III. UNE CHANCE ÉCONOMIQUE À SAISIR

Changer ou même infléchir fortement une architecture énergétique, c'est changer de monde économique.

Lorsque l'éclairage public à l'électricité a été introduit à New York en 1872, face à la filière dominante depuis un demi-siècle de l'éclairage au gaz, peu de gens pouvaient imaginer les conséquences économiques de ce geste. Non plus que les premiers acheteurs d'automobile ou les premiers « fous volants » ne pouvaient se représenter ce que les technologies balbutiantes qu'ils utilisaient allaient transformer l'économie mondiale.

La transition énergétique est une obligation mais c'est également une chance à saisir.

Et ce que nous imposent la raréfaction des ressources fossiles et la nécessité de lutter contre le changement climatique représente aussi une occasion de nous associer à ce que sera l'économie du 21 e siècle.

Encourager et promouvoir l'introduction de filières énergétiques de substitution à nos usages actuels est, dans un premier temps, très coûteux.

Par exemple, l'action menée par l'Allemagne depuis plus d'une décennie dans le domaine de l'isolation des bâtiments, de l'éolien, du photovoltaïque et des biocarburants correspond à une charge brute de l'ordre de cinq milliards d'euros annuels.

Mais, pour coûteuse qu'elle soit, cette action a à la fois créé 150 000 emplois permanents et surtout un réseau d'entreprises nouvelles qui, à chaque fois, figurent parmi les leaders mondiaux de secteurs d'avenir.

Au demeurant, les simulations effectuées par la MIES dans son rapport précité sur la réduction des émissions de CO 2 par un facteur 4 montrent qu'une marge de financement importante existe.

Ainsi, par rapport à la poursuite de la tendance actuelle d'ici 2050 qui impliquerait un quasi-doublement de la dépense énergétique française du fait de la poursuite de la croissance (de 74,8 milliards d'euros à 144,4 milliards d'euros), auquel il faudrait ajouter un surcoût dû au choc pétrolier de 239 milliards d'euros, la réussite de la politique de réduction d'un facteur 4 laisserait une marge de financement disponible de 187 milliards d'euros.

A terme, le coût de la transition énergétique s'autofinance très largement.

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Au terme de cette analyse des buts et des conditions de faisabilité de la transition énergétique, on peut avancer les observations suivantes :

1. Le défi de la transition énergétique est gigantesque puisqu'il s'agit de réduire fortement, en l'espace d'une génération, les 88 % d'énergies fossiles émettrices de CO 2 que la planète utilise.

2. Dans tous les domaines de cette utilisation de sources d'énergies primaires fossiles (production d'électricité, transports, résidentiel-tertiaire), la science et la technologie sont à même d'apporter des réponses .

3. Mais ces propositions de substitution à l'utilisation d'énergies fossiles sont à des stades de maturation technologiques et économiques différents.

4. Il est donc nécessaire d'encourager l'ensemble de ces filières alternatives , qu'elles soient immédiatement applicables, en voie accélérée d'application ou qu'elles représentent les solutions de l'après 2030.

5. En toute hypothèse, la transition énergétique est une obligation mais c'est aussi une chance à saisir . Car nous allons entrer, d'ici 2020-2030, dans un monde totalement nouveau avec des métiers et des secteurs économiques nouveaux dont il faut, dès maintenant, favoriser l'émergence.

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