C. UN SOUTIEN RENOUVELÉ AUX PAYS LES PLUS PAUVRES

1. Une situation sanitaire inquiétante

La vaccination représente un enjeu de développement économique et sanitaire majeur pour les pays en voie de développement. Pourtant, le taux de couverture vaccinale s'y détériore progressivement depuis le début des années quatre-vingt-dix, en raison de l'arrêt des grandes campagnes de vaccination et de l'augmentation du prix des vaccins due aux nouvelles techniques de production et à la multiplication des normes de qualité.

Aujourd'hui, le coût de la vaccination dans les pays en voie de développement s'élève à vingt-cinq dollars par habitant, soit près de cinq fois plus que le budget qui y est consacré à la santé. De fait, trente-sept millions d'enfants ne sont pas vaccinés , notamment en Afrique subsaharienne et en Asie du sud. Chaque année, plus de trois millions d'enfants décèdent de maladies contre lesquelles il existe des vaccins efficaces.

L'objectif premier, pour ces pays, est donc d'accéder aux vaccins existants. Mais ils sont également demandeurs de nouveaux vaccins, qui ne constituent pas toujours une priorité pour les équipes de chercheurs qui privilégient les demandes, plus rentables, soutenues par les pays occidentaux.

Or, les pays en développement sont confrontés à des épidémies contre lesquelles aucun vaccin n'est actuellement disponible , comme le paludisme (un à deux millions de morts par an, 2 % à 4 % de perte de produit intérieur brut) et le Sida (2,2 millions de morts et une diminution de dix ans de l'espérance de vie en Afrique), ainsi qu'à des virus émergents (Sras, grippe aviaire).

2. De nouvelles modalités de financement

Pour aider ces territoires, le soutien financier des pays développés - soit 80 milliards de dollars chaque année - peut être bilatéral (Etats, agence et banque de développement) ou multilatéral (banque mondiale, fonds monétaire international, organisation mondiale de la santé, etc.).

Si cette aide publique augmente en valeur absolue, elle est de plus en plus sélective dans le choix des programmes financés et, de fait, presque exclusivement consacrée aux situations d'urgence. En outre, elle est très insuffisamment orientée vers les dépenses de santé stricto sensu (6 à 7 milliards de dollars seulement).

Cette évolution explique la part croissante de l'aide privée en provenance du secteur commercial (banques, industries pharmaceutiques) et non commercial (organisations non gouvernementales, fondations, dons des ménages).

Toutefois, il convient de ne pas opposer aide publique et financement privé et de réfléchir à une solidarité « mixte ».

L'alliance GAVI ( global alliance for vaccines and immunisation ), dont l'objet est de favoriser l'accès des enfants aux vaccins dans les pays dont le produit intérieur brut par habitant est inférieur à mille dollars, constitue ainsi une solution originale de partenariat public-privé . Elle rassemble des gouvernements (dont la France), des organismes internationaux (Unicef, OMS, banque mondiale), la fondation Bill & Melinda Gates et les industriels du vaccin. Avec un budget de 4 milliards de dollars sur dix ans (2000-2010), son objectif est de permettre la vaccination de cinq cents millions d'enfants, en agissant sur le prix des vaccins et les quantités disponibles, et en organisant des campagnes de vaccination.

Aux côtés de ces actions de « rattrapage », c'est aussi l'avenir de la politique vaccinale de ces pays qui doit être préparé au travers d'un effort de la recherche institutionnelle et privée pour les vaccins à faible rentabilité qui intéressent quasi exclusivement les pays pauvres.

Dès lors que le vaccin existe, le prix doit aussi être abordable, en retenant des options plus économiques de fabrication et en favorisant le développement de la production locale grâce aux transferts de technologies.

Enfin, les pays développés doivent se doter des moyens de racheter aux industriels certains brevets relatifs aux vaccins qui touchent les populations les plus pauvres , via des fonds d'investissement notamment, afin de développer ces produits et de les vendre, sans perte ni bénéfice, aux pays émergents.

La politique traditionnelle d'aide au développement de la France doit l'aider à défendre ses positions au sein des instances internationales, auprès de ses équipes de recherche publique et des industriels du vaccin.

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La politique vaccinale de la France est le fruit d'une longue tradition, qui a favorisé, depuis le XIX e siècle, la recherche et la production de vaccins. Elle s'est appuyée sur un marché national dynamique favorisé par l'application d'un calendrier vaccinal strict et par le remboursement au patient des produits les plus utiles à la santé publique.

Ce système montre aujourd'hui ses limites. De fait, le taux de vaccination des adultes est insuffisant et une partie des professionnels de santé n'est plus convaincue du bienfait des vaccins.

La politique vaccinale doit donc trouver un second souffle en mobilisant les professionnels de santé, les autorités sanitaires, les industriels et la population dans son ensemble autour d'un projet commun : améliorer la couverture vaccinale des Français, assurer l'avenir de la recherche et de la production nationales dans ce domaine et participer activement aux politiques sanitaires à destination des pays les plus pauvres.

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