II. L'INCIDENCE DE L'ÉLARGISSEMENT SUR LE BUDGET DE  L'UNION EUROPÉENNE (Réunion du mercredi 6 mars 2002)

A. COMMUNICATION DE M. DENIS BADRÉ

1. Un surcroît de dépenses prévu dans les perspectives financières

L'un des aspects de l'élargissement de l'Union européenne qui préoccupe le plus les opinions publiques des États membres est son impact financier. En effet, les pays candidats ont de grands besoins, mais de faibles capacités contributives.

J'ai déjà fait, en 1996, un premier rapport d'information sur les conséquences économiques et budgétaires de l'élargissement à l'Est. Dans ce rapport, en me fondant sur une étude macroéconomique réalisée par l'OFCE, j'estimais que les conséquences financières de l'élargissement seraient maîtrisables. Les dépenses supplémentaires étaient alors évaluées à 10 milliards d'écus pour la politique agricole commune et à 20 milliards d'écus pour la politique de cohésion. J'en concluais que les présentations alarmistes qui étaient alors faites de l'impact de l'élargissement étaient dénuées de fondement, qu'il n'y avait pas de risque de dérive budgétaire de l'Union européenne, ni de raison d'abandonner les principes de la politique agricole commune.

Cette appréciation n'a pas été démentie depuis, puisque les évaluations de dépenses additionnelles faites plus récemment par les instances communautaires se situent nettement en deçà de mes propres prévisions.

En effet, il ne s'agit pas d'un saut dans l'inconnu, car l'impact budgétaire de l'élargissement s'est trouvé intégré de manière prévisionnelle dans le cadre global des perspectives financières approuvé en mars 1999 par le Conseil européen de Berlin pour la période 2000-2006. Sur la base d'un scénario « EU 21 » prévoyant l'adhésion de six nouveaux États membres dès 2002, des montants progressant de 6,450 milliards d'euros en 2002 à 16,780 milliards d'euros en 2006 ont été inscrits sous une nouvelle rubrique 8 « Elargissement ». Cette rubrique comporte elle-même quatre postes de dépenses qui correspondent à autant de rubriques traditionnelles : agriculture, actions structurelles, politiques internes et administration. En pratique, les crédits de cette rubrique réservoir ont vocation à être redistribués entre les rubriques précitées, les plafonds des perspectives financières étant ajustés en conséquence, conformément à l'article 25 de l'accord interinstitutionnel.

Détail important, les montants de la rubrique 7 « Aide de pré-adhésion », ne diminuent pas à partir de 2002, mais demeurent constants au niveau de 3,120 milliards d'euros. Le principe est de concentrer ces crédits sur les pays candidats restants, afin d'accélérer leur préparation.

C'est sur la base de ces perspectives financières 2000-2006 que la Commission a présenté le 30 janvier dernier une note d'information relative à un cadre financier commun 2004-2006 pour les négociations d'adhésion. Étant donné que l'élargissement ne se produira pas avant 2004, au lieu de 2002 comme initialement prévu, et qu'il pourrait concerner jusqu'à dix nouveaux États membres, au lieu de six comme initialement prévu, elle propose d'adapter le scénario de Berlin, sans dépasser toutefois les plafonds de dépenses initiaux.

Perspectives financières 2000-2006 EU 21

Millions d'euros - Prix 1999 - Crédits pour engagements

2000

2001

2002

2003

2004

2005

2006

1. AGRICULTURE

40 920

42 800

43 900

43 770

42 760

41 930

41 660

Dépenses agricoles (hors développement rural)

36 620

38 480

39 570

39 430

38 410

37 290

Développement rural et mesures d'accompagnement

4 300

4 320

4 330

4 340

4 350

4 360

4 370

2. ACTIONS STRUCTURELLES

32 045

31 455

30 865

30 285

29 595

29 595

29 170

Fonds structurels

29 430

28 840

28 250

27 670

27 080

27 080

26 660

Fonds de cohésion

2 615

2 615

2 615

2 615

2 515

2 515

2 510

3. POLITIQUES INTERNES

5 930

6 040

6 150

6 260

6 371

6 480

6 600

4. ACTIONS EXTÉRIEURES

4 550

4 560

4 570

4 580

4 590

4 600

4 610

5. ADMINISTRATION

4 560

4 600

4 700

4 800

4 900

5 000

5 100

6. RÉSERVES

900

900

650

400

400

400

400

Réserve monétaire

500

500

250

Réserve pour aides d'urgence

200

200

200

200

200

200

200

Réserve pour garanties

200

200

200

200

200

200

200

7. AIDE DE
PRÉ-ADHÉSION

3 120

3 120

3 120

3 120

3 120

3 120

3 120

Agriculture

520

520

520

520

520

520

520

ISPA

1 040

1 040

1 040

1 040

1 040

1 040

1 040

PHARE (pays candidats)

1 560

1 560

1 560

1 560

1 560

1 560

1 560

8. ÉLARGISSEMENT

6 450

9 030

11 610

14 200

16 780

Agriculture

1 600

2 030

2 450

2 930

3 400

Actions structurelles

3 750

5 830

7 920

10 000

12 080

Politiques internes

730

760

790

820

850

Administration

370

410

450

450

450

PLAFOND DES CREDITS POUR ENGAGEMENTS

92 025

93 475

100 405

102 245

103 345

105 325

107 440

PLAFOND DES CREDITS POUR PAIEMENTS

89 600

91 110

98 360

101 590

100 800

101 600

103 840

dont élargissement

4 140

6 710

8 890

11 440

14 220

Plafond des crédits pour paiements (% du PNB)

1,13 %

1,12 %

1,14 %

1,15 %

1,11 %

1,09 %

1,09 %

Marge pour imprévus

0,14 %

0,15 %

0,13 %

0,12 %

0,16 %

0,18 %

0,18 %

Plafond des ressources propres

1,27 %

1,27 %

1,27 %

1,27 %

1,27 %

1,27 %

1,27 %

En toute logique, la Commission part, non pas des montants prévus par le Conseil européen de Berlin pour les années 2004 à 2006, mais des montants alors inscrits pour les années 2002 à 2004, c'est-à-dire pour les trois premières années suivant la date effective de l'élargissement.

Toutefois, elle les ajuste à la hausse afin de tenir compte du fait que les nouveaux États membres seront dix et non pas six seulement. Ainsi, en 2004, le montant total des crédits d'engagement sera de 7,185 milliards d'euros, au lieu de 6,450 milliards d'euros à six, et en 2006, il sera de 13,450 milliards d'euros, au lieu de 11,610 milliards d'euros à six.

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