ANNEXE 1 : PRODUCTEURS ET DISTRIBUTEURS SÉRIEUSEMENT PRIS À PARTIE DANS LE RAPPORT SANDLER
Le 18 juin
2001, le Chancelier de l'Echiquier, Gordon Brown, donnait mandat à un
groupe de travail présidé par Ron Sandler, ancien directeur
général du marché de l'assurance du Lloyd's, «
d'identifier les forces de la concurrence et les incitations qui orientaient
les industries concernées en particulier en ce qui concerne leur
façon d'envisager les placements et, si nécessaire, de
suggérer des mesures politiques qui garantissent que les
intérêts des consommateurs-épargnants sont bien servis
».
Un an plus tard, dans les premiers jours de juillet 2002, Ron Sandler,
après avoir pris connaissance de nombreuses études et entendu
beaucoup de professionnels, a remis sa copie à Gordon Brown : 221 pages
qui ne sont pas toutes consacrées à la louange des institutions
financières britanniques et des différents réseaux de
distribution99(
*
) .
L'industrie des « retail savings » gérait fin 2001 quelque 800
milliards de £. L'auteur du rapport reconnaît qu'au cours des
dernières années cette industrie a permis à des millions
de Britanniques d'épargner pour la retraite et qu'en termes de
productivité elle fait assez bonne figure dans les comparaisons
internationales. Mais, ajoute l'auteur, certains aspects des différentes
activités que recouvre cette industrie sont préoccupants.
Si nous passons un peu de temps à analyser les conclusions du rapport
Sandler, c'est que, si certaines d'entre elles concernent des pratiques
typiquement britanniques, beaucoup d'autres ont une portée plus
générale et pourraient éventuellement s'appliquer à
des situations observées dans notre pays. Au coeur du débat, les
contrats proposés par les compagnies d'assurance vie et les
sociétés d'investissement collectif, mais aussi la façon
dont ces produits sont vendus et la fiscalité qui les frappe.
1. COMPLEXITÉ, OPACITÉ
Selon
l'auteur du rapport, le marché des produits d'épargne
proposés aux particuliers se caractérise par un très haut
degré de complexité : d'abord existent de nombreuses
catégories de produits et de nombreux produits dans chaque
catégorie (plus de 1600 unit trusts, par exemple, sont ainsi offerts) ;
la structure des frais supportés est souvent peu transparente ; le
traitement fiscal varié des différents produits ajoute encore
à cette opacité ; enfin, le vocabulaire utilisé, qui
change d'ailleurs d'un établissement à l'autre, est
fréquemment incompréhensible au profane.
D'où, à l'arrivée, une concurrence très
insuffisante qui résulte de la difficulté à
réaliser, dans un temps raisonnable, des comparaisons entre les
performances réelles des différents placements. Le rôle des
IFA (Independant Financial Advisers) est aussi très critiqué :
leur indépendance est en effet encore souvent douteuse puisqu'une grande
partie de leurs recettes vient de commissions sur le placement des produits.
Globalement, l'auteur du rapport voit dans ces multiples complexités une
des raisons majeures de la relative faiblesse de l'épargne des
Britanniques (en brut, entre 5 et 7% de leur revenu), spécialement de
celle des catégories modestes. Ajoutons qu'au cours de la
dernière décennie cette faiblesse a été
contrebalancée par des plus-values en capital importantes sur les
marchés boursiers : la période dans laquelle nous entrons rend
à coup sûr ces plus-values beaucoup plus hypothétiques. Si
les Britanniques veulent continuer de faire progresser leur patrimoine, ne
seront-il pas obligés de faire remonter leur taux d'épargne ?
En matière de produits, deux catégories sont
particulièrement visés par le rapport : les contrats d'assurance
vie avec participation aux profits (« with-profits products ») et les
fonds d'investissement à gestion « active ». En ce qui
concerne les premiers, leur fonctionnement apparaît comme
spécialement opaque ; les souscripteurs ignorent tout des supports sur
lesquels ils sont placés et donc naturellement tout des performances
réelles de ces supports. S'agissant des seconds, l'auteur du rapport
s'étonne de la fréquence de la gestion active dans les fonds
proposés au grand public, alors que ces fonds sont minoritaires dans les
choix des investisseurs institutionnels pourtant mieux placés pour
apprécier les performances. D'ailleurs, au cours des années
récentes, les performances moyennes des unit trusts ont
été de 2,5% inférieures à celles du marché
en raison de « la conjonction des charges et d'une gestion active
malheureuse ».