II. UNE PROXIMITÉ À RENFORCER

Le mouvement amorcé vers la proximité doit être amplifié par l'institution de véritables juges de proximité et une participation accrue des citoyens à la bonne marche de la justice.

A. CONFORTER LES JUGES D'INSTANCE COMME JUGES DE PROXIMITÉ

1. Successeur du juge de paix, le juge d'instance reste un juge de proximité

Les juges de paix avaient été créés par les lois des 16 et 24 août 1790. D'abord élus au suffrage universel, ils furent nommés par le pouvoir exécutif dès le consulat. Proches du justiciable, puisqu'ils étaient implantés dans chaque canton, ils apparaissaient comme des arbitres pacificateurs de la France rurale. Notables disposant d'une autorité morale, ils statuaient à juge unique (au départ, étaient prévus deux assesseurs), en équité, sans frais ni écritures . Il ne sera exigé d'eux qu'ils aient des connaissances juridiques qu'en 1926 199( * ) . Ils pouvaient apparaître en quelque sorte comme la survivance de la justice seigneuriale.

L'urbanisation croissante a réduit l'activité de la justice de paix. Par suite de regroupements opérés par le législateur, il n'existait plus, en 1958, que 700 juges de paix sur 2.092 au départ.

L'ordonnance n° 58-1273 du 22 décembre 1958, adoptée dans le cadre de l'article 92 de la Constitution, a supprimé les juges de paix et créé les tribunaux d'instance.

Il existe à l'heure actuelle 473 tribunaux d'instance regroupant environ 775 juges d'instance sur un effectif total de 6 500 magistrats.

Ces tribunaux d'instance dépendent administrativement des tribunaux de grande instance. Leurs magistrats et leurs personnels des greffes sont rattachés au tribunal de grande instance de leur ressort. Dotés d'un magistrat directeur et d'un greffier en chef, ils jouissent cependant d'une certaine autonomie de gestion.

Les tribunaux d'instance ont gardé des points communs avec les juges de paix, qui en font de véritables juridictions de proximité :

- ils sont proches géographiquement des justiciables, même si la carte des implantations des tribunaux d'instance est désormais en décalage manifeste avec la répartition actuelle de la population. Le ressort géographique du tribunal est en principe l'arrondissement. Il est en outre possible de tenir des audiences foraines en fonction des nécessités locales ;

- la conciliation reste leur objectif primordial (article 829 du code de l'organisation judiciaire) ;

- ils sont d'accès simple :

- le recours à l'assignation n'est pas obligatoire pour les litiges d'un montant inférieur à 3 800 €, le tribunal pouvant être saisi par la voie de la déclaration au greffe ;

- la représentation par avocat n'est pas obligatoire, ce qui représente une facilité certaine pour le justiciable tout en ayant l'inconvénient de le priver de l'assistance d'un technicien et de ne pas établir de filtre aux recours ;

- la procédure est orale et le justiciable peut formuler ses prétentions de manière verbale à l'audience.

Contrairement aux juges de paix, les juges d'instance sont des magistrats professionnels. Leurs attributions sont plus étendues et ils doivent faire face à un véritable contentieux de masse.

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