b) Accroître l'efficience du système de santé

Selon un rapport de la Banque mondiale 1 ( * ) , le système argentin est inéquitable, inefficace et dispose de mécanismes de régulation trop faibles ; trois handicaps qui doivent être surmontés pour construire un système de santé adapté aux besoins de la population.

L'inégalité du système est caractérisée par son incapacité à garantir l'accès aux soins pour les populations qui ne disposent pas de couverture sociale, d'une part, et par l'existence de disparités territoriales en matière d'offre de soins, d'autre part.

L'inefficacité du système peut être jugée selon différents critères. On observe d'abord une mauvaise optimisation du système provoquée par le nombre important d'opérateurs et l'absence d'une politique de péréquation de leurs prestations, y compris dans le respect des obligations légales comme celles relatives au panier de biens et services.

Cette inefficacité est également constatée dans l'accès aux soins, dont plusieurs responsables politiques locaux ou directeurs d'établissements se sont fait l'écho sur les défaillances du fonctionnement des établissements de santé.

Deux exemples retiennent particulièrement l'attention des autorités publiques. Le premier est relatif aux horaires d'ouverture des établissements. Ces structures accueillent du public dans un créneau horaire très restreint (essentiellement dans la journée, entre huit et quatorze heures) : les autorités sanitaires souhaitent élargir cette amplitude horaire afin d'améliorer l'accueil du public. Le second concerne le fonctionnement de l'appareillage médical. Les établissements disposent d'un équipement moderne, souvent fourni grâce à l'aide internationale, mais pas toujours des moyens humains ou de l'environnement indispensables pour son bon fonctionnement.

La question du management des établissements de santé est considérée comme centrale pour réduire les inégalités d'accès aux soins et optimiser la prise en charge des patients.

La troisième critique émise par la Banque mondiale se rapporte à la relative fragilité du système en matière de régulation du système d'assurance maladie. Cette remarque est justifiée par le fait de l'absence de normes s'appliquant à l'ensemble des opérateurs du secteur de l'assurance maladie, qu'il s'agisse de prestations minimales à délivrer ou de la liberté laissée aux assurés de changer d'opérateur. Les structures régionales sont encore à l'écart des normes établies pour les obras sociales nationales. Toutefois, les réformes entreprises dans la deuxième moitié des années quatre-vingt-dix, dont l'application a été retardée en raison de la crise, sont autant de pas dans la direction d'une harmonisation du système et d'une meilleure régulation.

Le jugement de la Banque mondiale fait donc l'objet d'un certain consensus auprès des autorités argentines et des experts. Plusieurs pistes d'optimisation sont évoquées et pourraient voir le jour prochainement.

Les premières sont pragmatiques : elles consistent à poursuivre le processus d'harmonisation du système d'assurance maladie en étendant certaines de ces contraintes aux régimes régionaux ou encore à mettre en place des mécanismes de péréquation entre les différentes catégories d'obras sociales afin de leur permettre de mieux faire face à leurs obligations. De telles évolutions s'inscriraient logiquement dans le processus de réforme engagé au milieu des années quatre-vingt-dix.

Des réformes plus ambitieuses sont évoquées, comme la création d'un service d'assurance publique provinciale qui permettrait de garantir aux plus nécessiteux un accès à des soins garantis, par exemple pour la population maternelle et infantile. Une telle réforme nécessiterait une participation financière du gouvernement fédéral.

* 1 El Sector Salud Argentino : Situacion Actual y Opciones para Mejorar su Desempeno, Documento del Banco Mundial, Reporte n° 26144-AR, Julio de 2003.

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