Ø QUI SONT LES ZINZINS ?
UNE TYPOLOGIE DES ACTEURS

Un focus sur l'industrie de l'épargne retraite ou liée . Dans ce rapport, nous nous référons principalement aux investisseurs institutionnels comme des compagnies d'assurance (et surtout les assureurs-vie), fonds de pension et sociétés d'investissement qui collectent l'épargne et fournissent ces fonds aux marchés financiers. D'autres formes de capitaux institutionnels existent, surtout sous la forme de compagnies privés d'investissement qui réunissent des groupes de financiers (par exemple les « venture capitalists » ou des « hedge funds 73 ( * ) »). Mais les catégories principales retenues ici sont celles qui sont représentatives de l'industrie « old-age provision » ou « l'industrie épargne-retraite » (c.-a.d. qu'ils répondent aux pressions démographiques des économies occidentales). Ils sont aussi des intermédiaires plus important en termes de la canalisation de l'épargne des ménages vers les entreprises que les autres catégories de capitaux institutionnels. Au total, cette définition permet d'identifier les rôles intermédiaires et fiduciaires des classes principales d'investisseurs institutionnels.

Trois types majeurs d'acteurs avec des profils risque/rendement très variés . Les trois catégories principales d'investisseurs institutionnels remplissent ces rôles de façons différentes. Les différences principales entre les types d'investisseurs institutionnels dépendent de la relation contractuelle entre le propriétaire principal des capitaux (l'épargnant) et les professionnels qui gèrent cette épargne dédiée . Cette relation détermine la distribution du couple risque/rendement entre l'épargnant et le gestionnaire. La deuxième caractéristique fondamentale est le profil de risque-rentabilité implicite dans les stratégies de placement. Les deux sont étroitement liés : en général, plus le risque est supporté par l'épargnant, plus élevé est le profil risque-rendement.

Les investisseurs institutionnels sont devenus des gardiens importants du patrimoine financier des ménages et des autres secteurs de l'économie . Avec l'introduction de doses de capitalisation dans les systèmes de retraite, cet aspect devient de plus en plus important. On peut donc s'interroger : jusqu'où les investisseurs institutionnels doivent-ils être responsables pour les pertes éventuelles en capital ? Quelle répartition du risque entre épargnant/investisseur et organisme gestionnaire des fonds. Comme on le verra par la suite, il y a des réponses diverses à cette question.

De ces remarques préliminaires on arrive a deux classifications des investisseurs institutionnels selon :

la diversité des stratégies de placement ou d'investissement ; ou autrement dit les différences de profils risque/rendement et,

la répartition du risque/rendement entre épargnant/investisseur final et l'organisme gestionnaire.

O LES ZINZINS SELON LA DIVERSITÉ DES STRATÉGIES DE PLACEMENTS ET LA RÉPARTITION DU RISQUE

§ LES ORGANISMES DE PLACEMENT COLLECTIF EN VALEURS MOBILIÈRES - OPCVM

Des activités de détaillant et de grossiste . Les organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) ou les fonds mutuels d'investissement sont des véhicules d'investissement qui visent principalement des investisseurs particuliers - petits ou grands - ou d'autres investisseurs institutionnels, compagnies d'assurance, banques etc. Une des fonctions de plus en plus importantes des fonds d'investissement et autres entreprises de gestion d'actifs est d'être des prestataires de services de gestion aux fonds de pension et assureurs via mandats. C'est le phénomène de ré-intermédiation.

Des offres variées. En termes de structure du secteur et de palette des produits, l'offre de ces véhicules d'investissement est vraiment variée. Au niveau international on peut distinguer entre trois catégories principales de fonds d'investissement ou OPCVM, les Sociétés d'investissement au capital variable (SICAV ; en anglais « open ended funds »), les Sociétés d'investissement au capital fixe (SICAF ; ang. « closed-end funds») et les « unit trusts ». Cette classification concerne plutôt les conditions de vente des parts des fonds que les stratégies d'investissement sous-jacentes 74 ( * ) . En France, et en Europe en général, les SICAV sont les fonds d'investissement prédominants (les SICAF et « unit trusts » sont plutôt présents aux Etats-Unis et au Royaume-Uni). Les fonds de fonds se répandent vite en Europe et aux Etats-Unis, et ils permettent de diversifier le « risque gérant », an allouant le capital entre plusieurs gestionnaires d'actifs. En Allemagne, les « Spezialfonds » sont ouverts uniquement à d'autres institutions financières contrairement aux autres fonds de fonds qui ciblent les particuliers et les autres zinzins.

