encore en dessous du seuil international de pauvreté, ces dernières années ont également vu l'émergence des « pathologies de l'abondance », résultant de l'essor économique et de l'adoption, du moins par certaines couches citadines et aisées de la population, de modes de vie plus occidentalisés.

Révélateur du développement du parc de véhicules motorisés, et de la conception très particulière que les vietnamiens paraissent avoir du code de la route, les accidents de la circulation constituent désormais la deuxième cause de mortalité, après les affections pulmonaires aiguës.

L'évolution des modes de vie et des habitudes alimentaires ainsi qu'une consommation élevée de tabac favorisent également les maladies cardiovasculaires qui représentaient, en 1998, la deuxième cause d'hospitalisation et 20 % des cas de mortalité enregistrés à l'hôpital. Toutefois, la prévalence de ces maladies cardiovasculaires est encore limitée aux grands centres urbains, comme Hanoi et Hô Chi Minh-Ville, et frappe essentiellement les couches sociales aisées. La poursuite du développement économique devrait néanmoins se traduire, selon toute probabilité, par leur extension à d'autres catégories de la population vietnamienne dans un proche avenir.

Enfin, dans un pays où plus d'un quart des enfants souffrent de malnutrition, on commence à se préoccuper de l'augmentation du nombre d'enfants atteints d'obésité ou de diabète...

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