D. L'ORGANISATION ACTUELLE DES ESPACES RURAUX : DES FONCTIONS DIVERSES

Au « ghetto paysan », issu de l'exode des catégories non paysannes vers les villes, a succédé un espace rural pluriel, constitué de différents sous-catégories selon que l'on considère l'usage qui en est fait, son dynamisme ou ses caractéristiques générales.

1. Trois types d'usage

Philippe Perrier-Cornet 19 ( * ) distingue trois types d'usages de l'espace rural (avec comme définition l'espace à dominante rurale selon sa définition de 1999) : la « campagne cadre de vie », la « campagne ressource » et la « campagne nature ».

La première est une campagne résidentielle, celle que choisissent les citadins qui viennent s'installer dans les espaces périurbains, impliquant un étalement de la population autour des villes et donc une logique volontariste de transfert d'équipements vers ces nouvelles populations. Cependant, cette organisation des campagnes autour des villes peut nuire au développement des premières, dans un contexte où les secondes ont leur organisation propre.

La "campagne ressource" est une campagne productive à la fois de produits agricoles et de biens industriels : 26 % des emplois relèvent du secteur industriel, contre 14.2 % du secteur agricole. Le reste des emplois est fourni par la construction et le secteur tertiaire (Tableaux 5.5, 5.6 et 5.7).

Tableau 5.5 - Emplois agricoles et non agricoles en 1999

Source : INRA, B. Schmitt (Dir.), Actualisation du zonage en aires urbaines et de son complément rural, Dijon, Oct. 2002.

Enfin la « campagne nature » inclut les espaces naturels plus ou moins protégés, comme les parcs nationaux et régionaux, les réserves diverses (ZNIEFF, Natura 2000), etc.

Tableau 5.6 - Répartition sectorielle des emplois agricoles et non agricoles de 1999

Source : INRA, B. Schmitt (Dir.), Actualisation du zonage en aires urbaines et de son complément rural, Dijon, Oct. 2002.

Tableau 5.7 - Evolution 1990-1999 (en %) des emplois non agricoles par secteur

Source : INRA, B. Schmitt (Dir.), Actualisation du zonage en aires urbaines et de son complément rural, Dijon, Oct. 2002.

2. Trois types de dynamiques

Les espaces ruraux peuvent également être classés selon leur dynamisme (Figure 5.2).

Les espaces périurbains, très dépendants des villes pour les emplois comme pour les commerces et les services, connaissent une croissance démographique encore rapide malgré un ralentissement récent et un rajeunissement de leur population.

Au contraire, les espaces ruraux dits « profonds » (ou « fragiles »), éloignés des villes, gardent un accès difficile aux services publics, une couverture en téléphonie mobile insuffisante, des temps d'accès aux réseaux de transport rapides encore longs, comme dans une partie du Massif central, du Sud-ouest et des Alpes du Sud ; ils voient leur population vieillir et connaissent un certain déclin démographique, malgré un accueil important de retraités.

Enfin des espaces ruraux dits « vivants », plus ou moins éloignés des villes, gardent un certain équilibre démographique grâce au tourisme ou à des industries traditionnelles adaptables ou à des industries agro-alimentaires récentes soutenues par une agriculture dynamique.

Figure 5.2 - Croissance des espaces ruraux : une forte inégalité géographique

Source : INSEE

* 19 Directeur de recherches à l'Institut national de la recherche agronomique, Dijon.

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