Débat avec la salle
M. Michel LAMARQUE :
J'ai
l'avantage ou l'inconscience de faire de la télévision locale,
à Biarritz.
Le local est voulu par 83 % des téléspectateurs et il est la
principale possibilité de croissance des marchés publicitaires.
Le local semble donc une clé du succès de la nouvelle
télévision.
Par ailleurs, on dit que la France a 10 ans de retard, elle a en encore
pris 5 ans avec un fameux arrêt du Conseil d'Etat de juillet 1998,
nous risquons de prendre encore 5 ans avec la durée
d'initialisation du numérique terrestre. Ce nouveau retard, ce n'est
peut-être pas grave pour les grands opérateurs nationaux, mais la
capacité d'expression des non-parisiens sera pour longtemps
amenuisée.
D'où trois questions :
La télévision locale n'est-elle pas le seul véritable
argument de vente du numérique terrestre ?
Le numérique terrestre ne risque-t-il pas paradoxalement de condamner
l'apparition même de ces télévisions locales ?
Pour le cas où cela ne fonctionnerait pas, y a-t-il des alternatives
technologiques, que l'expression locale ne soit pas suspendue au succès
d'une technologie qui n'a encore fonctionné nulle part ailleurs ?
M. Dominique BAUDIS
:
Le local est un atout du numérique terrestre, nous sommes d'accord, car
cela donne une profondeur nouvelle au paysage audiovisuel.
Par ailleurs, nous allons en fait assister à une montée en
puissance comme on n'en a jamais vue dans l'histoire de la
télévision ! Une multiplication par 6 du nombre des
chaînes va intervenir d'un seul coup. Cette montée en puissance
sera de plus rapide, puisque la première année nous visons
50 % de couverture, et 80, voire 85 % dans un délai de
2 ans ensuite. En ce qui concerne les 15 % restants, le
problème concerne plus l'aménagement du territoire que la
communication.
Enfin, je refuse de raisonner dans la perspective que cela ne marche pas.
Intervention de la salle
:
Quelles fréquences seront disponibles pour le local, qui n'est pas le
régional ? Trois fréquences ne suffisent pas pour assurer la
couverture par des chaînes locales. Et si l'on en reste au
régional, ce sera France 3 au rabais.
M. Dominique BAUDIS
:
France 3 couvre avec beaucoup de compétences la dimension
régionale. Le président de France Télévisions
présentait tout à l'heure les projets de
télévisions à venir parmi lesquelles il y aura une sorte
de fédération de chaînes régionales, qui auront bien
leurs têtes dans 8 espaces régionaux qui vont se dessiner.
Pour « l'infra-régional », le local, la
proximité, la télévision d'agglomération ou de
pays, nous aurons donc partout trois fréquences locales. Il en faudrait
davantage, dites-vous. Non, parce que là où elles existent -- il
y en a environ 10 actuellement qui fonctionnent en hertzien analogique --
elles sont en déficit structurel. Avant d'en créer plus de trois,
il faut d'abord se demander comment assurer l'équilibre
économique des trois, ceci partout en France.
J'ajouterai un mot sur le problème des opérateurs commerciaux. La
loi n'a pas confié au CSA le soin de choisir les opérateurs
commerciaux. Le législateur a voulu que ce soit les éditeurs de
services, eux-mêmes choisis par le CSA, qui choisissent leur
opérateur commercial, ce qui est d'ailleurs logique. Bien entendu nous
serons consultés, et nous voulons donner le maximum de précisions
et d'éclairage à ceux qui préparent des dossiers. La
Direction de la concurrence mène une étude, et le CSA a
confié à un cabinet spécialisé le soin de
travailler sur cette question. Avant la clôture de l'appel à
candidatures, nous aurons analysé les résultats de ces travaux et
nos conclusions seront disponibles sur Internet.
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CONCLUSION DES DÉBATS