II. LES ATOUTS ET LES LIMITES INTERNES DE LA PUISSANCE INTERNATIONALE CHINOISE

A. UN OUTIL MILITAIRE EN MUTATION

1. L'armée populaire de libération (APL)

Issue de l'armée rouge destinée à lutter contre le Japon dans les années 30, l'APL est devenue une armée de guérilla pendant les années 40. Puis, pendant la guerre froide, est née l'idée que chaque Chinois devait savoir se défendre (« Le paysan-soldat »). Cette doctrine reposait sur le recours à de très nombreux effectifs, peu entraînés, et à une technologie assez rudimentaire (jusqu'à ce que la Chine se dote de l'arme nucléaire en 1964). Progressivement, le fossé technologique avec l'Occident comme le retard doctrinal et le manque de formation des troupes sont devenus évidents.

Aujourd'hui, la doctrine militaire chinoise repose sur des scénarios de guerres locales et limitées, sur l'utilisation de technologies de pointe et sur le développement de capacités de projection essentiellement aériennes et maritimes.

Le dernier livre blanc sur la défense nationale expose que « en tant que grand pays en développement, la Chine a devant elle une tâche ardue de modernisation qui demande de travailler avec ténacité dans la durée ».

Le but est de pouvoir compter sur des forces armées professionnalisées, bien formées, bien équipées et capables d'intervenir sur des théâtres extérieurs proches pour défendre les intérêts nationaux.

Aujourd'hui, l'APL, dont les effectifs sont passés de 5 500 000 à 2.300 000 6 ( * ) , repose sur quatre composants :

- l'armée de terre, pilier traditionnel des forces chinoises, compte 1,6 million d'hommes. Ses effectifs sont nombreux, mais sa formation et son équipement sont obsolètes. Elle a cependant développé ses capacités de projection et de combat aéroterrestre (création d'un corps de réaction rapide) ;

- l'armée de l'air a réduit ses effectifs et modernisé sa flotte. Sa mission est d'assurer la défense anti-aérienne au-dessus du territoire en liaison avec l'armée de terre, mais aussi de développer des capacités de projection sur un rayon d'action qui couvre Guam, l'Australie et l'Océan indien.

Elle s'oriente vers l'acquisition de drones et de systèmes de contre-mesure ;

- la marine compte entre 1 200 et 1 600 unités, mais ces chiffres doivent être relativisés compte tenu de la vétusté et du manque d'entraînement de la plupart des bâtiments.

Le plan de modernisation de l'APL bénéficie particulièrement à la marine et s'articule en trois phases :

• jusqu'en 2010, elle doit se mettre en mesure de faire face à un conflit avec Taïwan et en mer de Chine du sud ;

• de 2010 à 2020, elle doit développer ses capacités de projection pour pouvoir intervenir dans les îles proches (Kiuschi, Ryukyu, Taïwan, Philippines, Borneo) ;

• de 2020 à 2050, elle doit accéder au statut de puissance régionale dans toutes les mers du sud-est et le Pacifique Ouest.

A terme, la constitution d'une flotte de haute mer suppose l'acquisition de porte-avions.

- Le « second corps d'artillerie » est la composante nucléaire de l'APL. Il devrait acquérir vers 2010 des missiles d'une portée de 8 000 km et de 12 000 km. Il dispose de sous-marins nucléaires.

* 6 Le chiffre est toutefois difficile à estimer car une partie des effectifs est vraisemblablement passée dans les rangs des milices et forces de police.

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