III. UN POIDS DÉMOGRAPHIQUE ET ÉCONOMIQUE ENCORE TRÈS EN RETRAIT PAR RAPPORT À LA CAPITALE ET AUX MÉTROPOLES DES PAYS VOISINS

A. UN DÉBUT DE RÉÉQUILIBRAGE DÉMOGRAPHIQUE ENTRE PARIS ET LES GRANDES MÉTROPOLES

Le recensement de 1999 confirme certaines tendances. L'urbanisation se poursuit , non pas tant par une concentration de la population dans les zones urbaines que par une extension du périmètre urbain. La moitié des 4,5 M d'habitants supplémentaires recensés en France entre 1975 et 1999 sont installés dans six aires urbaines seulement (Paris, Toulouse, Lyon, Montpellier, Bordeaux, Nantes).

Figure 3.1 - Evolution comparée des populations urbaines

DATAR, Aménager la France de 2020 - Mettre les territoires en mouvement, Paris,
La Documentation française, 2002, p.24.

La France compte aujourd'hui 52 aires urbaines de plus de 150 000 habitants, qui représentent 52 % de la population du pays. Les vingt-cinq premières aires urbaines totalisent les trois-quarts de la croissance démographique urbaine de la dernière période intercensitaire (Figure 3.1).

Les dix unités urbaines atteignant ou dépassant 500 000 habitants concentrent 32 % de la population nationale.

A elles seules, les huit premières agglomérations totalisent la moitié de l'accroissement observé entre 1990 et 1999 : Paris, Toulouse, Lyon, Montpellier, Nantes, Rennes, Marseille-Aix-en-Provence et Bordeaux (Tableau 3.1).

La dynamique urbaine concerne d'abord les métropoles. Un tiers des aires urbaines ont perdu des habitants, notamment les vieux pôles industriels.

Tableau 3.1 - Les onze aires urbaines qui contribuent le plus à la croissance démographique de la France au cours des deux dernières périodes intercensitaires (délimitation de 1999)

Source : INSEE

Ainsi, la croissance démographique est plus vive dans les métropoles régionales que dans la capitale.

On peut se demander si le ralentissement relatif de la progression de la population francilienne par rapport à l'évolution des métropoles régionales est le résultat de la réussite des politiques d'aménagement du territoire ou simplement des difficultés que rencontrent les parisiens dans la vie quotidienne : trajets pénibles domicile-travail, manque de transports collectifs en périphérie, logements exigus, loyers élevés, embouteillages, pollution, etc. ?

La plupart des départs se font vers les métropoles régionales. Cependant, celles-ci, soutenues par l'aménagement du territoire, jouent t-elles désormais leur rôle de contrepoids face au système parisien ?

Figure 3.2 - Le dynamisme des capitales de région

Source : Reclus, Th. Saint-Julien (Dir), Atlas de France, Territoire et aménagement, Vol. 14,
La Documentation française, 2001, p. 62.

En comparant l'évolution des parts relatives de l'agglomération parisienne et de l'ensemble agrégé des capitales régionales dans la population des unités urbaines de plus de 100 000 habitants, la très nette croissance de ces dernières, assez spectaculaire entre 1990 et 1999, contraste avec les pertes de parts démographiques de Paris jusqu'en 1980 et sa relative stagnation par la suite 14 ( * ) (Figure 3.2 et Tableau 3.2).

Tableau 3.2 - Population sans double compte des 12 plus grandes unités urbaines françaises

Agglomérations

1962

1968

1975

1982

1990

1999

Agglomération

Parisienne (A)

Paris

7 838 669

8 536 722

8 981 016

9 057 844

9 469 563

9 644 507

Marseille

1 012 029

1 190 437

1 296 751

1 330 323

1 315 373

1 349 772

Lyon

1 004 540

1 145 906

1 240 901

1 247 311

1 295 385

1 348 832

Lille (*)

852 734

914 864

961 983

963 548

978 794

1 000 900

Nice

534 532

627 246

722 234

780 485

855 969

888 784

11 principales agglomérations

(B)

Toulouse

392 777

481 993

560 165

588 224

666 941

761 090

Bordeaux

527 438

588 436

636 339

661 205

712 358

753 931

Nantes

361 606

407 697

456 082

468 082

496 078

544 932

Toulon

317 472

376 392

426 390

462 456

494 553

519 640

Douai-Lens

548 443

561 979

547 878

534 484

527 465

518 727

Strasbourg (*)

316 203

351 051

375 987

385 119

403 331

427 245

Grenoble

265 121

335 265

392 085

395 901

405 108

419 334

Rapport A / B

1,28

1,22

1,18

1,16

1,16

1,13

Source : INSEE

« Si l'on excepte l'agglomération lilloise, toutes les métropoles d'équilibre appartiennent plutôt à la catégorie des villes qui ont non seulement bien défendu leur contribution à l'ensemble, mais qui ont amélioré leur poids relatif, de manière particulièrement significative dans les cas de Marseille et Toulouse, toutes deux métropoles méridionales » 1 ( * )7 (Figure 3.3).

Les trajectoires des capitales de Région situées dans le bassin parisien marquent, au contraire, Orléans et Rouen exceptées, une certaine langueur depuis 1975, réussissant à peine à conserver les positions acquises.

Parmi les autres capitales régionales, les trajectoires sont très contrastées. Les dynamismes de Montpellier et de Rennes, voire celui de Poitiers ne font que mieux ressortir le reflux relatif de Clermont-Ferrand et la simple résistance de Besançon, et de Limoges depuis 1975.

Figure 3.3 - Métropoles d'équilibre et autres capitales de région à l'épreuve du temps

Source : Reclus, Th. Saint-Julien (Dir), Atlas de France, Territoire et aménagement, Vol. 14,
La Documentation française, 2001, p. 64.

En dépit des évolutions enregistrées, avec un million d'habitants seulement, les trois plus grandes capitales régionales, Lille, Lyon, Marseille restent très loin derrière la capitale, qui en compte neuf millions.

Le poids de Paris a rejeté les métropoles de plus de 300 000 habitants à la périphérie du territoire national, dans les régions littorales et proches des frontières (Figure 3.4). Mais plus encore, l'originalité du réseau des villes tient au fait que la deuxième ville française (Lyon) n'est que la vingt-quatrième d'Europe occidentale, et la troisième, Marseille, est vingt-huitième.

Il est cependant inexact de penser que la France possède moins de grandes villes que les autres pays européens. Elle compte 30 agglomérations de plus de 200 000 habitants sur 165 en Europe (14 pays), soit 18 %, alors que son poids démographique est de 16 %. Seul manque en fait l'échelon intermédiaire : des villes de 1.5 à 5 millions d'habitants, du type Milan ou Munich.

En somme, malgré un manifeste dynamisme démographique des métropoles régionales françaises, le retard par rapport aux agglomérations des autres pays d'Europe persiste .

Figure 3.4 - Le dynamisme urbain

Les 50 premières airez urbaines ayant le plus contribué
à la croissance démographique entre 1990 et 1999

Source : DATAR, Aménager la France de 2020 - Mettre les territoires en mouvement, Paris,
La Documentation française, 2002, p. 24

* 14 Reclus, Th. Saint-Julien (Dir), Atlas de France, Territoire et aménagement, Vol. 14, La Documentation française, 2001, 143 p.

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