LA GESTION DES TÂCHES ADMINISTRATIVES : DE NOMBREUSES HEURES PASSÉES PAR DES POLICIERS OU GENDARMES SUR UNE FONCTION POURTANT CONSIDÉRÉE COMME NON PRIORITAIRE

Les éléments observés sur le terrain

Une notion très floue mais omniprésente

La notion de tâches administratives est très floue mais systématiquement rappelée par les agents rencontrés. Plusieurs vocables sont utilisés : « travail de bureau », « paperasse », « travail de dossier »... Tous les interlocuteurs mentionnent cette activité qui revêt, en fait, plusieurs aspects :

§ réception et suivi des plaintes pour les services de la justice,

§ saisie de l'activité dans la Main Courante Informatique (MCI) ou dans BB 2000,

§ gestion des crédits, suivi des dépenses et du casernement,

§ renseignement de GEOPOL et gestion des ressources humaines,

§ renseignement et consultation des diverses bases sur la délinquance,

§ activité statistique,

§ gestion de la correspondance et travail de secrétariat en général,

§ gestion de l'immobilier en gendarmerie,

§ réception et suivi des transmissions radio et messagerie.

Dans l'ensemble de ces activités, deux groupes se dégagent :

§ les activités relatives au suivi des procédures,

§ les activités de pur support administratif (réception de la correspondance, suivi des ressources humaines, saisie statistique, gestion comptable ou immobilière).

Il s'agit ici de se prononcer uniquement sur le second groupe : l'activité de support administratif.

Une activité prise en charge par des gendarmes et des policiers

Actuellement, ces activités sont suivies aussi bien par des fonctionnaires de police et des gendarmes que par des agents administratifs. Au sein de la Police Nationale, le Bureau d'Ordre et d'Emploi est traditionnellement dirigé par un brigadier assisté de fonctionnaires de police et d'agents administratifs. Les raisons avancées sont multiples : « il faut connaître le métier pour gérer tout ça », « les collègues ont plus confiance en cas de problème », « les administratifs peuvent changer rapidement d'affectation ; ils ne connaissent pas l'histoire du commissariat », « il y a des informations confidentielles que les administratifs ne doivent pas connaître » .

Dans la gendarmerie, ces postes sont également quasi systématiquement occupés par des gendarmes. Le recours aux agents administratifs reste très rare dans les groupements et les échelons inférieurs de l'organisation de la gendarmerie, alors qu'il existe un corps de gendarmes de soutien technique et administratif.

Souvent - et paradoxalement -, dans les deux forces, l'affectation à ces postes correspond soit à une promotion - « il a beaucoup été sur le terrain, maintenant, il peut commander un BOE car il connaît toute l'activité et c'est le service central d'un commissariat » - soit à une obligation de « recaser » un agent interdit de port d'armes ou une femme enceinte (systématiquement dans ce cas-là).

Il existe pourtant des exemples où certaines de ces tâches sont prises en charge par un agent administratif.

Exemple : à la Préfecture de Police, l'Unité de Gestion Administrative et Logistique (UGAL) est désormais toujours dirigée par un attaché de police, fonctionnaire de catégorie A. Néanmoins, il est plus ou moins bien intégré dans les structures : s'il est effectivement le responsable du service dans un des commissariats visités, il est beaucoup moins associé dans un autre commissariat. De plus, les collaborateurs de ces responsables sont, pour la plupart d'entre eux, des fonctionnaires de police.

Exemple : dans un commissariat central, suite au départ en retraite d'un brigadier, le Bureau d'Ordre et d'Emploi est composé d'un seul agent, administratif. Après quelques mois, le Commandant n'a pas du tout ressenti une dégradation du travail fourni par ce service.

Exemple : selon un commandant de groupement, les télécommunications et l'informatique pourraient facilement être confiées à des personnels civils en raison de la haute technicité d'une activité qui nécessite une formation continue très soutenue.

Pour un commandant de compagnie rencontré, les personnels administratifs seraient très utiles jusque dans les compagnies, car les charges des groupes de commandement sont croissantes avec des compétences techniques elles-mêmes accrues : gestion des crédits, suivi des véhicules, munitions et affaires immobilières. Les documents qui parviennent de la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale, du Centre Administratif de la Gendarmerie Nationale et toutes les directives budgétaires nécessitent une lecture avisée, peu en rapport avec le principe de la « formation sur le tas » pratiquée en gendarmerie.

L'emploi à ces postes, qui requièrent souvent la maîtrise d'une spécialité, demande au policier ou au gendarme concerné un temps d'adaptation qui n'est d'ailleurs pas toujours rentabilisé dans la gendarmerie. C'est un cas fréquent pour les officiers dont la présence au poste est généralement de trois ans. Dans le cas des sous-officiers, leur emploi comme spécialistes, par exemple, n'est réalisé qu'après leur formation généraliste de gendarme, elle-même suivie d'une formation particulière à la spécialité retenue. Ajoutons pour terminer que certaines spécialités ne sont pas toujours retenues pour les postes ultérieurs des gendarmes qui, alors, doivent acquérir les réflexes et méthodes de leurs collègues des brigades.

Une activité en constante hausse

Il convient, par ailleurs, de noter que le support administratif prend de plus en plus de place en raison de l'accroissement des demandes d'information des différentes hiérarchies.

Exemple : un des responsables de la Direction Générale de la Gendarmerie Nationale estime que la gendarmerie est devenu le service public le plus chargé par les ministères et qu'elle effectue des activités qui l'écartent de la problématique de sécurité des biens et des personnes, notamment en matière administrative.

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