3. Un verger en constante diminution

Selon les statistiques provenant du ministère de l'agriculture et de la pêche 5 ( * ) , la France comptait, en 2002, 26.300 exploitations possédant un verger « neuf espèces » 6 ( * ) , la surface moyenne par exploitation étant d'un peu plus de six hectares.

Ces chiffres reflètent une perte pour l'arboriculture, depuis 1997, de 13 % d'exploitants et de 6 % des surfaces. Cette baisse s'inscrit dans une tendance déjà ancienne, puisque les superficies de vergers ont diminué de 20 % depuis 1992. Toutes les espèces ne sont pas également touchées : poire, pêche, pomme et prune ont été les plus affectées, les deux premières espèces ayant perdu jusqu'à un tiers de leurs surfaces de verger en dix ans ; en revanche, les abricots et les fruits à coque ont été épargnés.

D'une façon générale, pour la plupart des espèces, les surfaces arrachées sont supérieures aux surfaces plantées. Ainsi, le taux de renouvellement des arbres étant insuffisant, le potentiel de production se réduit-il et les vergers perdent de leur compétitivité. Par exemple, la poire est aujourd'hui parvenue à un potentiel de production trop faible pour continuer à être rentable.

Cet amenuisement du verger touche toutes les grandes régions productrices, dans des proportions légèrement différentes toutefois. Ainsi, depuis 2003, les superficies consacrées à l'arboriculture sont en recul de 13 % en Rhône-Alpes, 20 % en Provence-Alpes-Côte d'azur (PACA) et 22 % en Languedoc-Roussillon.

Cette évolution est inquiétante par ses répercussions en matière :

- économique : les vergers soustraits à la production arboricole risquent d'être en partie laissés à l'abandon, l'absence de droits à paiements uniques (DPU) 7 ( * ) rendant difficile l'implantation de cultures alternatives ;

- sociale : une étude menée par le FNPF à l'automne 2005 anticipe une perte d'environ 16.500 emplois au niveau de la production. Du reste, les conséquences psychologiques désastreuses liées à l'abandon de leur exploitation par des producteurs surendettés et souvent jeunes, ont été soulignées à plusieurs reprises par les personnes auditionnées, certains exploitants allant jusqu'à la dépression, voire le suicide.

4. Un déficit extérieur ne cessant de croître

Alors qu'en 2004, le commerce extérieur des produits agricoles a dégagé un excédent de 1,7 milliard d'euros, la balance des échanges dans le secteur des fruits s'est soldée cette même année par un déficit de 1,3 milliard d'euros, selon les Douanes françaises. En effet, notre pays a importé 2,6 millions de tonnes de fruits frais, pour une valeur de 2,4 milliards d'euros, tandis qu'il n'en exportait que 1,2 million de tonnes, pour une valeur de 1,1 milliard d'euros.

Ce déficit est devenu quasi structurel et n'a cessé de s'aggraver ces dernières années. Ainsi, il n'était « que » de 0,7 milliard d'euros en 2000, soit deux fois moindre environ par rapport à celui de 2004. Il s'explique par la nécessité d'importer des fruits que nous sommes incapables de produire -du moins en quantités suffisantes- sur le territoire national (agrumes, fruits exotiques).

A cela s'est ajoutée, progressivement, l'importation de fruits cultivés sur notre territoire pour répondre à l'élargissement de la consommation en-dehors des périodes habituelles de production française. Ainsi, depuis 1990, les importations de fruits « métropolitains » 8 ( * ) ont largement progressé : les entrées de fraises ont plus que doublé, celles de prunes et de fruits rouges triplé, celles de pêche ont augmenté d'un tiers.

Un peu plus de 60 % des importations de fruits proviennent de quatre pays seulement : l'Espagne (qui, à elle seule, en fournit près de 40 %), la Côte d'Ivoire, l'Italie et l'Afrique du Sud.

* 5 Enquête réalisée tous les cinq ans par le Service central des enquêtes et études statistiques (SCEES) du ministère de l'agriculture et de la pêche sur la structure des vergers, en prenant pour unité statistique les exploitations agricoles ayant une surface en verger égale au moins à 30 ares.

* 6 Pomme, poire, pêche, pruneau, abricot, cerise, kiwi, noix et agrumes, soit l'essentiel du verger français.

* 7 Instaurés par la dernière révision de la PAC, en juin 2003, les DPU sont des aides découplées dont le nombre et la valeur sont établis pour chaque exploitation sur la base des surfaces et des aides directes perçues au cours de la période 2000, 2001, 2002, dite « période de référence ».

* 8 Fruits produits également sur le territoire français.

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