c) L'électron libre de l'administration du patrimoine
Le
rattachement de l'architecture au ministère de la culture n'a pas
levé toutes les ambiguïtés, bien au contraire.
Certains ont d'abord fait remarquer qu'à s'en tenir aux textes, cette
mission de conservation, c'est-à-dire en principe, celle consistant
à maintenir un bâtiment intact ou dans le même état,
n'est pas confiée aux services départements de l'architecture et
du patrimoine -SDAP-. A considérer la lettre du décret
n° 79-180 du 6 mars 1979, il n'y a aucune raison pour que les SDAP
affectent à la conservation des monuments historiques d'autres agents
que les ABF eux-mêmes.
L'ABF reste en marge pour ne pas dire à la périphérie des
services. Tandis que la nature interministérielle d'une partie de leurs
tâches les rapproche d'autres ministères que celui de la culture,
ils ont tendance à considérer qu'ils doivent des comptes beaucoup
plus au préfet -qui les note- qu'à l'administration centrale de
la direction du patrimoine, pour ne rien dire des conservations
régionales dont ils ne relèvent que pour le financement de leurs
opérations d'entretien et sans que cela s'accompagne d'aucune
subordination fonctionnelle.
Le problème est général, même s'il s'est surtout
posé en matière d'abords. Tandis que l'administration des
monuments historiques d'État souffre manifestement de la manie de la
consultation généralisée, celle des SDAP, dont on ne sait
s'il faut leur conférer la qualité d'échelon
départemental de l'administration du patrimoine, pâtirait
plutôt de l'excès inverse,
l'exercice solitaire et très
personnalisé du pouvoir
: faiblesse du pouvoir
hiérarchique technique, absence également de principes directeurs
dans les prescriptions imposées aux propriétaires d'immeubles
avec, pour conséquence, des changements de doctrine à l'occasion
de changements de personnes, qui accroissent le sentiment d'arbitraire.
L'enquête a permis de montrer qu'un des facteurs importants de
l'incompréhension que suscitaient certaines décisions des SDAP
était
l'excessive personnalisation du service
et les changements
de doctrine et de méthode liés à la personnalité de
son chef.