(b) La question de la logistique des soins et de la capacité des établissements de santé sur le territoire national

Les modélisations publiées par l'Institut de veille sanitaire, en France, en cas de grande pandémie grippale, selon un modèle basé sur l'absence d'intervention des pouvoirs publics, ont fait état d'une estimation de 9 à 20 millions de cas en France, de 500.000 à 1 million de personnes hospitalisées et de 90.000 à 220.000 morts .

Votre rapporteure spéciale ne peut que constater que les modélisations avancées par l'InVS tablent sur un nombre d'hospitalisations entre 50 et 100 fois supérieur aux capacités actuelles des établissements de santé en France .

En outre, il faut souligner qu'en cas de pandémie grippale, il n'est pas possible, au jour d'aujourd'hui, de prévoir quelle sera la sévérité des pathologies. Sans doute existera-t-il des cas banals et d'autres nécessitant des soins évolués. Les formes graves devraient toutefois être des formes respiratoires, c'est-à-dire des pneumologies virales ou bactériennes nécessitant une hospitalisation en pneumologie ou une admission en réanimation pneumologique. Le diagnostic positif et différentiel de ces maladies sera indispensable.

Dès lors, ainsi que l'a exprimé le professeur Jean-Philippe Derenne, chef du service de pneumologie à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, lors du colloque précité du 15 juin 2006, « face à un déferlement de malades tel que celui évalué par l'InVS, le risque est de voir les hôpitaux et la médecine de ville totalement dépassés ».

A cet égard, il a proposé de créer des structures intermédiaires localisées dans des locaux désaffectés et de « regrouper les soignants, sur une base géographique (...) afin de constituer un barrage au déferlement prévisible. Ces lieux auraient pour rôle de diagnostiquer, d'apporter des soins et de réguler le flux de malades. Cette organisation pose toutefois la question du plateau technique qui y sera disponible, de même que l'opportunité d'y prévoir des lits ainsi que des questions relatives à l'hygiène ou à la logistique ».

S'agissant de l'hôpital, des plans de séparation d'un secteur « grippé » et d'un secteur « non grippé » existent déjà. La création temporaire de lits de pneumologie et de réanimation pneumologique hors les murs est prévue, compte tenu des trop faibles capacités existantes. La création d'unités mobiles de pneumologues réanimateurs est également proposée, sachant que ceux-ci auraient un rôle de coordination des soins et de conseil. Mais cette éventualité pose des problèmes considérables de formation. Les questions de logistique, de sécurité et d'approvisionnement seront aussi majeures puisque au pic de l'épidémie, on estime que 400 à 800 malades par jour pourraient attendre aux portes de l'hôpital .

Compte tenu de l'engorgement actuel des services d'urgence hospitaliers, votre rapporteure spéciale s'interroge sur la capacité de ces services à faire face à une situation pandémique. En outre, elle constate que l'inégale répartition des capacités hospitalières sur le territoire national, en zones rurales et dans certaines zones périurbaines notamment, constitue également une source d'inquiétude et marque une réelle faiblesse du dispositif en cas d'épidémie grippale de grande ampleur .

Du point de vue logistique, s'il existe des stocks, ceux-ci doivent pouvoir circuler et atteindre, en temps voulu, les lieux où ils seront sollicités. Il conviendra aussi de réguler l'occupation des lits hospitaliers.

La question de la répartition des soignants et des bénévoles (qu'il faudra former) se posera avec une acuité évidente.

Enfin, il faudra bien sûr assurer le transport, la sécurité et les approvisionnements des produits nécessaires.

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