II. LE RETOUR DE LA RUSSIE SUR LA SCÈNE INTERNATIONALE

Sous la présidence de Vladimir Poutine, la Russie a effectué un retour marqué sur la scène internationale. En sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies, la Russie est fortement impliqué dans la plupart des dossiers internationaux, qu'il s'agisse des Balkans, du Proche Orient ou encore de l'Iran. Elle a également renforcé sensiblement son influence dans les pays de son « étranger proche », qui restent la première priorité de sa politique étrangère, en particulier grâce à l'arme énergétique.

Alors que la Russie avait amorcé un rapprochement avec les Etats-Unis après les attaques terroristes du 11 septembre 2001, la multiplication des différends entre Moscou et Washington, notamment depuis l'intervention militaire américaine en Irak, a entraîné un net raidissement de la part des autorités russes, et une réorientation de sa politique étrangère vers l'Asie, et en particulier en direction de la Chine, avec laquelle elle entretient aujourd'hui une coopération étroite, notamment en matière énergétique et militaire.

Le discours de Vladimir Poutine prononcé à la conférence de Munich le 10 février 2007 a constitué le point d'orgue d'une Russie sûre d'elle même, qui renoue avec un sentiment de puissance.

A. UNE GRANDE PUISSANCE AUX MOYENS LIMITÉS

1. Un statut de grande puissance amoindri mais réel

Bien qu'en pratique, sa politique extérieure semble désormais dictée par deux priorités - la défense de ses intérêts économiques et le maintien dans son orbite des Etats issus de l'Union soviétique - la Russie entend préserver, avec des moyens économiques et militaires limités, son statut de puissance mondiale.

Ce statut provient en premier lieu de sa qualité de membre permanent du Conseil de sécurité des Nations Unies qui lui permet d'aborder tous les grands dossiers de politique internationale et d'être associé à leur règlement. C'est le cas, par exemple, pour le conflit israélo-palestinien, dans lequel elle est impliquée comme membre du « Quartette », pour le règlement de la question iranienne, mais également pour un grand nombre de crises régionales dans lesquelles sa diplomatie est engagée, que se soit en Asie, au Moyen-Orient ou dans les Balkans.

La défense de l'autorité des Nations Unies dans la prévention et la gestion des conflits constitue un axe primordial de la politique étrangère de la Russie, moins par attachement conceptuel au multilatéralisme, que parce qu'elle y voit le moyen de limiter les possibilités d'action unilatérale des Etats-Unis.

La crise irakienne a été l'occasion de réaffirmer son opposition à une opération militaire entreprise sans l'aval du Conseil de sécurité, même si l'on a pu remarquer qu'elle a tardé à dévoiler sa position, semblant vouloir laisser l'initiative, et donc la gestion de l'affrontement avec les États-Unis, à d'autres membres du Conseil et singulièrement à la France.

Pour un pays comme la Russie, très attaché à sa souveraineté et plus que réticent à l'idée de supranationalité, assimilée à celle d'ingérence étrangère, le soutien aux institutions multilatérales apparaît comme choix tactique, visant à éviter le risque d'isolement et à préserver ou renforcer son influence. Cela est vrai des Nations Unies, mais l'action diplomatique de Vladimir Poutine s'est orientée en direction de bien d'autres enceintes internationales, comme l'Organisation Mondiale du Commerce (OMC) où la Russie souhaite entrer, ou des groupes plus restreints de pays, comme le G8, dont elle a assuré la présidence en 2006.

Enfin la Russie joue un rôle majeur dans deux organisations régionales importantes pour sa sécurité et ses intérêts : la Communauté des Etats indépendants (CEI) et l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS), où elle traite avec l'Ouzbékistan, le Kazakhstan, le Kirghiztan, le Tadjikistan et la Chine des questions communes de sécurité, notamment la surveillance des frontières et la lutte contre le terrorisme.

Les questions stratégiques et de contrôle des armements constituent l'autre levier permettant à la Russie d'affirmer son rôle mondial, en discutant d'égal à égal avec les Etats-Unis. Elle conserve un arsenal nucléaire conséquent, comportant environ 5.000 têtes nucléaires stratégiques et sans doute environ 3.000 têtes nucléaires tactiques en condition opérationnelle. En dépit des difficultés liées à la maintenance des forces nucléaires et à leur modernisation, la situation des armes nucléaires russes reste une question majeure pour la sécurité mondiale.

Toutefois, la parité avec les Etats-Unis procurée par ce dialogue stratégique est plus apparente que réelle. Après plusieurs mois de négociations avec l'administration Clinton au sujet d'une révision du traité ABM (Anti-Ballistic Missile Treaty) afin de la rendre compatible avec les projets américains de défense antimissiles, la Russie n'a pu que prendre acte du retrait unilatéral de ce traité décidé par l'administration Bush. De même, la réduction parallèle des arsenaux russes et américains prévue par le traité de Moscou de mai 2002 n'a pas résulté d'une réelle négociation entre les deux puissances, puisqu'elle ne faisait qu'entériner des décisions déjà annoncées par les Etats-Unis dans leur Nuclear Posture Review de janvier 2002. Dans ce contexte, l'arrivée à expiration du traité START 1, le 5 décembre 2009, suscite des inquiétudes de la part de la Russie, qui souhaite sa prorogation, mais dont les Etats-Unis pourraient s'accommoder de l'expiration.

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