CHAPITRE VI -

UNE POLITIQUE DES TRANSPORTS INSUFFISAMMENT AFFIRMÉE FACE À DES BESOINS ENCORE
TROP SOUVENT MAL ASSURÉS

La politique française des transports, est confrontée à des problématiques qui se complexifient. Dans un contexte économique européen de plus en plus ouvert, les pressions liées à la compétitivité des territoires, les contraintes environnementales et la nécessité de satisfaire des besoins parfois mis à mal par des niveaux de service insuffisants rendent difficile l'élaboration d'une politique efficace et équitable.

Les Schémas de services collectifs de transport de voyageurs et de marchandises, approuvés par décret le 18 avril 2002 ( et qui ont fait l'objet d'un rapport pour avis de M. Jacques Oudin, au titre de la Délégation du Sénat à l'Aménagement et au Développement durable du Territoire ), et le Livre blanc de la Commission européenne 23 ( * ) mettent bien en évidence la diversité et l'ampleur des besoins aux horizons 2010 et 2020. Mais face à une pénurie budgétaire qui risque de s'accentuer, le risque demeure que la dimension d'aménagement du territoire des grands projets d'infrastructure soit insuffisamment prise en compte à l'heure des choix.

Un système performant de transport n'induit pas automatiquement une dynamique économique. Mais à l'inverse un territoire mal desservi verra presque toujours son avenir compromis. Des dessertes de qualité sont sans conteste une condition nécessaire pour que les pouvoirs et acteurs économiques locaux puissent fonder des stratégies crédibles de développement.

I. UNE AUGMENTATION CONTINUE DE LA DEMANDE DE TRANSPORT TANT AU NIVEAU EUROPÉEN QUE FRANÇAIS, QUI PROFITE ESSENTIELLEMENT À LA ROUTE

En Europe , les trafics de marchandises comme de voyageurs ont doublé en 25 ans. Le rythme de progression est approximativement linéaire et rien ne laisse augurer un ralentissement au cours de la prochaine décennie.

Figure 6.1 - Les trafics de marchandises en Europe, exprimés en milliards de tonnes - km

Source : Conférence européenne des Ministres des Transports

Figure 6.2 - Les trafics de voyageurs en Europe, exprimés en milliards de voyageurs - km

Source : Conférence européenne des Ministres des Transports

Le transport routier est devenu désormais dominant, voire hégémonique, dans tous les pays. Grâce au développement des lignes ferroviaires à grande vitesse, il est remarquable toutefois de constater que le transport ferroviaire de voyageurs a maintenu sa part de marché durant la dernière décennie.

En France , la situation est plus contrastée. Le transport de marchandises n'a progressé que de 40 % en 27 ans, notamment du fait de la baisse des activités minières et du programme électronucléaire français qui a considérablement réduit les transports de charbon et de fuel. Conséquemment, mais aussi à cause d'une médiocre qualité de service assez fréquente, le fer a vu sa part de marché diminuer constamment.

Figure 6.3 - Les trafics de marchandises en France, exprimés en milliards de tonnes - km

Source : Conférence européenne des Ministres des Transports

Les trafics de voyageurs ont, quant à eux, progressé régulièrement. De façon similaire à l'évolution moyenne européenne, ils ont doublé en 27 ans. Tandis que pour les marchandises la part modale en France du ferroviaire reste nettement supérieure à la moyenne européenne (23 % contre 15 %) , pour les voyageurs elle est sensiblement identique (8 % contre 7 %).

Figure 6.4 - Les trafics de voyageurs en France, exprimés en milliard de voyageurs - km

Source : Conférence européenne des Ministres des Transports

Aucun signe ne laisse entrevoir que la croissance des besoins se ralentira dans l'avenir et l'idée du « découplage » entre la croissance de la mobilité et celle de l'économie évoquée par le Livre blanc reste, pour les experts, un voeu pieux. « L'effet frontière », qui freine les échanges entre les pays européens, commence seulement à s'atténuer. Sa réduction progressive engendrera un fort accroissement des trafics internationaux. En conclusion, comme le montrent toutes les analyses rétrospectives, il est patent que le rythme plus ou moins soutenu de la croissance des trafics dépendra encore essentiellement de l'évolution de l'activité économique, qualifiée traditionnellement par le PIB.

* 23 La politique européenne des transports à l'horizon 2010 : l'heure des choix ; septembre 2001

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