I - MISSION EN AFRIQUE AUSTRALE - JUILLET 2006
PREMIÈRE PARTIE - MADAGASCAR

Principales données socio-économiques en 2005

Population (estimation 2005)

18 millions

Superficie

587.040 km2

PIB / habitant (estimation 2005)

290 $

Taux de croissance démographique (2005)

3 %

Espérance de vie (2005)

Femmes 59,4 ans

Hommes 54,6 ans

Indice de développement humain (PNUD 2004)

150 e sur 177 pays

Taux de croissance économique (2005)

4,6 %

Taux d'inflation (2005)

15 %

Solde exportations / importations françaises

- 58 millions d'euros

Communauté française

19.508 immatriculés dont 52 % de binationaux.

4.500 non enregistrés

APD française (PLF 2007)

88 millions €

Source : ministère des affaires étrangères

I. ÉLEMENTS DE CONTEXTE ÉCONOMIQUE

A. UN DES PAYS LES PLUS PAUVRES ET LES PLUS AIDÉS DU MONDE

Avec un PIB par habitant de 290 dollars en 2005, Madagascar compte parmi les 30 pays les plus pauvres du monde. Après une longue période au cours de laquelle la croissance économique est restée inférieure à la croissance démographique (2,8 % par en moyenne sur 20 ans), et dont les relations avec la France ont fait les frais, la reprise amorcée à la fin des années 80 a été interrompue par la crise politique de 1991. Le PIB par habitant a atteint son plus bas niveau historique en 1996.

Les évènements de 2002 ont à nouveau donné un coup d'arrêt à l'embellie des années 1997-2001 (croissance moyenne de 4,5 % par an), qui avait été favorisée par une reprise des investissements publics, le développement des exportations de la zone franche (le textile devenant le premier secteur d'exportation) et une meilleure gestion des grands équilibres budgétaires. La crise politique qui a secoué le pays en 2002, après l'élection de Marc Ravalomanana en décembre 2001 (puis son investiture tardive le 6 mai 2002), a eu de lourdes conséquences économiques , financières et sociales (récession économique de - 12 %).

Le soutien des bailleurs internationaux à de grands programmes d'investissement public a permis de renouer avec une forte croissance (9,3 %) en 2003, tirée par les secteurs du BTP, du tourisme et des industries de la zone franche. Des mesures de détaxation prises en août 2003, qui visaient à relancer la consommation et l'investissement, ont précipité la dépréciation de 50 % du franc malgache au premier semestre 2004 et un retour de l'inflation (27 %). Les mesures anti-inflationnistes ont pesé sur la croissance, qui a néanmoins atteint 5,3 % en 2004.

En termes d'indice de développement humain, Madagascar était relégué au 150 e rang sur 177 pays classés en 2004. Avec un taux d'analphabétisme de 47 % de la population et une espérance de vie à la naissance de 53 ans, ce pays figure parmi les pays les moins avancés (PMA) et est parfois présenté comme un pays « féodal », où les habitants se révèlent meilleurs individuellement que collectivement. La population est rurale à 80 % et 85 % des pauvres appartiennent au monde rural . Selon les démographes, l'équilibre entre urbains et ruraux, nécessaire à une amélioration des revenus dans les campagnes et à l'amorce de la transition démographique, ne serait atteint que vers 2030.

Marc Ravalomanana, réélu dès le premier tour le 3 décembre 2006 avec près de 55 % des voix, a incarné une dynamique de changement durant son premier mandat et a imposé une nouvelle pratique politique à Madagascar, en formant un gouvernement de technocrates, en prenant régulièrement l'initiative et en regagnant la confiance des bailleurs de fonds (cf. infra ). La fin de son premier mandat a toutefois été marquée par des difficultés économiques et un certain raidissement politique , ce qui a alimenté les contestations sur sa réélection. Sur le plan bilatéral, Madagascar a renoué des relations denses avec la France 2 ( * ) , perçue comme un partenaire incontournable, après avoir affiché sa volonté de se tourner vers d'autres partenaires, en particulier dans un cadre régional.

Une stratégie de réduction de la pauvreté (DSRP) a été définie en juillet 2003 . Elle repose sur la restauration de l'Etat de droit et l'amélioration de la gouvernance, une croissance économique à base sociale élargie, et la promotion des systèmes de sécurisation humaine et sociale. Ce DSRP devait être remplacé à compter du 1 er janvier 2007 par le « Plan d'action pour Madagascar » (MAP), fixant les orientations de la politique économique pour la période 2007-2011 et servant de référence aux programmes des bailleurs. Le contenu alors projeté de ce plan illustrait toutefois que tout est à construire à Madagascar 3 ( * ) .

Le point d'achèvement de l'Initiative pour les pays pauvres très endettés (PPTE), atteint le 21 octobre 2004, a permis au gouvernement d'obtenir un aménagement conséquent de la dette publique à l'égard des institutions financières internationales et du Club de Paris.

Un montant nominal de créances de 1,9 milliard de dollars (essentiellement à l'égard de la Banque mondiale), soit plus de 40 % de la dette publique, a ainsi été effacé. Le Club de Paris a en outre décidé, le 16 novembre 2004, d'annuler 752 millions de dollars supplémentaires, auxquels se sont ajoutés 699 millions de dollars à titre bilatéral et volontaire 4 ( * ) . La France, pour sa part, a annulé toutes ses créances commerciales (459 millions de dollars) et la quasi-totalité de ses créances d'APD (53,2 millions d'euros). Un premier contrat de désendettement-développement (C2D, cf. infra ), sous la forme d'une aide budgétaire non affectée , a été signé le 25 février 2005 pour un montant de 22,84 millions d'euros jusqu'au 31 décembre 2007.

* 2 Malgré quelques contentieux, en particulier sur les Iles Eparses et la question des exilés du gouvernement de l'ex-président Ratsiraka.

* 3 A la date de la mission de votre rapporteur spécial, le MAP devrait être adopté en septembre 2006 et s'articuler autour des huit « engagements » suivants : bonne gouvernance, transformation de l'éducation, santé et planning familial, infrastructures, développement rural, économie et secteur privé, environnement, solidarité nationale.

* 4 Soit un total de 1,45 milliard de dollars, représentant 92 % des créances du Club de Paris.

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