5. Système global et sous-sytèmes sont « sous tension »

Par images successives, nous avons approché la description du système alimentaire d'une part et, d'autre part, nous avons maintenant une idée de ses processus de fonctionnement. Nous « touchons » sa représentation et nous sommes prêts à admettre qu'il invente ses propres transformations pour continuer à être viable. Des zones sensibles apparaissent, où se perçoivent des évolutions que l'on ne peut prédire mais qui peuvent être approchées par des scénarios vraisemblables. Aucun d'entre eux ne se produira exactement comme imaginé ; cependant le simple effort de construction mentale nécessité pour construire les scénarios prépare à l'action. Et celle-ci a plus de chances de se révéler pertinente face aux modifications effectives qui surviendront.

Certains domaines apparaissent comme critiques. Il est clair que le sous-système « agrofourniture » est particulièrement concerné par les aspects environnementaux : agriculture « chimique », pesticides, OGM, etc. Le modèle de production agricole lui-même est interpellé : l'agriculture productiviste est-elle durable et les agriculteurs peuvent-ils en retirer des revenus corrects ? Bien entendu, ces questions sont formulées au niveau national et européen le plus souvent ; elles le sont plus rarement au niveau « systémique » planétaire, principalement parce que cela n'est pas facile à concevoir. Pourtant, une réponse est exigée, car des forces partisanes sont à l'ouvrage. La sécurité alimentaire préoccupe les transformateurs (artisans et industriels) aussi bien que les détaillants, quels que soient leurs formats : hypers, supers, supérettes, hard-discounters, artisans indépendants et opérateurs des circuits courts de commercialisation des produits agricoles et alimentaires. Les consommateurs, par ailleurs contribuables, s'inquiètent pour leur santé, ainsi, par conséquent, que les pouvoirs publics. Ils s'inquiètent de la pérennité de leur patrimoine culinaire ou s'alarment de l'uniformisation des produits alimentaires.

Bref, c'est un vrai débat de société qui prend corps, et donc un débat politique qui s'établit. Il s'initie, pour chacun, dans sa sphère locale et se perd rapidement dans des considérations « globales » qui échappent à presque tous. Personne ne peut cependant s'extraire de cette problématique. C'est à la fois un problème très intime (quel risque ai-je à ingérer tel aliment ? Et dans les cas les plus désespérés : comment me procurer de la nourriture ?) et un problème collectif (même le producteur agricole se nourrit d'aliments venus d'ailleurs que de chez lui !).

Le système alimentaire français, le système alimentaire européen, le système alimentaire mondial sont inter-reliés. Et ils sont tous soumis à la tension des rapports qui lient la pression démographique -que les hommes génèrent eux-mêmes- à la disponibilité et au renouvellement des ressources dont ils ont besoin pour vivre. Pour vivre bien ou pour survivre.

La France suivra-t-elle les Etats-Unis ?

Le mode de consommation occidental peut-il être généralisé au niveau mondial ?

Quel est le pouvoir du consommateur final ? Celui de chacun des acteurs cités ? Celui des Etats ?

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