D. TROUVER UN JUSTE ÉQUILIBRE ENTRE L'ENSEIGNEMENT DE LA GESTION ET CELUI DU MANAGEMENT

1. La gestion et le management : deux notions distinctes

La gestion ne se confond pas avec le management. Alors que les notions de gestion et de management sont souvent utilisées de manière indifférenciée, elles recouvrent en réalité des approches et des contenus distincts.

La gestion renvoie à la recherche de l'adéquation entre les ressources et les objectifs fixés, via l'optimisation de ces ressources . Elle correspond à des disciplines telles que le contrôle de gestion, la comptabilité (publique ou privée), la gestion des ressources humaines ou encore le suivi statistique de l'activité. Son enseignement passe par l'apprentissage de techniques et de savoir-faire spécifiques.

Le management, pour sa part, traite de la dynamique de l'organisation et ne peut s'entendre, la plupart du temps, sans une réflexion stratégique sur les objectifs poursuivis. Il s'appuie sur les qualités des hommes et des femmes qui donnent vie à cette stratégie : leur leadership, leur capacité à encadrer une équipe, leur sens de l'écoute, leur faculté de décision et d'adaptation, leur comportement en situation de risque... Centré sur l'individu, son enseignement vise à développer autant des savoir-faire que des savoir-être.

En définitive, la complémentarité est totale entre la gestion et le management : « la première donne les clefs techniques, tandis que le second met en capacité de tourner ces clefs dans le bon sens ».

2. L'importance de la formation au management

Votre rapporteur spécial considère que la distinction entre la gestion et le management n'est pas suffisamment clairement établie dans les formations de l'ENM, surtout, et de l'ENG, à un degré moindre .

Dans le programme de formation continue de l'ENM pour 2006, il n'est opéré aucune différence entre les modules offerts relevant plutôt de la gestion ou plutôt du management. Dans celui de l'ENG, un groupe de modules apparaît sous le vocable « Manager ». En revanche, les modules traitant de problématiques de gestion sont éparpillés au sein de plusieurs groupes thématiques différents. Ainsi, la formation « Immobilier judiciaire » est incorporée dans le thème « Connaître son environnement », l'enseignement sur la « Régie » et celle sur « GIBUS, initiation version LOLF » sont rattachées au thème « Développer ses connaissances », tandis que les thèmes « Gérer les ressources humaines » et « Maîtriser la dépense publique » regroupent les autres modules relatifs à la gestion.

La formation à la gestion des magistrats et des greffiers en chef tend, jusqu'à présent, à privilégier la gestion stricto sensu au management .

Cette tendance de fond pré-existait à la LOLF, mais elle a été accentuée du fait de la mise en oeuvre de cette réforme. L'assimilation de la nouvelle architecture budgétaire, des nouvelles règles et, tout particulièrement, des nouvelles contraintes en matière de frais de justice (qui passent de crédits évaluatifs à des crédits limitatifs) a été, à juste titre, considérée comme une priorité.

La dimension managériale de la gestion du service public de la justice est, pourtant, elle aussi essentielle au bon fonctionnement de l'institution judiciaire . Cette préoccupation n'est, certes, pas majeure dans le cas de la formation initiale, les élèves de l'ENM et de l'ENG devant avant tout maîtriser les connaissances de base qui leur permettront d'aborder sereinement leurs premiers postes. Elle devient, cependant, plus prégnante à mesure que les magistrats et les greffiers en chef avancent en ancienneté et prennent des responsabilités d'encadrement dans leurs juridictions.

A ce jour, la principale formation continue intégrant la dimension proprement managériale du fonctionnement d'une juridiction correspond au « Plan de formation des cadres » (cf. supra, partie II-A-1). Réservé aux chefs de juridiction et aux chefs de greffes, ce plan comporte des séances spécifiquement dédiées au management, autour desquelles sont abordés les thèmes de l'adaptation du management à la culture publique française, de la place et du rôle des principaux acteurs des juridictions, de la mobilisation et de la motivation des collaborateurs, et de la conduite du changement.

Votre rapporteur spécial juge utile un rééquilibrage de la formation à la gestion en faveur de la dimension managériale de la gestion des juridictions . Face aux nouveaux défis que doit relever la justice, au premier rang desquels figure la réussite de la LOLF, il considère, en effet, que l'une des clefs de succès réside dans la capacité des magistrats et des greffiers en chef, en particulier ceux exerçant des fonctions d'encadrement et de direction, à s'impliquer, à imaginer et à mobiliser les équipes autour d'objectifs communs. Cette capacité, quand elle n'est pas innée, peut en tout cas se cultiver. Tel doit être l'une des ambitions de la formation à la gestion de ces personnels de la justice.

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