IV. 4. ANALYSES EMPIRIQUES EN ALLEMAGNE SUR L'INFLUENCE DES TAUX D'INTÉRÊT
Un des
sujets d'étude des déterminants de l'investissement concerne
l'influence des taux d'intérêt.
N. Siegfried (2000) démontre que les grandes entreprises cotées
en bourse sont peu « vulnérables » aux variations de
la politique monétaire. Une remontée des taux n'engendre qu'une
réaction faible des volumes d'investissement (l'élasticité
n'est que de 0,3 environ). Par ailleurs, sur ces mêmes entreprises, la
contrainte de solvabilité serait significative pour les entreprises
fortement endettées. Sur les grandes entreprises, la politique
monétaire européenne n'aurait donc qu'un impact marginal.
Une autre étude dont l'objet est le « canal du
crédit » (A. Beaudu et T. Heckel, 2001) distingue petites et
grandes entreprises. Sur cet échantillon plus représentatif, ces
auteurs démontrent un fort impact de la politique monétaire sur
les petites entreprises. Cette étude utilise le modèle de
l'accélérateur-profit. Une politique monétaire restrictive
augmente les taux d'intérêt payés par les entreprises et,
par conséquent, pèse sur leur investissement. Mais la
sélection des périodes de politique monétaire permet
d'isoler les décisions des banques centrales sur l'investissement des
entreprises. L'étude montre que dans l'ensemble des pays
étudiés (zone euro à l'exception des petits pays), la
dépendance de l'investissement par rapport au
cash-flow
augmente
en période de restriction monétaire. Cette sensibilité est
surtout observée auprès des petites entreprises, qui ne peuvent
pas avoir accès de la même manière que les grandes
entreprises, y compris dans les périodes d'expansion monétaire.
L'étude montre un résultat fort : en Allemagne, plus que
dans les autres pays européens, les petites entreprises seraient plus
sensibles aux variations des taux d'intérêt.
Une autre étude
101(
*
)
de
B. Monjon, F. Smets et P. Vermeulen (2001) étudie également
l'impact de la politique monétaire et révèle une forte
sensibilité du volume de l'investissement des entreprises d'une part par
rapport au volume de la dette et d'autre part par rapport au niveau des taux
d'intérêt
à court terme
. Toutefois, la
sensibilité des entreprises allemandes au taux d'intérêt
serait moins élevée que dans les autres pays. Ceci serait
dû à la structure de la dette des entreprises allemandes dont une
part importante est à maturité longue. Par conséquent, les
décisions d'investissement des entreprises allemandes seraient
conditionnées plutôt par les variations de taux
d'intérêt à long terme qu'à court terme. Enfin,
cette étude confirme que les grandes entreprises sont deux fois moins
sensibles à l'évolution des taux d'intérêt que ne le
sont les petites entreprises.
Au total, toutes ces études mettent en évidence le lien entre la
politique monétaire, le coût du crédit et le niveau des
investissements des entreprises et insistent sur la vulnérabilité
des petites entreprises à des changements de politique monétaire.