B. UNE DEMANDE CROISSANTE D'ÉVALUATION

Les classements nationaux et internationaux d'universités constituent des tentatives d'évaluation ciblée, n'appréhendant pas de façon exhaustive l'ensemble des enjeux auxquels l'enseignement supérieur est confronté.

Avant d'en aborder l'examen, il convient de présenter de façon plus générale la problématique de l'évaluation universitaire , qui s'est considérablement développée au cours des dernières années, traduisant la volonté, de la part des pouvoirs publics, de réguler de façon croissante la sphère universitaire.

1. Un mouvement international

Depuis une dizaine d'années, la qualité de l'enseignement supérieur est devenue une préoccupation constante des pouvoirs publics dans de nombreux pays. En Europe, cette préoccupation s'est inscrite dans le cadre du processus de Bologne.

a) Qu'est-ce que la qualité dans l'enseignement supérieur ?

L'objectif de qualité, en apparence consensuel, pose en réalité de nombreuses questions théoriques et pratiques :

- des questions théoriques, pour définir le contenu de la notion de « qualité » ;

- des questions pratiques, pour « quantifier » la qualité par des indicateurs, compte tenu des limites inhérentes à ce type d'exercice.

Les difficultés tiennent notamment à la multiplicité des objectifs de l'enseignement supérieur et au dilemme déjà évoqué entre « élargissement » (à de nouveaux publics) et « approfondissement » (dans l'optique d'améliorer la compétitivité de l'économie). Les contradictions de l'enseignement supérieur peuvent être résumées de la façon suivante :

« La perception de ce qu'est un enseignement ou une recherche de qualité varie en fonction des groupes concernés. Les besoins des étudiants peuvent être partiellement en contradiction avec les priorités des enseignants, qui elles-mêmes ne recouvrent pas nécessairement les besoins de l'institution ou des milieux professionnels. » 18 ( * )

Dans ces conditions, d'après Dejean, J. (2007), il existe deux grands types d'approches de la qualité :

- une conception centrée sur les ressources et les processus de réalisation de l'enseignement, dans l'esprit des normes ISO 9000 qui ne sont pas des normes de produits mais de processus et établissent donc des obligations de moyens plutôt que de résultats ;

- une conception centrée sur les résultats , se référant soit à la satisfaction des « clients », soit à l'efficacité et à l'efficience économique, soit enfin à l'équité.

* 18 Burla, S. (2005), La qualité comme processus de régulation de tensions : l'approche de l'Université de Lausanne, Actes du 24ème congrès de l'AIPU, Genève, cité par Dejean, J « Les démarches qualité dans l'enseignement supérieur, entre évaluation et contrôle » in Heldenbergh, A.(dir.) Les démarches qualité dans l'enseignement supérieur en Europe, L'Harmattan (2007).

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