Différents types de fonds. Les OPCVM peuvent se diviser en quatre catégories générales selon la caractéristique des placements :

les fonds du marché monétaire : ce sont des fonds qui sont principalement investis dans des titres de dette de court terme, c'est à dire avec une maturation de moins de douze mois. Les fonds du marché monétaire sont considérés comme parmi les moins risqués des OPCVM ;

les fonds actions, qui sont devenus très populaires au cours des années 1990. Ici, le profil risque/rendement est en général le plus élevé, mais aussi très varié selon les stratégies de placement. Par exemple pour les fonds dits de « croissance agressive » il y a une tendance vers les placements dans des catégories de titres à haute volatilité. On voit aussi des fonds qui sont concentré dans des secteurs économiques (fonds technologie) ou géographiques (fonds économies émergentes, asiatiques ou américaines). Une autre distinction peut se faire entre les fonds de gestion active, passive ou indexée (ces derniers étant construits afin d'être représentatifs du marché concerné en achetant un panier de sociétés identique à celui constitutif de l'indice du marché de référence) ;

les fonds obligataires sont des fonds investis dans des titres de dette (obligations) des entreprises ou, plus souvent des administrations publiques. Dans le dernier cas, en raison du moindre risque de faillite des emprunteurs, ce sont aussi des fonds moins risqués ;

les fonds mixtes, diversifiés ou hybrides, sont des fonds qui arbitrent entre titres du marché boursier (actions) et titres du marché obligataire ; ce sont des fonds à risque et rendement moyens.

Outre que les OPCVM mentionnés ci-dessus, on peut distinguer les fonds d'investissement en titres immobiliers ouverts au public ; ces fonds sont surtout présents en Allemagne.

Ils ont démocratisé l'accès aux marchés de capitaux et à la diversification de portefeuille Les avantages offerts par les fonds d'investissement collectifs sont notables par rapport à la détention directe des titres mobiliers par les ménages :

en mettant leur épargne en commun, les fonds disponibles sont augmentés et permettent une diversification plus grande. De cette façon, le risque individuel couru par les particuliers peut être réduit ;

les OPCVM offrent l'accès à une rentabilité des capitaux potentiellement élevée à des particuliers aux moyens financiers modestes et aux connaissances du marché peu développées. En d'autres termes elles permettent une démocratisation des pratiques financières en offrant l'accès aux marchés parfois fermés ou trop techniques pour des investisseurs individuels.

La « ré-ré-intermédiation » . D'une façon générale, les fonds mutuels sont devenus attractifs comme produit d'épargne grâce à leur coût limité et leur ticket d'entrée généralement faible. Ils sont également devenus le principal moyen par lequel les épargnants individuels investissent dans des titres mobiliers 75 ( * ) . A noter que les fonds de pension eux mêmes sont souvent des clients des fonds mutuels afin d'accéder à leur expertise dans la gestion de portefeuille. Il existe aussi des fonds de fonds visant à diversifier les risques. C'est à ce titre que l'on a parlé de « ré-ré intermédiation ».

* 73 institutions avec des buts plutôt spéculatifs.

* 74 Les SICAV s'apparentent à un marché « primaire » en miniature ; les capitaux des fonds sont variables et dépendent des entrées et sorties continues de souscriptions. Les fonds à capital fixe (SICAF) offrent un nombre d'actions du fond fixe qui sont négociées sur un marché « secondaire » : les ventes et achats ne font pas varier le capital du fond ; ce dernier dépend uniquement de la valeur des investissements sous jacents. Cela dit, les propriétés de ce type de fond est similaires au SICAV de au regard de ses implications économiques, même si les SICAF ne sont pas obligé de vendre des titres sous-jacents pour rembourser les souscripteurs. C'est le souscripteur qui doit trouver un acheteur comme si il devait se défaire d'une action détenue en direct.

* 75 On verra plus tard que dans les économies avancées, il y a un mouvement continu de vente des actions détenues en direct par les ménages au profit de placements dans des OPCVM.

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