B. LES ABF, ARCHITECTES OU URBANISTES ?
Les
architectes des Bâtiments de France constituent l'échelon de
proximité du dispositif de protection du patrimoine monumental.
Ils bénéficient d'une large autonomie de fonctionnement, qui a pu
susciter un certain nombre de critiques, mais dont il faut reconnaître
qu'elle a permis d'éviter une dégradation irréversible de
notre environnement, à un moment où la prise de conscience des
contraintes que suppose la protection du patrimoine monumental et des sites,
était encore incertaine.
Plus contesté, à tort ou à raison, que celui des ACMH, le
corps des ABF n'a, à l'évidence, pas encore trouvé son
point d'équilibre administratif : manque de moyens, d'abord,
sentiment d'incompréhension aussi, mais surtout difficulté
à répondre à la question : faut-il ou non
perpétuer l'ambiguïté d'une fonction qui relève
à la fois de l'architecture et de l'urbanisme ?
1. Une très et peut-être trop large autonomie de fonctionnement
Depuis
l'origine où ils n'étaient que les auxiliaires des
« seigneurs du patrimoine », qu'étaient et que
restent d'ailleurs très largement les architectes en chef, ils ont su
conquérir une autonomie que beaucoup de fonctionnaires leur envie,
autonomie telle qu'elle a suscité, sur une initiative parlementaire, de
nouvelles règles du jeu permettant de contester leurs décisions
jusqu'alors sans appel.
Le centre de gravité professionnel s'est en même temps
sensiblement modifié. Il est passé sur la base de leurs
compétences en matière d'abords de monuments
protégés d'une logique d'immeubles à une logique de zones.
Telle est bien la conséquence du développement de la notion de
patrimoine qui s'est étendue depuis le monument vers ses abords, vers la
ville -les quartiers anciens-, puis vers une prise de conscience plus large de
la qualité du paysage. De fait
, ce sont aujourd'hui les questions
d'urbanisme qui absorbent l'essentiel de leur temps
.